Ce qui nous lie : racines, vignes et famille selon Klapisch

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Cet article vous avait peut-être échappé. Nous vous proposons de le lire ou de le relire.
Cet article a été publié le 24/06/2017.

À l'occasion de l'été, BV vous propose de redécouvrir des films mis en avant lors de leur sortie au cinéma. Aujourd'hui, BV vous invite à voir ou revoir Ce qui nous lie, une comédie dramatique sur les relations familiales et le retour à nos racines.

Parti fonder un foyer en Australie avec femme et enfant, Jean, la trentaine, revient temporairement sur sa terre natale de Bourgogne, après dix ans d’absence, pour assister son père mourant et reprendre avec son frère et sa sœur le vignoble familial. Déraciné depuis longtemps, ne s’étant jamais senti concerné par les affaires de famille, Jean apprendra à mettre la main à la pâte et à soutenir ses proches au moment où l’avenir du domaine – en proie aux soucis financiers dus aux droits de succession – demeure incertain.

Après l’éloge de la libre circulation des hommes avec la trilogie L’Auberge espagnole (lire notre article sur le troisième volet, Casse-tête chinois) et la critique paradoxale de la finance mondialisée avec Ma part du gâteau, Cédric Klapisch avance timidement la possibilité d’un retour aux sources à travers Ce qui nous lie.

Comme à son habitude, le cinéaste s’adonne à son penchant pour le film choral et nous propose, dans le cas présent, un récit de vignoble dans la veine des récents Premiers Crus, de Jérôme Le Maire, et Tu seras mon fils, de Gilles Legrand. Un sous-genre qui a pour vertu de mettre en valeur nos terroirs et de plaider, comme il se doit, pour la transmission des savoirs.

On ne s’étonnera donc pas des propos condescendants de L’Humanité qui, à propos du film, évoque ses odeurs « de renfermé » ; ou bien de ceux de Libération, qui félicite Klapisch d’avoir su (heureusement !) esquiver « toute élégie rance »

Les attaques de L’Humanité sont d’autant moins justifiées que le cinéaste – et on peut le déplorer – acquiesce en permanence à la modernité. Il cherche à tout prix, par son récit, à sauver la mondialisation (la famille australienne que Jean souhaite préserver) à condition, tout de même, dit Klapisch, de ne pas mettre à mal les obligations filiales ni de détruire ce qu’ont bâti les anciens, à savoir un pied-à-terre en Bourgogne, des racines, et le vignoble qui va avec. C’est tout juste si la maison du père aura droit à quelques travaux minimes de rénovation à mi-parcours du film. Comprendre par là que les divers aménagements de la modernité, et le droit d’inventaire qu’elle implique inévitablement, ne sauraient cautionner le démantèlement de ce qui nous a été donné par les générations précédentes.

Préserver l’héritage sans pour autant renoncer à l’émancipation des individus : un compromis difficile auquel Cédric Klapisch ne parvient pas à trouver de réelle solution à la fin de son récit…

Par ailleurs, Ce qui nous lie n’est pas exempt de maladresses, loin s’en faut. Celles-ci tiennent principalement aux tics récurrents de mise en scène du cinéaste : une voix off omniprésente et démonstrative, de bons sentiments, de la musique mielleuse anglo-saxonne et un jeunisme de bon aloi au service d’une ambiance légère, un tantinet sirupeuse.

Malgré tout, cela n’entame en rien les qualités de cinéaste de Cédric Klapisch, toujours aussi talentueux dans la direction d’acteurs, dans l’écriture et dans le sens du montage. Le spectateur passe un bon moment, et c’est l’essentiel.

3 étoiles sur 5

https://www.youtube.com/watch?v=fQZfFB0IecY

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 28/08/2023 à 13:54.

Pierre Marcellesi
Pierre Marcellesi
Chroniqueur cinéma à BV, diplômé de l'Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA) et maîtrise de cinéma à l'Université de Paris Nanterre

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