[L’ÉTÉ BV] [LIVRES] Laudate Deum : François, pape ou militant écolo ?

pape françois
Cet article vous avait peut-être échappé. Nous vous proposons de le lire ou de le relire.
Cet article a été publié le 16/10/2023.

À l'occasion de l'été, BV vous propose de redécouvrir des livres qui ont marqués l'année écoulée. Aujourd'hui, le Laudate Deum du Pape François.

L’exhortation apostolique du pape François Laudate Deum, publiée en début de mois, est destiné « à toutes les personnes de bonne volonté sur la crise climatique » : ce document du chef de l’Église catholique s’adresse peu à ses fidèles, il vise le monde entier. C’est un manifeste politique et idéologique plus qu’une exhortation apostolique.

Sur un ton résolument catastrophiste, voire millénariste, François emprunte tour à tour les habits du politicien, du militant et du vulgarisateur scientifique. Soyons clairs : l’Église catholique a toujours promu et protégé les sciences ; il suffit, pour cela, de connaître les travaux de premier plan de l’Observatoire astronomique du Vatican où la majeure partie des scientifiques sont des religieux, pour ne citer qu’un exemple contemporain.

Une attitude non scientifique

Mais les jugements à l’emporte-pièce, rapides et pour tout dire péremptoires, de ce texte sur le changement climatique ne ressortent en aucune manière d’une attitude purement scientifique. Ici, point de doutes ni de débat, point de discussions possibles qui sont pourtant les conditions de l’épanouissement d’une démarche scientifique.

Le pape fustige « certaines opinions méprisantes et déraisonnables que je rencontre même au sein de l’Église catholique. Mais nous ne pouvons plus douter que la cause de la rapidité inhabituelle de ces changements dangereux est un fait indéniable : les énormes changements liés à l’intervention effrénée de l’homme sur la nature au cours des deux derniers siècles. » Rappelant à l’ordre tous ceux qui contestent non pas l’évolution du climat mais l’explication de ses causes sous l’angle exclusivement anthropique, il les accuse de simplisme, d’ignorance, de défaut de raisonnement. Les arguments scientifiques de ce texte qui ne l’est pas, et qui est très court, manquent alors inévitablement, et l’on peine à comprendre la raison de cet écrit.

Le ton se fait volontiers catastrophiste, ce qui surprend de la part de chef de l’Église catholique, censé emmener ses ouailles sur la voie de l’Espérance du Salut : « Nous ne pouvons plus arrêter les énormes dégâts que nous avons causés. Nous avons juste le temps d’éviter des dégâts encore plus dramatiques. […] La possibilité de parvenir à un point critique est réelle. Des changements mineurs peuvent provoquer des changements plus grands, imprévus et peut-être déjà irréversibles, en raison de facteurs d’inertie. »

La sauvegarde de la Maison commune, intention louable et essentielle en ce qu’elle invite le chrétien à être le conservateur (cet horrible mot) de la nature créée par Dieu, peine ici à quitter une horizontalité dérangeante. Où est l’aspiration spirituelle de l’homme à la contemplation et à la glorification de Dieu à laquelle veut répondre le christianisme, quand on lit : « Face au visage des enfants qui paieront les dégâts de leurs actions, la question du sens se pose : quel est le sens de ma vie, quel est le sens de mon passage sur cette Terre, quel est le sens, en définitive, de mon travail et de mes efforts ? »

Un pape de la décroissance

Face à l’urgence, François se veut militant politique de la décroissance. L’on apprécie sa parole critique sur l’homme revenu de tout et ivre de sa toute-puissance technologique, « le plus grand problème est l’idéologie qui sous-tend une obsession : accroître au-delà de l’imaginable le pouvoir de l’homme, face auquel la réalité non humaine est une simple ressource à son service. Tout ce qui existe cesse d’être un don qu’il faut apprécier, valoriser et protéger, et devient l’esclave, la victime de tous les caprices de l’esprit humain et de ses capacités. » La conclusion même de cette lettre est imparable, universelle : « Louez Dieu » est le nom de cette lettre. Parce qu’un être humain qui prétend prendre la place de Dieu devient le pire danger pour lui-même. » On s’étonnera, cependant, que cette ivresse démiurgique ne soit évoquée qu’à propos de la fonte des glaces ou de la surexploitation des ressources naturelles et non au sujet de cette tendance contemporaine, si moderne, de la chosification de l’homme qui se croit aujourd’hui permis de nier jusqu’à l’existence même de la différenciation naturelle des sexes.

