[Livre] Laudate Deum : François, pape ou militant écologiste ?

pape françois

L’exhortation apostolique du pape François Laudate Deum, publiée en début de mois, est destiné « à toutes les personnes de bonne volonté sur la crise climatique » : ce document du chef de l’Église catholique s’adresse peu à ses fidèles, il vise le monde entier. C’est un manifeste politique et idéologique plus qu’une exhortation apostolique.

Sur un ton résolument catastrophiste, voire millénariste, François emprunte tour à tour les habits du politicien, du militant et du vulgarisateur scientifique. Soyons clairs : l’Église catholique a toujours promu et protégé les sciences ; il suffit, pour cela, de connaître les travaux de premier plan de l’Observatoire astronomique du Vatican où la majeure partie des scientifiques sont des religieux, pour ne citer qu’un exemple contemporain.

Une attitude non scientifique

Mais les jugements à l’emporte-pièce, rapides et pour tout dire péremptoires, de ce texte sur le changement climatique ne ressortent en aucune manière d’une attitude purement scientifique. Ici, point de doutes ni de débat, point de discussions possibles qui sont pourtant les conditions de l’épanouissement d’une démarche scientifique.

Le pape fustige « certaines opinions méprisantes et déraisonnables que je rencontre même au sein de l’Église catholique. Mais nous ne pouvons plus douter que la cause de la rapidité inhabituelle de ces changements dangereux est un fait indéniable : les énormes changements liés à l’intervention effrénée de l’homme sur la nature au cours des deux derniers siècles. » Rappelant à l’ordre tous ceux qui contestent non pas l’évolution du climat mais l’explication de ses causes sous l’angle exclusivement anthropique, il les accuse de simplisme, d’ignorance, de défaut de raisonnement. Les arguments scientifiques de ce texte qui ne l’est pas, et qui est très court, manquent alors inévitablement, et l’on peine à comprendre la raison de cet écrit.

Le ton se fait volontiers catastrophiste, ce qui surprend de la part de chef de l’Église catholique, censé emmener ses ouailles sur la voie de l’Espérance du Salut : « Nous ne pouvons plus arrêter les énormes dégâts que nous avons causés. Nous avons juste le temps d’éviter des dégâts encore plus dramatiques. […] La possibilité de parvenir à un point critique est réelle. Des changements mineurs peuvent provoquer des changements plus grands, imprévus et peut-être déjà irréversibles, en raison de facteurs d’inertie. »

La sauvegarde de la Maison commune, intention louable et essentielle en ce qu’elle invite le chrétien à être le conservateur (cet horrible mot) de la nature créée par Dieu, peine ici à quitter une horizontalité dérangeante. Où est l’aspiration spirituelle de l’homme à la contemplation et à la glorification de Dieu à laquelle veut répondre le christianisme, quand on lit : « Face au visage des enfants qui paieront les dégâts de leurs actions, la question du sens se pose : quel est le sens de ma vie, quel est le sens de mon passage sur cette Terre, quel est le sens, en définitive, de mon travail et de mes efforts ? »

Un pape de la décroissance

Face à l’urgence, François se veut militant politique de la décroissance. L’on apprécie sa parole critique sur l’homme revenu de tout et ivre de sa toute-puissance technologique, « le plus grand problème est l’idéologie qui sous-tend une obsession : accroître au-delà de l’imaginable le pouvoir de l’homme, face auquel la réalité non humaine est une simple ressource à son service. Tout ce qui existe cesse d’être un don qu’il faut apprécier, valoriser et protéger, et devient l’esclave, la victime de tous les caprices de l’esprit humain et de ses capacités. » La conclusion même de cette lettre est imparable, universelle : « Louez Dieu » est le nom de cette lettre. Parce qu’un être humain qui prétend prendre la place de Dieu devient le pire danger pour lui-même. » On s’étonnera, cependant, que cette ivresse démiurgique ne soit évoquée qu’à propos de la fonte des glaces ou de la surexploitation des ressources naturelles et non au sujet de cette tendance contemporaine, si moderne, de la chosification de l’homme qui se croit aujourd’hui permis de nier jusqu’à l’existence même de la différenciation naturelle des sexes.

