[LIVRE] Mémoricide de P. de Villiers : revigorant, lucide, jamais désespérant
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Plus de mœurs, d’autorité, d’unité ni de sécurité. Ce livre, Mémoricide (Fayard), est un cri d’alarme face à l’urgence, au danger de mort de la France. Un cri du cœur - voire d'un double cœur, car « la Vendée n'est pas un département comme les autres » et le « Vendéen est un réfractaire » - pour réveiller les jeunes générations endormies, rendues inertes par les « accommodements raisonnables », par quarante années de renoncements à combattre le multiculturalisme et l’islamo-wokisme. Une lâcheté politique qui a laissé gangréner notre identité, avachi notre réactivité, aboutissant à la situation actuelle que BV se fait fort de dénoncer lucidement à longueur de journées.
Ce nouvel ouvrage, le trente-deuxième, que l’on espère ne pas être le dernier, pourrait constituer un testament, tant il synthétise la pensée et l'action de celui qui a consacré sa vie au combat politique puis métapolitique, portant haut et fort l’esprit français et la voix de la liberté ; au local, national et international, et ce, quel qu’en soit le prix à payer. Ce grand affectif se livre avec émotion pour décrire les humiliations, les railleries. « On me racialisait, on m’éthnicisait. On travaillait à provoquer la risée. » Ceux qui se sont tant moqués du Vicomte et de sa chevalière apprendront dans ces lignes qu’elle revêt une signification particulière. Héritage millénaire d’une famille qui, de génération en génération, a payé l’impôt du sang. Son grand-père la portait en 1914, et tombant après avoir reçu une balle dans la poitrine, cria « Vive la France ». Son père la glissa à son doigt à l’âge de dix ans et prêtait serment devant le cercueil de le remplacer. Promesse tenue, et torturé par les SS, il dissimula cette même chevalière sous une dent pour ne pas que les boches la lui confisquent.
Ouvrage de combat
Certes le Vendéen aspirait à cette bien légitime « soif d’un immense retirement » sur son « Aventin des Alouettes ». Mais n’abdiquant pas l’honneur d’être une cible, il accepte de redescendre dans l’arène pour notre plus grand plaisir, qu'il en soit remercié ! Et il se surprend à constater que la boucle est bouclée : lors de son arrivée rue de Valois, on le caricaturait déjà avec une marionnette des Guignols face au fameux tableau de Léonard de Vinci et une Cène plutôt douteuse. C’est avec cette même Cène singée honteusement lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, que l'écrivain introduira cet ouvrage de combat. « Il ne restait plus, dans les boues de la Seine bactérienne et bacchanale, que les affleurements des récifs livrés aux larves planctoniques ». Avec ce ton savoureux dont les lecteurs se délecteront, et un lyrisme certain que ce baladin, expert en spectacle vivant, puise dans son immense culture, mais surtout dans ce sentiment amoureux qu’il voue à la France éternelle ; d’une lucidité implacable, il étrille en près de quatre cents pages les mensonges, le progressisme et les totalitarismes qui risquent bien de nous faire oublier notre Histoire, nos racines et notre identité.
Dénonçant cet immense mémoricide qui frappe les esprits et annihile les consciences, Philippe de Villiers aurait pu signer un opus désespérant, les sujets ne manquent pas pour cela. Mais ce serait sans connaître celui qui marche fidèlement dans les pas de son maître. Alexandre Soljenitsyne s’est rendu en Vendée en 1993 et le grand dissident lui a appris que l’on pouvait « ouvrir la voie de la sortie des catacombes, en balisant un petit chemin de lucioles réfractaires ». Face à l’idéologie révolutionnaire qui a toujours cherché à détruire notre humanité, le Vendéen répète à qui veut l’entendre qu’il nous faut retrouver le goût de la transcendance. « L’homme pour respirer ne peut vivre qu’entre l’humus et la lumière, c’est le message de Soljenitsyne » nous confiait un jour le fondateur du Puy du Fou. Et cette lumière, celle de ces petites lucioles, ne s’éteindra jamais, car Philippe de Villiers rappelle comme un message d’espérance, que « la minorité, c’est l’avant-garde, et que ce sont les minorités qui font l’histoire. » C’est précisément pour ce petit nombre restant qu’il lègue avec panache ce témoignage, puisant dans ses souvenirs et son expérience enracinée, pour aiguiser les esprits, affuter la pensée et assurer ainsi la survie de tout un peuple français.