Plus loin, le pape lance un véritable plaidoyer pour le green deal : « Par ailleurs, la transition vers des formes d’énergies renouvelables bien gérées, ainsi que les efforts d’adaptation aux dommages du changement climatique, sont capables de créer d’innombrables emplois dans différents secteurs. Cela exige que les hommes politiques et les hommes d’affaires s’en occupent dès maintenant. » Et il augure, pour le réaliser, la création d’une sorte de gouvernement mondial, autorité suprême établie de telle sorte qu’elle soit incontestable par le biais « d’organisations mondiales plus efficaces, dotées d’autorité pour assurer le bien commun mondial, l’éradication de la faim et de la misère ainsi qu’une réelle défense des droits humains fondamentaux. »

Plus de gouvernements nationaux, de vision politique ancrée dans un pays, un territoire, une histoire et une géographie. Pour initier cette révolution, il faut mobiliser les masses, la classe d’en bas, vertueuse par son existence même, par son positionnement social qui vaut brevet d’aristocratie politique. C’est exactement la démarche qu’il entend adopter lors du synode sur la synodalité : « La mondialisation favorise les échanges culturels spontanés, une plus grande connaissance mutuelle et des chemins d’intégration des populations qui finissent par conduire à un multilatéralisme "d’en bas" et pas seulement décidé par les élites du pouvoir. Les revendications qui émergent d’en bas partout dans le monde, où les militants des pays les plus divers s’entraident et s’accompagnent, peuvent finir par exercer une pression sur les facteurs de pouvoir. On peut espérer qu’il en sera ainsi concernant la crise climatique. »

Ce texte, pour des catholiques, est en réalité inutile. Le souverain pontife emprunte ici des habits qui ne sont pas les siens. Mais sa lecture peut susciter à bon droit, chez le fidèle catholique, un vrai sentiment d’abandon : celui d’un père qui, délaissant son devoir de pasteur, court, affolé, derrière la marche du monde.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 22/07/2024 à 11:42.
Marie d'Armagnac
Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

Vos commentaires

46 commentaires

  1. Le Pape François marche-t-il sur les pas de jésus ? A-t-il confiance en l’être humain que Dieu a créé ? Ce n’est pas l’impression qu’il donne. Depuis sa présence sur cette terre, l’Homme a toujours su s’adapter spontanément aux évolutions et risques perçus. Des risques et évolutions très souvent indépendants de sa volonté et de son action. Périodes glaciaires, mouvements des plaques tectoniques, tremblements de terre, ouragans, raz de marée, etc. Et plus récemment, évolutions de la position de l’axe de rotation de la terre. Pour quelles raisons en serait-il autrement pour l’avenir ? Ayons confiance en l’Homme. Il s’adaptera aux évolutions de Nature et corrigera ses erreurs. Pas besoin de père fouettard et d’agités cérébraux.

  2. C’est quand même formidable tous ces gens, y compris le polititocard de Papa, veulent à tous prix nous faire rentrer dans le rang de mauvais citoyens pollueurs s’adressant aux européens que nous sommes ! Pourquoi le Pape n’envoie pas de massage de réduction des gaz à effets de serre à ces chers Chinois, indiens et … pourquoi pas Américains ? Car qui pollue vraiment en ce bas monde, si tant est que l’homme devrait être forcément responsable du réchauffement, l’activité du soleil n’étant en rien de la partie ! Excusez moi d’être un brin climatosceptique.

