Livre : Courage ! Manuel de guérilla culturelle, de François Bousquet
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C’est toujours un réel bonheur de recenser les livres (trop rares) de François Bousquet. Ce proche du Serbe Vladimir Dimitrijević avec lequel il dirigea, un temps, les Éditions L'Âge d'Homme (avant qu’elles ne finissent par sombrer dans l’anémie desséchante d’un véganisme funèbre, bobo et pseudo-littéraire) a toujours su côtoyer les cimes les plus hautes, sans jamais perdre le souffle. Sa proximité intellectuelle d’avec notre cher Alain de Benoist (il faut lire et relire Mémoire vive, ces désormais incontournables entretiens biographiques avec icelui, qu’il dirigea avec maestria) en témoigne. Mais il sut, également, s’accommoder de personnalités narcissiques et foutraques d’où perçait immanquablement le génie. L’on pense, bien sûr, à Jean-Edern Hallier, dont il fut le collaborateur en 1995 sur le plateau du « Jean-Edern's Club » sur Paris Première (qui ne se souvient d’un Jean-Edern désinvolte balançant par-dessus son épaule les livres lus, voire non lus car décrétés sans intérêt…).
Voilà, brièvement, pour l’homme. S’agissant de l’œuvre, celle-ci s’avère aussi qualitative que parcimonieuse. Chez ce précautionneux Harpagon des lettres, le verbe se fait tellement cher qu’il n’en réserve l’usage qu’aux grandes occasions. Une fois lus « Putain » de saint Foucault : archéologie d'un fétiche (Pierre-Guillaume de Roux, 2015) ou La Droite buissonnière (Le Rocher, 2017), il convient de se tourner dare-dare vers ses articles qu’il verse régulièrement à la revue Éléments (dont il est le rédacteur en chef depuis 2017) pour tenter d’étancher sa soif du beau style, de la phrase affûtée tel un rasoir figaresque, du mot aussi précis que la pointe térébrante d’un fleuret non moucheté.
Parmi ces « grandes occasions » précitées, gageons que la fondation de La Nouvelle Librairie (au 11, rue de Médicis, Paris 6e, à l'adresse de l'ancienne Nouvelle Librairie nationale, qui fut la librairie de l'Action française à partir de 1900 et que dirigea Georges Valois de 1912 à 1932) lui procura la double aubaine, et de lancer les éditions éponymes, et de les inaugurer par un livre-manifeste, aux titre et sous-titre aussi éloquents que programmatiques, prolongement et complément idéal du testament spirituel de Dominique Venner, Un samouraï d’Occident (sous-titré, non moins éloquemment, « Le Bréviaire des insoumis » ; Pierre-Guillaume de Roux, 2013).
Incontestablement, Bousquet est un héritier et tient d’autant plus à le revendiquer haut et fort qu’il n’éprouve que fierté pour l’héritage, celui de notre longue mémoire homérique, attique, latine. Européenne. D’évidence, les Européens d’aujourd’hui en sont devenus de bien piètres exécuteurs testamentaires. Il fustige la pleutrerie nauséeuse consistant à ne pas oser affirmer clairement ce que nous sommes, les fils d’une antique civilisation albo-européenne révoltés par l’hideux spectacle de son Grand Effacement par les nouveaux Barbares – ceux de l’intérieur, des antipodes ou hybridés, sinon génétiquement transhumanisés (l’augmentation de l’homme n’étant jamais que sa chute aux enfers).
En général spartiate qui aurait lu Gramsci et Lénine, François Bousquet exhorte au sursaut évolien, à l’action radicale, à la dissidence – soit un pied dans le système, l’autre dans les marges ; sortir celles-ci de l’ambiguïté et de la clandestinité au détriment de celui-là –, à l’imitation du grand Soljenitsyne qui en appelait, dans L’Archipel du goulag, à « tuer les mouchards », ces traîtres, collabos, indics qui, en zélés « agents de maintenance du système », n’en finissent pas, depuis cinquante ans, de saloper notre patrimoine indivis qui n’est pas le leur.
Il y faut du courage, maître-mot achilléen de ce vigoureux essai qui vous fouette l’âme à la manière de ces vents du large chargés d’embruns vous battant le visage. Le courage, unique étalon de l’honneur, celui qui rend digne, celui qui rend libre. Celui qui rend vertueux, en un mot. Les modèles d’héroïsme guerrier, d’abnégation chevaleresque, d’oubli aristocratique de soi ne manquent pas dans les épopées, les mythes fondateurs et les chansons de geste. Il reste à s’accomplir selon ces glorieux précédents.
On l’aura compris, ce manuel sent le soufre. Pour lecteurs avertis…
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