[L’ÉTÉ BV] [LIVRES] Quand le wokisme verrouille les films et les séries

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Cet article vous avait peut-être échappé. Nous vous proposons de le lire ou de le relire.
Cet article a été publié le 29/09/2023.

À l'occasion de l'été, BV vous propose de redécouvrir des livres qui ont marqués l'année écoulée. Aujourd'hui, Woke Fiction de Samuel Fitoussi.

Blanche-Neige, nanophobe ? Indiana Jones, sexiste ? La série Friends, homophobe et raciste ? OSS 117, sexiste, ringard, réac’ et raciste ? À l’heure de l’inclusion et de la diversité, le septième art et les séries n’échappent pas à la censure woke. Dans Woke Fiction, un essai aux Éditions du Cherche Midi, Samuel Fitoussi analyse avec précision « l’asservissement de la fiction à des contraintes idéologiques. Et à l’idéologie woke en particulier ».

« Ce programme comprend des représentations datées et/ou un traitement négatif des personnes ou des cultures […] Ces stéréotypes étaient déplacés à l’époque et le sont encore aujourd’hui. » Par un message qui s’affiche en introduction des plus célèbres de ses dessins animés (Le Livre de la Jungle, Peter Pan, Les Aristochats, La Belle et le Clochard...), Disney, un genou à terre, s’excuse de véhiculer des stéréotypes racistes. Ces films d’animation qui ont bercé tant d’enfances se retrouvent mis au ban de la célèbre société de production et même interdits au jeune public. Pire : Autant en emporte le vent, l’un des plus gros succès de l’histoire du cinéma, est retiré pendant un temps de la diffusion après la mort de George Floyd aux États-Unis.

Le septième art pour rééduquer

Et pourtant, comme le souligne Samuel Fitoussi, la cancel culture n'est pas la seule menace lancée contre le cinéma. Les réécritures sont, elles aussi, un véritable fléau. Adieu, donc, les accusations de nanophobie, Blanche-Neige évoluera désormais sans nains. Et sans prince, tant qu’à faire. Finies, les critiques de racisme contre Peter Pan. Dans la version 2023, le jeune héros est indien et son acolyte, la fée Clochette, est noire. Pour le jeune chroniqueur du Figaro, ces réécritures sont loin d’être neutres. Au contraire. « La fiction ne doit plus nous imiter, elle doit nous éduquer », explique-t-il. Et même nous « rééduquer », aurait-il pu écrire. Il n'est désormais plus question de fiction mais d'idéologie.

Montrer des héros vertueux, discriminer les minorités, effectuer un découpage identitaire de la société, ne pas pratiquer d’appropriation culturelle, ne pas propager de stéréotypes de genre, montrer des personnages non blancs gentils et des Blancs méchants, détester les hommes, déconstruire les normes… Telles sont les nouvelles règles woke qui doivent régir la production culturelle. À l’aide de logiciels, les scénaristes n’évaluent alors plus leurs récits selon le seul degré d’originalité ou de créativité mais selon leur degré d’inclusivité. Les plus grandes académies du cinéma, à commencer par celle des Oscars, mettent en place des critères stricts – quasi totalitaires, diront certains – pour intégrer et noter les productions. Un des acteurs principaux doit être issu d’un groupe ethnique sous-représenté ou bien 30 % du casting doit relever d’un groupe discriminé (femmes, ethnie minoritaire, LGBTQ).

BAC Nord dénigré

Ces nouveaux critères comptent désormais bien plus que le jeu des acteurs, la mélodie de la musique originale ou le talent du réalisateur pour espérer obtenir la petite statuette. Et malheur aux équipes de films qui tentent de déroger à cette règle ! En France, note Samuel Fitoussi, il arrive, ainsi, « encore que certains scénaristes n’intègrent pas les injonctions woke, que certains réalisateurs cherchent à raconter une bonne histoire plutôt qu’à véhiculer les bons stéréotypes ». Mais « ces films n’obtiennent pas la validation morale de la presse progressiste militante ». À peine sorti dans les salles obscures, BAC Nord, de Cédric Jimenez, malgré son succès populaire, a fait l’objet d’une importante campagne de dénigrement, voire de boycott. « Son crime le plus grave est de ne pas avoir perpétué de stéréotypes négatifs sur les forces de l’ordre. »

Le plus grave n’est pas tant que des films soient « annulés ». Non, « le problème aujourd’hui, c’est ce qui n’est plus produit »,  alerte l'auteur. La présidente de Disney TV Studios l’admettait elle-même : « Nous recevons parfois des scénarios magnifiquement écrits qui ne remplissent pas nos conditions d’inclusivité et nous les refusons. » « Combien de chefs-d’œuvre n’ont pas vu le jour ? », s’inquiète alors Samuel Fitoussi. Car, n’en déplaise à France Inter, qui a tenté de décrédibiliser sur ses ondes le jeune auteur, nous « espérons que cela ne durera pas ».

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 22/07/2024 à 11:47.

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

32 commentaires

  1. Il est certains qui n’ont rien inventé (même l’esclavage, qu’ils ont beaucoup pratiqué et pratiquent toujours) et qui critiquent tout. Incapables de tout et capables de rien, ils viennent, tels des parasites, expliquer à ceux qui les ont sauvé, qu’ils sont méchants et racistes. Est-ce chez nous que l’on se découpe à la machette ? Les dits « woke » devraient s’appeler « distroye ».

  2. Beaucoup de ces contes et de ces histoires datent d’une époque où la plupart des gens ne savaient pas et n’avaient jamais vu une personne d’une autre couleur que celle de leur entourage. Alors il faut être totalement stupide et ignare pour vouloir faire comme si ces gens vivaient de nos jours et et réécrire des oeuvres qui nous ont fait réfVée lorsuqe nous étions enfants. Mais le wokisme rime avec doctrinaire et stupidité.

  3. Plus de beaux films ? Alors, rouvrons les livres ( les classiques d’avant 1940; Jules Verne, par exemple…) Dommage pour nos petits-enfants qui n’en auront pas « plein les yeux » d’émerveillement devant Bambi ou Fantasia..

  4. Ne vous alarmez pas. Gardons notre sang froid. Toute cette agitation wokiste n’intéresse et ne passionne qu’un micocosme d’intellectuels déjantés en mal de notoriété. Le commerce les soumet , le client potentiel garde la main. Dans un siècle passé on les aurait peut-être baptisés  » des précieux et ridicules ». La nature a horreur d’être dérangée. Elle reprendra ses droits. Dans nos provinces nous sommes à des lieus de ces considérations, de leurs applications. Nous continuons de tracer notre sillon traditionnel. Ils peuvent en déranger la bonne forme d’un coup de pied ravageur mais l’essentiel reste en place, sa trace se maintient.

    • Ne pas s’alarmer trop vite, d’accord, mais rester vigilants quand même. Quand on voit ce qui se passe dans les publicités télévisuelles, sans réactions apparentes du grand public, on voit que le wokisme progresse à grands pas (diversité mise en avant, le genre devenu norme, etc…)!

  5. l’interview de S.Fitoussi sur les ondes de France-Inter est un remake des procès stanilens et si , à la fin de l’émission il était reparti entre deux agents de la » Force de la Pensée  » on n’aurait pas été surpris

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