Plus loin, le pape lance un véritable plaidoyer pour le green deal : « Par ailleurs, la transition vers des formes d’énergies renouvelables bien gérées, ainsi que les efforts d’adaptation aux dommages du changement climatique, sont capables de créer d’innombrables emplois dans différents secteurs. Cela exige que les hommes politiques et les hommes d’affaires s’en occupent dès maintenant. » Et il augure, pour le réaliser, la création d’une sorte de gouvernement mondial, autorité suprême établie de telle sorte qu’elle soit incontestable par le biais « d’organisations mondiales plus efficaces, dotées d’autorité pour assurer le bien commun mondial, l’éradication de la faim et de la misère ainsi qu’une réelle défense des droits humains fondamentaux. »

Plus de gouvernements nationaux, de vision politique ancrée dans un pays, un territoire, une histoire et une géographie. Pour initier cette révolution, il faut mobiliser les masses, la classe d’en bas, vertueuse par son existence même, par son positionnement social qui vaut brevet d’aristocratie politique. C’est exactement la démarche qu’il entend adopter lors du synode sur la synodalité : « La mondialisation favorise les échanges culturels spontanés, une plus grande connaissance mutuelle et des chemins d’intégration des populations qui finissent par conduire à un multilatéralisme "d’en bas" et pas seulement décidé par les élites du pouvoir. Les revendications qui émergent d’en bas partout dans le monde, où les militants des pays les plus divers s’entraident et s’accompagnent, peuvent finir par exercer une pression sur les facteurs de pouvoir. On peut espérer qu’il en sera ainsi concernant la crise climatique. »

Ce texte, pour des catholiques, est en réalité inutile. Le souverain pontife emprunte ici des habits qui ne sont pas les siens. Mais sa lecture peut susciter à bon droit, chez le fidèle catholique, un vrai sentiment d’abandon : celui d’un père qui, délaissant son devoir de pasteur, court, affolé, derrière la marche du monde.

Marie d'Armagnac
Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

Vos commentaires

46 commentaires

  1. Ce type ? Un pape ? Non ! Un woke destructeur de notre civilisation judéo-chrétienne chrétienne. Benoît XVI doit se retourner dans sa tombe ! Quelle honte !

  2. Cet homme est parfaitement conforme au monde actuel ! A l’observer, je lui trouve, moi aussi, la même expression qu’une certaine…Greta. Tant pis, en dépit de son verbiage alambiqué, et bien que risquant l’excommunion, je garde mon diesel.

  3. Une question me vient à l’esprit : »DIEU EXISTE-T-IL » ? Si la réponse est positive alors comment se fait-ilque, comme du temps de Noé nous dit l’Eglise il n’intervienne pas pour sauver son oeuvre ? Les discours de ce Pape tendent en réalité de dissuader de croire en Dieu ! Il deviendrait négationiste de la foi ? Une Eglise en perdition avec un tel pasteur…

  4. la première des actions à faire c’est de réguler la démographie pour que les parents et leurs enfants puissent manger à leur faim et instruire et éduquer afin de développer un pays. Le discours du pape François est plein de contradictions : la décroissance la pollution…. régir les aléas climatiques n’est pas l’affaire d’un seul homme et les conseilleurs ne sont pas toujours les payeurs !

  5. Devant ses prises de position , ses envolées lyriques , il perd comme à la « bourse » des valeurs non pas cotées , mais des milliers de fidèles qui eux vivent à l’opposé de ce que ce Pape préconise. La désertification de nos églises sont là pour le prouver, aussi pense t-il en faire des refuges pour migrants , et à la limite des lieux de cultes pour les musulmans « ite missa est » !!!

  6. Mais… annonce t-il l’ Evangile ? Est-il témoin de l’Evangile ( Bonne Nouvelle ). Un personnage d’esprit ( Valéry ? ) disait à peu près que  » l’Homme qui épouse les dernières idées à la mode _de son époque_ le rendront bientôt veuf « . Bon. Passons.

