Livre : Ils ont choisi le Christ, de Jean-François Chemain
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Ils ont choisi le Christ, publié chez Artège, s’intéresse à la conversion des musulmans au christianisme ou, pour être plus précis, au catholicisme, même s’il est question des évangéliques, bien plus tournés que les catholiques vers la conversion des musulmans en Europe et ailleurs.
Qu’on ne cherche pas, ici, des statistiques, des méthodes et un vocabulaire de sociologue, ni un détachement objectif : l’auteur annonce la couleur, il écrit en homme engagé, accompagnateur lui-même de certains convertis vers le baptême, au rythme de rencontres ou de lectures. Il s’en explique clairement dans l’introduction, et la polémique ne lui fait pas peur (on pense à ses ouvrages précédents) : sont clairement exposés les réticences de nombreux prêtres, le peu de zèle qu’ils mettent à guider vers le baptême, voire un refus motivé apparemment par le souci du bien-être familial ou de la sécurité des demandeurs dans leur ancienne communauté. Le parcours de certains, de prêtre en prêtre, de paroisse en paroisse, a de quoi remplir de honte les chrétiens de tradition que sont beaucoup d’entre nous.
Effectivement, il est bien dur, même quand ils ne sont pas menacés physiquement – ce qui arrive souvent dans leurs pays d’origine comme en France -, de chercher à devenir chrétien : la rupture avec un système aussi clos et complet que l’islam, qui régit tous les aspects de la vie, demande un courage extraordinaire, que l’on soit homme ou femme. Comme la préparation n’est pas toujours à la hauteur des attentes, soit par sa durée excessive, soit par des méthodes infantilisantes, soit par une froideur et une minutie bureaucratique qu’un intellectuel marocain a jugées « inhumain(es) », certains se découragent ou s’adressent à des paroisses protestantes ou évangéliques plus accueillantes.
De plus, ces convertis affrontent une autre épreuve, plus durable que la seule préparation au baptême : celle de la froideur des autres paroissiens, qui ne s’occupent pas de ces nouveaux chrétiens, fragilisés par la rupture avec des familles, des communautés soudées, et qui se retrouvent lancés dans un nouveau monde sans main tendue. Ce chapitre fait mal, il faut le dire, car tout autant que les réticences des prêtres, la distance maintenue par les paroissiens (il y a des exceptions, bien sûr, en particulier dans les paroisses traditionnelles et les communautés nouvelles) contribue au mal-être régulièrement mentionné dans les témoignages.
Plus troublant que l’exposé du contexte de ces conversions, le chapitre intitulé « Le moment de la conversion » suscitera peut-être l’incrédulité et même des ricanements. En effet, pour la majorité d’entre nous modernes, croyants ou non, les miracles paraissent choses dépassées, à supposer même qu’on croie à ceux qui sont relatés dans les Évangiles ou dans l’Histoire. Affaire de bigots (Lourdes) dont il est de bon ton de se gausser, ou de niais incapables d’accéder à la raison. Or, l’auteur développe longuement les signes, les apparitions, les songes qui abondent dans les témoignages, cités directement, de nombreux catéchumènes. Jean-François Chemain, citant André Frossard, auteur de Dieu existe je L’ai rencontré, ajoute : « On ne peut que le répéter : la foi chrétienne se fonde sur une rencontre personnelle ! »
On comprend donc que, malgré les difficultés, les déconvenues que peuvent rencontrer les catéchumènes, l’ouvrage n’est pas pessimiste. Au contraire, l’espérance domine. Dans le dernier chapitre, l’auteur souligne l’attachement à la France de nombreux convertis, et pas seulement ceux qui vivent dans notre pays : la France, fille aînée de l’Eglise, même si les Français ont tendance à l’oublier ou à s’en moquer ou, même, à vouloir détruire ce lien. Au point que naît l’espoir que ces convertis, à leur tour, réévangélisent notre pays, espoir que nombre d’entre eux partagent !
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