[LIVRE] CIA : N’est pas espion qui veut

Capture d'écran CNBC
Capture d'écran CNBC

Avis aux passionnés de l’histoire des services secrets, ce livre, L'agence: Histoires secrètes de la CIA, ne manquera pas de les intéresser. Pour ceux qui découvriraient cet univers, il ne faut pas s’attendre à rencontrer James Bond ou Ethan Hunt (Mission impossible) à toutes les pages. Les hommes de la CIA sont loin d’être des surhommes. Ils cultivent plutôt la patience et l’humilité. Ils ne seront jamais cités publiquement pour un fait d’armes.

Ce livre retrace l’histoire de l’Agence à partir du 11 septembre 2001 jusqu’à nos jours. Ce jour funeste de septembre constitue un traumatisme pour beaucoup de ses membres. Certains se culpabilisent de ne pas avoir vu la catastrophe arriver ; d’autres, comme tel responsable du FBI – le livre met en lumière la guerre des services CIA contre FBI et réciproquement -, de ne pas avoir été entendus. Ironie de l’Histoire, cet agent démissionne du FBI, est engagé comme directeur de la sécurité du World Trade Center et décédera en tentant de sauver des vies lors de l’attaque contre les tours jumelles.

Si le livre met bien en avant le dévouement, le patriotisme et le sacrifice des agents, il n’épargne pas la lourdeur de l’administration et les erreurs de jugement de la part de ses responsables, la nomination parfois hasardeuse de ses directeurs, principalement pour des raisons politiques. L’auteur a eu la chance d’avoir accès à des entretiens de première main avec les acteurs principaux des actions de ces dernières années.

Fausses preuves

Même si la démonstration n’est plus à faire concernant la non-existence des armes de destruction massive en Irak, Antoine Mariotti dédouane les agents de la CIA que l’administration Bush a clairement obligés de fabriquer des fausses preuves, contrairement à ce qui a souvent été insinué.

Il est intéressant de constater l’ambiguïté des relations entre services secrets occidentaux : les responsables n’hésitent pas à s’échanger des informations à propos de la lutte antiterrorisme mais s’espionnent entre eux allègrement. Plus proche de l’actualité immédiate, il est intéressant de constater que la CIA peut, dans certains cas, prévenir les Russes d’un danger immédiat et, certaines fois, ne pas le faire, comme lors du putsch mené par Prigojine. On y lit que le défi majeur de la CIA, dans les années à venir, consiste à trouver le moyen de s’immiscer en Chine.

Au sortir des élections américaines, il est intéressant de noter ce propos d’un responsable de l’Agence à propos de Donald Trump : « Beaucoup de dirigeants sont formidables en public, et beaucoup moins en privé. Trump, c’est l’inverse. Il écoutait ce qu’on lui disait. Et il voyait des responsables de la CIA six jours sur sept pour son briefing matinal, même en déplacement. »

En résumé, un livre très intéressant.

Patrick Beren
Patrick Beren
Ex-rédacteur en chef presse municipale, en retraite

Vos commentaires

2 commentaires

  1. Pendant longtemps je m’étais interrogé sur la raison qui avait poussé Charles de Gaulle à quitter le commandement intégré de l’OTAN, mais pas l’alliance. L’explication m’a été fourni il y a peu en regardant une émission qui expliquait que le Général était particulièrement courroucé par le fait que la diffusion des informations n’allait que dans un seul sens…
    La qualité du personnel politique et sa capacité à écouter et à comprendre les informations qui lui sont transmises par les services de renseignement est absolument fondamentale. Par exemple, les rad-soc de la 3ème République, puis le Front Populaire, se mirent en tête que Hitler était certes un petit peu excité en tant que leader de l’opposition, mais qu’il saurait se montrer raisonnable sitôt arrivé au pouvoir… Le même type d’erreur fut commis par Macron qui a refusé de croire que Poutine était décidé à envahir l’Ukraine. Pourquoi ? Tout simplement parce que cela ne cadrait pas avec son logiciel particulièrement étriqué . Macron se disait, et en cela il avait raison, que ce n’était pas du tout l’intérêt de la Russie d’envahir l’Ukraine. Tout le problème consiste à penser que l’adversaire raisonnera comme nous et que sa « rationalité » sera équivalente à la notre. Mais il est vrai que ce n’est pas à l’ENA que l’on est formé à l’ouverture d’esprit.

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