L’instrumentalisation de l’antisémitisme contre les Gilets jaunes en question

antisémitisme

Plusieurs députés ont proposé de faire de l’antisionisme un délit, comme l’est l’antisémitisme. Au dîner du Crif, le chef de l'État a annoncé vouloir intégrer l'anti-sionisme dans la définition de l'antisémitisme. L’émotion suscitée par les invectives odieuses dont fut victime Alain Finkielkraut est à l’origine d’une proposition qui ne traduit, peut-être, qu’une inquiétante volonté de récupération politique.

Le pouvoir macronien tenterait-il d’instrumentaliser le noble combat contre l’antisémitisme pour reprendre la main contre les gilets jaunes ? Peu avant l’affaire Finkielkraut, Benjamin Griveaux estimait déjà qu’"il y a un antisémitisme qui est en train de remonter dans le pays", tandis que la classe politico-médiatique s’enflammait pour un graffiti dont la débilité ne méritait pourtant qu’un silence méprisant.

Il est, aujourd’hui, nécessaire de rappeler que l’instrumentalisation de l’antisémitisme par les politiques fut initiée, dès 1917, par les bolcheviks pour dissimuler, derrière ce digne paravent, la réalité criminelle de leur idéologie. Le léniniste Youri Larine, l’un des promoteurs de l’odieux amalgame, osait clamer que l’antisémitisme est "une mobilisation dissimulée contre le pouvoir soviétique".

Et Lénine fit voter la loi du 27 juillet 1918 qui permettait de fusiller des contre-révolutionnaires pour un crime d’antisémitisme que, bien souvent, ils n’avaient pas commis. Mais il fallait, comme l’écrivait encore Youri Larine, "que dans la conscience des masses laborieuses, le mot “antisémite” devienne synonyme de “contre-révolutionnaire”".

Plus tard, Alexandre Soljenitsyne put estimer, avec raison, qu’en créant un crime d’antisémitisme, "on n’aurait pu trouver meilleur moyen pour que le peuple identifie le pouvoir soviétique à celui des Juifs". Mais en amalgamant l’antisémitisme à la critique du bolchevisme, les communistes suscitèrent de facto le mythe du judéo-bolchevisme, ce chiffon rouge qui allait exciter un fascisme dont la croissance servait leur stratégie antifasciste.

De nos jours, l’oligarchie mondialiste, dont Emmanuel Macron est l’homme de main, a récupéré, à son profit, les outils de l’ingénierie sociale marxiste-léniniste. Ainsi, le chef de l’État pourrait être tenté d’utiliser l’arme de destruction massive que constitue l’instrumentalisation de l’antisémitisme pour discréditer définitivement le mouvement des gilets jaunes, lequel semble être, maintenant, subtilement amalgamé à un antisionisme qui est lui-même caricaturé en antijudaïsme.

L’indignation surjouée de la sphère politico-médiatique dans l’affaire Finkielkraut crée un sentiment de malaise lorsque l’on sait que les gilets jaunes pacifiques qui ont été éborgnés, mutilés, voire tués, n’ont eu droit à aucune compassion. Mais ceux-ci incarnent quelque chose de la France traditionnelle qui doit disparaître à l’heure de la mondialisation.

Ce politiquement correct sélectif ne traduit que la domination d’un marxisme culturel sur notre société et Bernard-Henri Lévy, l’ex-maoïste devenu l’incarnation du mondialisme libéral-libertaire triomphant, a beau jeu d’espérer, à propos des insultes proférées contre Alain Finkielkraut que "cette scène hallucinante [puisse] pulvériser les derniers restes de l’impunité médiatique dont jouissaient les gilets jaunes".

Pour le professeur d’histoire qui écrit ces lignes et dont l’une des missions est de former les jeunes à la mémoire, l’instrumentalisation de celle-ci à des fins politiciennes est source d’indignation autant que d’inquiétude, car une si vile méthode n’annonce rien de moins que la mise en place d’un néo-totalitarisme.

Bruno Riondel
Bruno Riondel
Docteur en histoire

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