[Livre] Le Sursaut Corse : vers un nationalisme corse… et français !

© Samuel Martin
© Samuel Martin

30 mars 2019, les portes de la maison d’arrêt de Borgo s’ouvrent. Nicolas Battini vient de purger près de six années de prison pour avoir participé au plasticage de la sous-préfecture de Corte, en avril 2012. La détention n’a pas éteint la flamme nationaliste du jeune Corse, mais la cohabitation forcée avec une population carcérale essentiellement arabo-musulmane, son explosion de joie à l’annonce des attentats islamistes, et notamment au soir du massacre du Bataclan, provoquent en lui une profonde remise en cause. Elle est au cœur de son ouvrage Le Sursaut corse (Éditions l’Artilleur).

De Marx à Maurras

Très jeune, son attachement charnel à la Corse a conduit Nicolas Battini à intégrer les milieux activistes, alors imprégnés par un nationalisme gauchisant, directement issus du marxisme tiers-mondiste soixante-huitard. Doctrine qui veut que la France soit l’oppresseur, des Corses mais aussi de tous ceux qu’elle aurait opprimés, à commencer par ces taulards largement issus de l’immigration et, pour nombre d’entre eux, musulmans. Mais voilà, le Bataclan repose impérieusement la question de savoir qui est le véritable ennemi des Corses : la France ou cette mouvance islamiste dont le respect de la Corse et de ses traditions n’est pas précisément le projet.

Lorsqu’il retrouve la liberté, son cheminement intellectuel amène Nicolas Battini à rompre avec la lutte armée. Il se rapproche alors des autonomistes de Gilles Simeoni, au pouvoir dans la région depuis 2015, conciliant un attachement toujours fort à la Corse et une rupture avec le nationalisme décolonialiste. Mais c’est sans compter sur l’entourage du très progressiste Simeoni, qui compte notamment une certaine Lauda Giudicelli, militante woke revendiquée avec laquelle l’écriture inclusive, l’idéologie LGBT, l’immigrationnisme et autres « luttes intersectionnelles » entrent en force au sein de l’exécutif corse.

Un conservatisme identitaire

Pour Nicolas Battini, il y a dès lors urgence à repenser en profondeur les bases même de sa vision de la cause corse. En rupture totale avec les idéologies progressistes auxquelles se réfèrent autant les nationalistes que les autonomistes, et qui ouvre la porte à un possible « Corsistan » islamisé, il se réclame désormais d’une forme de conservatisme identitaire, dont il convient de préciser le sens. Alors que la mouvance identitaire continentale prône un « nationalisme européen » (notion, au demeurant, discutée), l’identité dont se réclame Battini est corse et française, enracinement local et attachement national, au sens où pouvaient l’entendre communément un Barrès et un Maurras.

Puisant aux sources du nationalisme corse originel, hérité de Paoli puis du corsisme tel qu’exprimé notamment par le mouvement A Muvra dans les années 1920, Nicolas Battini entend construire une nouvelle voie, une alternative enracinée au progressisme cosmopolite autant qu’au jacobinisme républicain. Traduction concrète de ce projet, l’association culturelle Palatinu a donc vu le jour et, plus récemment, son pendant politico-électoral, Mossa Palatina. Rendez-vous, donc, aux prochaines échéances électorales car, Nicolas Battini l’assure, l’alternative future au progressisme sera identitaire (au sens corse), libérale, conservatrice et populaire.

Vos commentaires

16 commentaires

  1. je suis allée une seule fois en Corse. quelle ne fut pas ma surprise de voir le nombre de musulmanes voilées, au pied des HLM. Dans ma naïveté je pensais que ça n’existait pas en Corse étant donné leur réputation de fierté pour leur pays. Là j’ai pensé que leur réputation était bien surfaite.

    • j’y ai vécu de 1985 à 2016, j’ai vu le changement petit à petit, puis accélérant, je me souviens du marché place d’armes à bastia, plus aucun étal « français »…..je suis partie pour la Bretagne, pas certaine que ce soit une bonne idée

      • Ma pauvre!…Il est vrai que si vous arrivez en Bretagne et n’êtes pas Breton, vous serez considéré et traité comme un « Étranger ». Maintenant qu’ils voient arriver les vrais étrangers, ils sont bien contents d’accueillir les Français de souche… Beaucoup de personnes font la même constatation que moi. Pour les vacances (avec l’argent qui va avec) c’est bien, mais pour y vivre… Le vote des législatives va nous révéler que les Bretons ont peut-être enfin compris!..

  2. J’aime le peuple Corse pour y avoir passé plusieurs années à différentes périodes. Les gens de cette partie de la France ont les respectent lorsqu’on est capable de passer le cap du tourisme imbécile. Ils sont très accueillants et vous font découvrir leur région autrement qu’avec le guide du routard. En Corse on vit, on ne court pas après le temps Je dirais que les Corses c’est une grande famille et ils ont raison de se faire respecter.

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