Livre / « Francisco Miranda, le héros sacrifié », Paul Ancelin

Notre époque triste produit peu de héros. Il n’est donc pas interdit, bien au contraire, d’aller chercher en d’autres temps et sous d’autres cieux les modèles glorieux qui ont égalé leur destin. Ainsi de ce livre, consacré au libérateur vénézuélien Francisco Miranda, éphémère dirigeant de son pays natal, qui mourra en captivité sous le joug espagnol. Paul Ancelin s’est abondamment documenté pour écrire ce livre, et cela se sent. Les dialogues sonnent juste, les anecdotes sont complétées par des notes de bas de page.

Dès les premières lignes, le lecteur est plongé dans l’atmosphère aventureuse et dangereuse de la vie parisienne pendant la Révolution. En 1792, Miranda est à Paris et conquiert la nouvelle élite : partout, son passé de héros de l’armée espagnole convainc les hommes, dont le jeune commandant Bonaparte, et son œil de braise séduit les femmes, par wagons entiers. On pourrait hâtivement conclure que Miranda, c’est SAS sous la Terreur (sous le titre Coup de tabac sur la place de Grève, ou quelque chose d’approchant). C’est beaucoup mieux que cela.

Avec un style qui passe finement du roman à la biographie, Paul Ancelin, qui connaît bien la guerre pour l’avoir faite en Algérie, suit les aventures de Francisco Miranda, qui participera à la bataille de Valmy sous les couleurs de la jeune République, fera un passage dans les prisons de la Convention, gagnera Londres puis tentera de libérer son pays de la domination de l’Espagne. Entre-temps, il aura connu tout ce que la France compte de génies politiques et de traîtres, et séduit jusqu’à Catherine de Russie.

Le sous-titre de « héros sacrifié », un peu pléonastique (existe-t-il des héros peinards ou égoïstes ?), correspond parfaitement à Francisco Miranda. J’ajouterais subjectivement qu’il n’est guère surprenant qu’un saint-cyrien comme M. Ancelin ait été sensible à un destin plein de panache, de grandes idées, de service de son pays et de conquêtes amoureuses.

Un livre à lire au soleil cet été, en guise d’aller simple (sans nostalgie mièvre) pour un monde qui semblait alors encore vaste et à conquérir. C’était il y a deux cents ans.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 06/07/2018 à 18:50.
Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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