[LIVRE] Marre du train-train ? Prenez le train !

Philibert Humm. Capture écran librairie Mollat sur YouTube
Philibert Humm. Capture écran librairie Mollat sur YouTube

Pour le commun des mortels, emprunter la Seine pour se rendre de Paris à la Normandie, c’est un périple sinueux ; avec Philibert Humm, jeune écrivain aventurier, auteur d’un Roman fleuve à succès, c’est carrément tordant. Ceux qui avaient aimé son inimitable style pince sans rire, sa manière de camper des situations absurdes, ses aventures désopilantes façon boy scout, ses réflexions touchantes et profondes sur l’esprit de camaraderie, la France qui fout le camp, mais la capacité donnée à chacun de s’évader au vent de la liberté près de chez soi vont se régaler de son deuxième opus qui vient de sortir : Roman de gare (Equateurs).

Après le bleu, couverture cartonnée rouge cette fois-ci, formant une série dont on a hâte de lire la suite et un emplacement choisi dans la bibliothèque. Parce que comme lui, les lecteurs de Philibert Humm aiment les objets, tels que ceux qui illustrent à chaque chapitre les croquis ingénus de notre Tintin d’aujourd’hui. Tout commence par un aveu qui nous prend à témoin :  le banquier de Philibert s’inquiète de ses comptes à sec, et ses copains de bistrot le trouve accoudé là depuis trop longtemps pour quelqu’un qui se pique d’aventure… Face à ce double défi, écrire un conte pour remplir ses comptes, notre ami prendra le train, à la suite de ces premiers aventuriers américains, utilisant les trains de marchandise aux destinations inconnues pour vivre les derniers instants de liberté d’une époque qui allait, après celle du rail, devenir celle du fer, du feu, du métal, des robots et des aliénantes machines.

Hobo or not to be

Hobo : voilà le nom qu’on leur donnait et que Philibert se donne, flanqué d’un compagnon de choix, Simon rebaptisé Buck, à l’américaine, bon vivant, fort en gueule et en gueuleton, aussi gros que l’autre est frêle, rustre que l’autre est policé, Hardy que l’autre est Laurel, Obélix que l’autre est Astérix…

Les pages défilent alors à travers toute la France, et c’est encore dans le train qu’il est le plus plaisant de le lire, pour guetter par la fenêtre si les deux camarades ne vont pas se camoufler par la trappe d’un wagon de marchandises, courir sur la voie après le train qui vient enfin de s’élancer, ou trouver le passage dans le grillage qui les ouvrira au risque et à l’aventure.

Les saillies ne cessent pas et le comique de situation est partout, dans un livre qui fait du bien, un livre à lire et à rire, avec ce qu’il faut de nostalgie et ce qu’il faut d’espérance dans une France qui défile mais dont il reste quelques chemins de traverse pour qui veut bien les emprunter.

Une France hors des rails, libre, aventureuse, franchouillarde, drôle, nostalgique et touchante, où l’on accepte de renoncer aux injonctions infantilisantes « éloignez vous de la bordure du quai », « vous allez vous faire pincer très fort », ou « pour votre sécurité merci de récupérer vos bagages » !

Merci Philibert, et vivement de prochaines aventures !

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

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