  7. Copiant la petite Greta dans ses expressions, on voit par qui il a été intronisé, lui qui a « choisi », dès son élection le cabinet Mackinsey pour sa communication ! Cette photo a-t-elle été prise à l’enterrement de Benoit XVI, lorsqu’il s’est plaint d’avoir froid ? Il aurait dû se réjouir ce jour là du réchauffement climatique !

  8. Genèse 1:22
    et il les bénit en disant: «Reproduisez-vous, devenez nombreux et remplissez les mers, et que les oiseaux se multiplient sur la terre!»
    L’Apocalypse n’ai pas provoquée par un changement climatique…
    Moins CO2 c’est réduire le développement de la végétation et le rendement agricole. le taux actuel de CO2 est de 0.4 c’est correct mais l’idéal est de 0.06. Un taux de 0.02 est catastrophique.
    Quant à refroidir la planète c’est moins de précipitation et moins de production agricole…
    Refroi

  9. Pape, militant écologiste ou tout simplement « illuminé » ?
    Car les propos de notre pape,dans son homélie, se contredisent les uns les autres : moins de faim et de conflits dans le monde, c’est potentiellement aussi, plus de d’être humains épargnés….tous plus consommateurs de CO2 les uns que les autressur terre…Donc possiblement un « réchauffement » climatique à craindre encore d’avantage, qui plus est grâce à la fuite en avant que représente la mondialisation…
    Oui François, deux siècles d’indiscipline, sans aucun doute ! Même si, il y a deux siècles nos ancêtres étaient sans doute moins nombreux sur terre aussi, et que les sciences, la connaissance des hommes n’en était pas là où elle en est aujourd’hui…Si conservatisme rime avec mondialisation, alors pour sûr notre pape est bien un « illuminé »….qui confond rêve et réalité…

  10. au fond, il se sent concurrencé par les Islamistes et leur apôtres ; les frères musulmans. il voudrait adopter les mêmes méthode d’une seule loi, d’une seule entité ayant autorité sur le monde. On croyait, voir espérait, que le siècle des lumières avait renvoyé aux calendes grecques les ténébreuse idéologies religieuses, hélas, elles reviennent en force en ce début du XXII siècle. Voltaire, reviens.

  11. Ce Pape se comporte comme un boutiquier qui a pris conscience que la vitrine de son magasin doit être remise à la mode… Le rôle de l’Eglise, c’est d’abord et avant tout d’évangéliser le monde à la doctrine du Christ. Pas de faire de la politique de récupération. Ce Pape n’est pas un pasteur, c’est un représentant de commerce…

  12. Ces déclarations confirment que Mac Kinsey écrit ses discours comme ceux de nos responsables politiques. Que les ONG sont les relais de la manipulation de masse auprès du peuple crédule.

  13. Il n’y a rien à attendre d’un pape qui, lorsqu’il était archevêque de Buenos Aires, célébrait la messe sur une benne à ordures au sein des bidonvilles. Il se veut le « pape des pauvres ». Les catholiques peuvent donc aller se faire voir.
    Ne nous faisons pas d’illusion : depuis que le leitmotiv du « santo subito » est devenu l’obligation à la mort de chaque pape post Vatican II, sa canonisation sera réclamée à grands cris à sa disparition. Cette élévation sur les autels est devenue la norme. Quand on sait les conditions et les enquêtes drastiques, qu’il fallait remplir pour proclamer les vertus héroïques permettant de déclarer un saint, avant ce funeste concile, on grince des dents ! Ainsi Jean XXIII, l’initiateur de la destruction de la Tradition multi séculaire de l’Église, Paul VI, moderniste à souhait et Jean-Paul II ont eu droit à une canonisation expresse. À côté de ça, l’extraordinaire Pie XII est resté bloqué au statut de Vénérable et Jeanne d’Arc a mis 500 ans avant d’être reconnue sainte. Cherchez l’erreur !

    • Je suis entièrement d’accord avec vous. Pie XII a été le dernier grand pape. Sous son pontificat, roncalli et montini avaient été écartés, pour leur attachement à la modernité. Ils se sont rattrapés ensuite.

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