Livre : Les Vérités cachées de la guerre d’Algérie, de Jean Sévillia
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56 ans après les accords d’Évian, que peut-on encore apprendre de neuf sur cette page terrible de notre histoire nationale où la tragédie historique servit d’arrière-plan aux drames humains les plus singuliers ?
Déjà auteur à succès de l’Histoire passionnée de la France (2013) et de Écrits historiques de combat (recueil composé de Historiquement correct, Moralement correct et Le Terrorisme intellectuel, 2016), plume institutionnelle du Figaro Magazine et du Figaro Histoire, l’essayiste Jean Sévillia s’est, comme à son habitude, attelé à démêler le vrai du faux, le bon grain historique de la vérité de l’ivraie politique de la propagande.
Pas sûr, néanmoins, que l’auteur, malgré une solide étude de plus de 400 pages, soit parvenu à désamorcer la crise qui couve depuis un demi-siècle. En effet, parce qu’il s’agit de l’Algérie, la chose devient autrement plus grave dans la mesure où, des deux côtés de la Méditerranée, la polémique demeure explosive au point d’exacerber des haines recuites à l’heure où ceux qui ont connu l’Algérie française sont soit déjà morts, soit très âgés. Chaque Président français se croit systématiquement obligé de consentir un propos plus ou moins repentant (cf. les déclarations d’Emmanuel Macron, alors candidat à la présidentielle, parlant de la colonisation comme d'un « crime contre l’humanité »), légitimant de ce fait, mécaniquement, un pouvoir algérien à bout de souffle qui, depuis cinquante ans, fait reposer sa légitimité branlante sur les mensonges les plus éhontés de l’historiquement correct forgés à dessein au détriment de la France.
Jean Sévillia, dans le sillage qu’il avait lui-même creusé dans ses ouvrages antérieurs, s’attache précisément à « présenter une synthèse de l’histoire de la guerre d’Algérie qui échappe au travers » de l’historiquement correct : l’anachronisme (l’inéluctabilité de l’indépendance, évidente avec le recul du temps, n’était qu’un point de vue minoritaire jusqu’en 1958-1959), le réductionnisme (la guerre d’Algérie n’opposait pas seulement notre pays aux terroristes du FLN, mais résultait d’un "emboîtage de conflits multiples dont celui opposant le FLN à ses rivaux du MNA"), le mensonge par omission (quid des massacres d’Européens ayant provoqué la répression de Sétif en 1945 ?), le manichéisme (pourquoi se scandaliser des « exactions » des militaires français mais pas de celles des poseurs de bombes du FLN ?), l’indignation sélective (les morts du métro Charonne le 8 février 1962 sont-ils plus respectables que les fusillés de la rue d’Isly du 26 mars ?) et l’occultation (pourquoi taire les massacres d’Européens à Oran le 5 juillet 1962, comme ceux des harkis après l’indépendance ?).
Livre précieux au service du combat pour la vérité historique, on saura gré à son auteur de n’avoir pas éludé la question, sensible et délicate entre toutes, de la… « question » (pourtant officiellement abolie par Louis XVI). Chronologiquement, le FLN poussa, le premier, à la montée aux extrêmes, ce qui a pu engendrer des réactions tout aussi extrêmes de la part de l’armée ou de la police. Cependant, « il n’y a pas eu généralisation de la torture, mais une certaine banalisation : tout le monde en parlait, mais rares étaient les tortionnaires ».
L’on n’a jamais pardonné à l’armée d’avoir pratiqué la torture, accusation outrageuse et exagérée qui a servi et sert encore à délégitimer leur présence – et celle de la France – en Algérie. L’on ne sache pas que l’on ait eu de semblables pudeurs à l’égard des atrocités commises par le FLN à l’égard de ses coreligionnaires qui avaient fait le libre choix du drapeau tricolore. À l’heure où la France se voit submergée par des milliers de migrants auxquels elle ne doit rien, il convient de se souvenir que le pouvoir gaullien alla jusqu’à abandonner les supplétifs harkis à leurs bourreaux, quand il ne refusait pas de les accueillir dans ses baraquements de fortunes de Rivesaltes ou du Larzac.
Dans quel camp se trouve la honte ? Et ceux qui devraient avoir honte sont plutôt fiers aujourd’hui…
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