Livre : Nouvelle Histoire de l’ultra-gauche, de Christophe Bourseiller

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On sait confusément que l'agitation violente de ce que l'on appelle aujourd'hui l'ultra-gauche ne remonte pas aux sabotages de McDo ou au noyautage du mouvement des gilets jaunes. On croit se souvenir que le sectarisme intellectuel, le goût pour l'action violente ou l'internationalisme anonyme de ces braves gens ne date pas d'hier. Le livre remarquable de Christophe Bourseiller rafraîchira toutes les mémoires, plongera dans des abîmes méconnus de l'agitation bolchevique et ouvrira des perspectives passionnantes.
Parenthèse, au passage : cette sotte dénomination d' « ultra-gauche » contraint ceux qui l'utilisent à une surenchère vertigineuse. On n'avait pas, jadis, tant de pudeurs pour qualifier ce que l'on appela longtemps par des vocables plus clairs : gauche, anarchisme, bolchevisme, terrorisme, etc. C'est un peu comme le fait de condamner tout ce qui bouge avec « la plus grande de toutes les fermetés ». Cela ne laisse plus beaucoup d'articles à choisir dans le magasin de fermetés du gouvernement quand il y en aura vraiment besoin. Passons.
L'ouvrage de Christophe Bourseiller, journaliste érudit aux multiples passions et talents, est à la fois très dense, parfaitement renseigné et exhaustif. En remontant aux racines de la « mouvance d'ultra-gauche », c'est-à-dire aux clubs communistes hollandais et allemands des années 1920, il analyse ensuite patiemment la sédimentation idéologique de ce courant : avec les apports successifs du communisme italien, de certains surréalistes, des trotskistes, des situationnistes, des autonomistes puis des zadistes ou tadistes (pour ne citer que les « istes » les plus célèbres), c'est une véritable hydre, portée par certaines constantes (audace, appropriation de la scène médiatique, sectarisme, puérilité, etc.) et traversée par de nombreuses scissions et tensions, qui émerge en ce début de siècle.
Voici une lecture indispensable à qui veut comprendre ces ennemis toujours impunis qui bénéficient de la souriante complicité des élites de notre temps, satisfaites de retrouver leurs vingts ans en contemplant des feux de poubelle. Certains répliqueront sans réfléchir qu'ils n'ont aucune envie de connaître leurs ennemis. On leur objectera que c'est le préalable nécessaire pour les vaincre.
Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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