    • Avec toutes les âneries que nous entendons, il devient de plus en plus difficile de ne pas être climatosceptique. Tout est sujet à modifier le climat, avec des raisons aussi stupides que la vitesse de clignotement des yeux, jusqu’au temps de parole qui peut être consommateur d’énergie. Nous n’en sommes plus à une stupidité près. En fait on veut nous faire rentrer dans un cadre comportemental qui nous interdira toutes initiatives, pensées, actions qui ne seront pas dictées par des groupuscules ou autres prétendues autorités. Je refuse çà et continuerai de penser, d’agir comme bon me semblera.

  3. Ce pape peut postuler pour LFI ou EELV, immigrationniste comme Mathilde Panot, catastrophiste comme Sandrine Rousseau. Il risque quand même d’avoir du mal à défendre son bilan de chef de l’église quand il paraitra devant son créateur.

    • De l’avis d’un ami prêtre, ce pape est un mauvais communiste dangereux. Qu’il se mèle de la fréquentation de ses églises qui va en diminuant jour après jour.

  4. Le pape actuel n’est pas un futur saint . Il ferait bien de s’occuper de ses ouailles que de politique en donnant des conseils de je sais tout. S’il aime les migrants qu’il les prennent au Vatican qui en a les moyens. Nous avons assez de communiquants en France et en Europe qui déjà nous  » saoulent » de leur science en tout genre.

  5. Encore une fois, françois se plante lamentablement, ce qui est devenu une habitude, que fait il du manifeste signé par plus de 2000 chercheurs parmi lesquels plusieurs Nobel qui réfutent les théories du GIEC, qui n’est pas le grouppe international d’EXPERTS du climat mais le groupe innternational d’ETUDE du climat, qui s’est ridiculisé avec sa fameuse courbe en canne de golf destinée à montrer la hausse à venir de la température terrestre, le seul problème, c’est que la dite courbe est basée sur une erreur mathématique totale. Le Pape ferait mieux de s’occuper de l’Eglise Catholique qui part de plus en plus en capilotade.

  6. Ca ne m’étonne pas de lui, quand on sait la psychose qu’il a orchestrée pendant les 2 années de Covid, en virant les gardes suisses qui ne voulaient pas se faire vacciner. Je ne sais pas s’il est infaillible, mais il a l’air de gober toutes les fadaises de Davos et Pfizer …

    • Oui tout à fait , j’attends en vain sa dénonciation du wookisme, du génocide des chrétiens arméniens et palestiniens, de la politique d’éducation sexuelle de l’OMS ….

    • Oui il les gobe ces « fadaises » que je qualifierais d’usurpation de l’autorité morale de ces Davos et autres vallée qui nous silicone l’esprit…! Et il les régurgite dans un langage puant pour les sociétés civilisées !

  7. Ce pape en portant un discours gauchiste et donc en politisant la religion est en train de porter le discrédit sur le catholicisme. Mais là aussi, les principaux intéressés se taisent et se rangent dans la file de la soumission déjà très très longue : vaccinés, bienpensants, sauveurs de planètes, incitateurs de guerre chez les autres (les ukrainiens peuvent bien mourir pour l’occident…).

  8. Dans une de ses chansons, Renaud avait cette parole ; « La pollution n’est pas dans l’air, elle est sur vos visages blêmes ».
    François ferait mieux de s’occuper du dérèglement des cerveaux humains que de celui du climat. La fin des temps viendra bien plutôt de la gangrène des esprits que de la pollution de la planète.

  9. Mais: ce n’est pas son sujet ! Il a pourtant du boulot sur la planche, dans le périmètre de sa fonction …

  10. on peut compléter :
    pape ou militant pour l’immigration ?
    pape ou militant pour la religion musulmane ?

  11. Ne l’appelez pas pape , ce titre ne lui convient nullement . Cet homme met son grain de sel partout , sur tous les sujets sauf celui pour lequel il est en place . Nous avons hâte qu’il soit remplacé et soyons rassuré nous ne risquons pas de le rencontrer au paradis .

  12. La vidéo où l’on voit le Saint homme taper méchamment ( la même tête que sur la photo d’illustration de l’article) donc le pape n’a absolument pas apprécié d’être retenu par les mains d’une jeune fille asiatique apparemment .
    Il y a bain de foule et bain de foule , je ne sais pas ce qui a tellement déplu au locataire du Vatican

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