[L’ÉTÉ BV] [LIVRES] Ces statues que l’on abat, de Dimitri Casali

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Cet article vous avait peut-être échappé. Nous vous proposons de le lire ou de le relire.
Cet article a été publié le 17/11/2023.

À l'occasion de l'été, BV vous propose de redécouvrir des livres qui ont marqués l'année écoulée. Aujourd'hui, Ces statues que l'on abat, de Dimitri Casali.

 

Dimitri Casali aime l’Histoire qui s’incarne, dévoile son visage et prend vie. L’historien s’est fait connaître par ses ouvrages d’Histoire de France, en racontant cette chanson de geste que l’on ne dit plus à nos enfants. Et pour ses spectacle à succès, tel Historock, conçu pour faire chanter et danser les très riches heures de la royauté, de l’Empire ou de la République française. Son dernier ouvrage s’inscrit dans cette longue fresque. La France, comme l'Histoire, sont nées voilà longtemps mais restent bien vivantes et refusent de mourir dans l’indignité.

Sabotage en cours contre les patries charnelles

« Oh ! Quel farouche bruit dans le crépuscule. Les chênes que l'on abat… », poétisait Hugo, repris par Malraux. Ce dernier évoquait sous ce titre célèbre la France de l’après de Gaulle qui s’étiolait peu à peu. Filant la métaphore, l'auteur de Ces statues que l’on abat (Plon) propose une enquête. Objectif : énumérer et débusquer ce qu’il considère comme un véritable « plan d’attaque » destiné à faire sauter les fondations de nos statues, figures d’Histoire et de mémoire, de fierté et d’unité.

Méthodiquement, l’opus examine le plan de sabotage actuellement en cours contre les petites patries charnelles des quartiers et des villes, partout en France, mais aussi aux États-Unis sous les coups de l’idéologie woke, et en Europe, avec les encouragements de l’Union européenne.

Dictionnaire amoureux

L’ouvrage n’est pas l’inventaire nécrologique d’un passé voué à disparaître, ni un registre mémoriel, encore moins un éloge funèbre de nations suicidaires. Au contraire, Casali propose une sorte de dictionnaire amoureux, de galerie de portraits et de guide de survie.

Non, ce n’est pas la faute à Voltaire, martèle Dimitri Casali. Honneur au roi des Belges, quand bien même il régna sur le Congo ; Make Washington Great Again, fût-il un temps propriétaire d’esclaves ; Ave Notre Dame et honneur à saint Michel, figures de la France et de leur quartier des Sables-d’Olonne ou de l’île de Ré ; Debout Joséphine, Napoléon, Colbert, La Bourdonnais ou Schœlcher qui furent, n’en déplaise aux ignorants libres censeurs, d’irremplaçables serviteurs de la France plus dignes que ceux d’aujourd’hui.

L’Histoire porte des parts sombres au milieu des pages lumineuses ? Assumons tout ce récit qui est celui de toutes les familles. La nuance, le dialogue, le débat tendent à disparaître ? Assumons la contradiction, la controverse, les revirements d’une Histoire qui n’est pas celle d’un sens unique au sens de Marx : elle est écrite par l’humanité à travers les âges, faite de chair et de sang, d’humeurs et d’amours, de calmes et de tempêtes qui ne s’opposent ni ne s’annulent, mais se suivent et se conjuguent. Les temps sont mauvais et s’abattent sur nos statues ? Préférons la société solide à la société liquide, nos statues dressées à nos horizons étriqués !

Le livre s’ouvre sur ce mot de notre actuel chef de l’État qui déclarait, en 2020, que la République ne déboulonnerait aucune de ses statues… Un vœu pieux « qui n’aura servi à rien », comme si à un pays sans statues il ne restait que des mots creux. L'ouvrage s’achève sur cette exhortation tonique au peuple français, véritable souverain en France, en ces termes : « Passants, devant les statues qui peuplent nos villes, prenez quelques minutes pour rencontrer ces grands hommes ou femmes, écrivains, reines, révolutionnaires, chefs d’État qui ont fait la France. » Nos statues sont sorties d’un creuset que nous ferions bien de garder précieusement : plus qu’à la conservation du passé, il est utile à l’assimilation d’aujourd’hui et à la renaissance de demain.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 22/07/2024 à 11:59.

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

Vos commentaires

10 commentaires

  1. Cassons cassons . il en restera toujours quelque chose! Que nenni . Rien . sauf l’homme nouveau a reconstruire. Mais alors dans ce cas il faudra lui trouver un autre nom que l’homme.

  2. Quelle idée de penser qu’une statue ne doit représenter que des grands hommes, que des idoles ou des exemples à suivre. Une statue est une œuvre d’art, comme une peinture. Est-il interdit de représenter des méchants, des monstres ou des bandits? Qui peut dire que Napoléon fut parfait, que de Gaulle n’a pas commis d’erreur. Les statues sont là pour nous rappeler l’histoire et nous faire réfléchir, et peut-être contester. Alors déboulonner les statues relève du totalitarisme et du fascisme le plus destructeur pour le cerveau humain.

  3. N’ont ils pas compris, ces « déboulonneurs  » de statues ( à moins que ce soit sciemment) qu’en s’en prenant ainsi à notre héritage, ils détruisent ce qui fait notre unité. Nous sommes unis par une culture bâtie sur une histoire commune. La France est notre famille, on a le droit de la critiquer, mais on à le devoir de la défendre et d’en être fier. A chaque statue qui disparaît, ce sont nos racines qui sont attaquées, or un arbre sans racine finit par mourir.

  4. Destruction de ce pays par les gouvernements depuis des années . Sabotage de notre culture , nos racines , nos coutumes . En détruisant celà ils détruisent notre histoire et notre passé , ne les laissons pas faire .

    • S’il vous plaît, Mme Yolande STEINER, donnez-nous un début de solution… aidez-nous !
      Ne les laissons pas faire, écrivez-vous, mais alors, comment ? Question très amicale…

      • pas évident de conseiller quoi faire, mais chacun, à son niveau, peut ne plus laisser faire, ne serait-ce qu’en affirmant son désaccord autour de lui, éventuellement à son maire, à son député… Et en cherchant à rayonner autour de nous par notre manière de vivre. Et à (re)construire, patiemment, une société qui honore notre devise républicaine, dont le dernier terme, Fraternité, est trop souvent oublié … Cordialement

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