« Lieu de tous les dangers » : prostitution, viol, drogue au bois de Boulogne

© BVoltaire
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Ce lundi 14 octobre, moins d’un mois après la découverte du corps de Philippine, une jeune femme, également âgée de 19 ans, confie avoir été agressée dans le bois de Boulogne. Alors qu’elle faisait son footing dans les allées du bois, elle raconte que, peu avant 18 heures, elle aurait été arrêtée par un homme d’une quarantaine d’années. L’individu l’aurait alors attrapée par le col, plaquée contre un arbre et lui aurait dit : « J’ai envie de toi, viens là ». Il lui aurait ensuite retiré son short et arraché ses sous-vêtements. Mais la jeune femme aurait réussi à s’échapper en le frappant au ventre. Elle a déposé une plainte pour tentative de viol. Une enquête a été ouverte. Cette nouvelle agression rappelle inévitablement le meurtre de Philippine, cette jeune fille retrouvée ensevelie dans le bois de Boulogne, le 21 septembre dernier. Depuis cette découverte macabre, les élus parisiens du groupe Changer Paris, coprésidé par Rachida Dati, réitèrent leurs demandes de sécuriser cet espace boisé auprès d’Anne Hidalgo. En vain. Lors du dernier Conseil de Paris, Anne Hidalgo aurait, selon eux, « refusé de prendre ses responsabilités ». Ils peuvent néanmoins compter sur la réactivité de Laurent Nuñez, préfet de police, qui a décidé, depuis ce drame, de quadriller l’espace boisé « en permanence » et de renforcer l’action de la Garde républicaine sur le bois.

« La nuit, le bois se transforme »

Mais cette nouvelle agression rappelle l’urgence d’agir en profondeur pour sécuriser le bois de Boulogne. Car si la délinquance baisse sur cette zone, ces derniers mois, le bois reste encore « le lieu de tous les dangers », à en croire David-Olivier Reverdy, secrétaire national délégué Île-de-France du syndicat Alliance Police nationale, contacté par BV. En journée, le bois connaît « les mêmes problématiques qu’ailleurs, comme les vols, les vols à la tire ou encore les agressions physiques », concède le policier. Mais « la nuit, les choses changent, le bois se transforme », nous explique-t-il. La nuit tombée, le bois de Boulogne voit ainsi arriver de nouveaux risques. « Il y a les proxénètes qui déposent les prostituées, il y a ceux qui viennent pour dépouiller les clients, il y a ceux qui se droguent, donc il y a des points de deal, et puis il y a tous les autres qui, attirés par cette ambiance, sont prêts à tout, même le pire », énumère le fonctionnaire de police.

Autant d’enjeux qui nécessitent une sécurisation permanente du bois. L’ennui, souligne David-Olivier Reverdy, « c’est son architecture ». Le bois regorge, en effet, de chemins forestiers qui sont « empruntés par les joggeurs mais aussi par des personnes moins bien intentionnées ». Autant de petits chemins qui deviennent de véritables « coupe-gorge ». À cela s’ajoutent les allées non praticables qui rendent le travail des forces de l’ordre compliqué.

Vidéosurveillance et éclairage 

À l’instar des élus parisiens menés par Rachida Dati, le fonctionnaire de police appelle, lui aussi, à installer des caméras de vidéosurveillance dans les grandes allées du bois. Un dispositif qui n’empêcherait pas nécessairement les agressions, mais qui aiderait dans les enquêtes. David-Olivier Reverdy soutient également l’installation d’éclairages dans le bois. « Quand on s’enfonce dans le bois sombre, on va au devant de dangers. L’éclairage permettrait de dissuader certains prédateurs », justifie-t-il. Il soutient, enfin, la proposition de créer une unité spécialisée et consacrée uniquement à la sécurisation du bois. « La chute des effectifs de police, notamment à Paris, rend difficile une sécurité à temps plein et à demeure sur le bois. La sécurisation du bois est donc effectuée au gré des priorités et des effectifs disponibles », explique-t-il. Le défi n’est pas insurmontable, mais Anne Hidalgo se saisira-t-elle de ce dossier ?

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Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

20 commentaires

  1. Depuis le temps que l’on sait que ce Bois de Boulogne est une zone à risque et le lieu de tous les trafics et perversions, n’aurait-on pas pu l’enclore (en totalité ou au moins en partie) d’un grillage solide et haut, avec un nombre de portes d’entrée limité et y assurer un contrôle d’identité (entrée-sortie) pour le sécuriser et en éjecter tous les trafiquants et les pervers de toute sorte ? Il est vrai que parmi les pervers et trafiquants, il doit y en avoir qui ont pignon sur rue et préfèrent sans doute la perpétuation de la zone de non droit actuelle.

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