[LIVRE] Quand l’Histoire de France éclaire subtilement l’actualité
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Pour une partie des députés et des électeurs de LFI, la France est née en 1789, la Révolution fut un parcours de joie et de progrès et Robespierre un délicieux humaniste. Une plongée dans le livre riche de culture, d’Histoire et d’histoires de Guillaume Perrault élargirait utilement cette focale. Les lecteurs du Figaro comme les téléspectateurs de CNews connaissent ce journaliste rédacteur en chef en charge de l’Histoire qui offre régulièrement des mises en perspective historiques de l’actualité. Il les a étoffées et rassemblées dans un ouvrage de 350 pages, Voyages dans l'Histoire de France, qui paraît dans la collection Tempus des Éditions Perrin. L’objectif est élevé. « Rien ne me rendrait plus heureux que la certitude d’avoir restitué avec véracité un épisode du passé, payé ma dette envers ceux qui nous ont précédés et transmis l’amour de l’Histoire », écrit dans sa préface Guillaume Perrault. Mission réussie, avec cette fresque qui plonge dans le passé de notre pays, comme la pipette du maître de chai, et tend discrètement un miroir et quelques sujets de réflexion au Français de 2025.
« L’honneur du nom FRANÇAIS »
Car chaque page de l'Histoire éclaire à sa façon l’actualité : le lecteur traverse le temps sans que Perrault ait besoin de souligner les rapprochements toujours délicats. Pourtant, comment ne pas mesurer le gouffre entre Louis XIV et les gouvernants d’aujourd’hui ? Lorsqu’il conte les maux physiques terribles auxquels le grand Louis XIV eut à faire face (dents, maladies diverses, fistule, etc.), Guillaume Perrault glisse en note cette adresse du grand roi, déjà âgé, à ses sujets, le 12 juin 1709. Une adresse qu’on lit ce jour-là « dans les églises du royaume après la messe » : « Quoique ma tendresse pour mes peuples ne soit pas moins vive que celle que j’ai pour mes propres enfants, quoique je partage tous les maux que la guerre fait souffrir à des sujets aussi fidèles […], je suis persuadé qu’ils s’opposeraient de même à la recevoir à des conditions également contraires de la justice et à l’honneur du nom FRANÇAIS. » Et Louis XIV a écrit lui-même le mot « français » en majuscule. Tendresse pour un peuple qu'il compare à ses enfants, souffrance de la guerre, souci de la justice et de l’honneur de ses administrés… On saisit quelque chose du rapport du roi aux Français de 1709 et de l'attente déçue des électeurs d'aujourd'hui.
Lorsque Guillaume Perrault se penche sur l’aventure de John Law, brillant, léger, flambeur et amateur de coups financiers, on touche du doigt la prodigieuse course à la dette de la France et la dangereuse fragilité de nos finances publiques. « Le pari va plus loin, écrit Guillaume Perrault. Fin août 1719, il convainc la couronne de recevoir de la compagnie du Mississippi un prêt de 12 milliards de livres pour racheter la quasi-totalité de la dette publique française à long terme » en échange d’actions de sa compagnie. L’aventure se conclura, comme on le sait, par un effondrement financier qui ruinera quantité de petits actionnaires français, préparant ainsi la Révolution. En 1720, la couronne désavoue l’entreprise de Law. Les billets de banque sont brûlés comme des chiffons dans une cage de fer à Paris : « C’est ainsi que finit ce jeu prodigieux de la fortune, écrit alors Voltaire, qu’un étranger inconnu avait fait jouer à toute une nation. » Law est mort dans son lit, riche et tranquille. La France, elle, n'en a pas fini ni avec la dette ni avec les bulles financières.
Dans son chapitre « Guerre de Vendée, ces vérités qui dérangent », l’auteur plonge, cette fois, dans les pages sombres de l'Histoire, dans la noirceur humaine. Il suscite, sans y faire la moindre allusion, un rapprochement avec ceux qui se revendiquent, aujourd’hui encore, de Robespierre. « Le 12 juin 1793, deux députés écrivent au Comité de salut public : "Ce sont les femmes, les vieillards, les enfants qui nous font le plus de mal, car ils sont les supplétifs des insurgés et leurs espions, et nous devons le dire : vous ne réduirez ce pays qu’en déportant la génération actuelle dans d’autres points de la France et en le remplaçant d’hommes nouveaux". » Comme une évocation du Grand Remplacement…
Hommage à Pompidou et Aron
Guillaume Perrault évoque encore « L’Antisémitisme de gauche, une vieille affaire depuis 200 ans » et interroge avec une naïveté feinte : « L’homme qui a fondé Sciences Po après la guerre de 1870 reconnaîtrait-il son école ? » Enfin, chiffres et dates en main, avec une rigueur historique sans faille, l'ouvrage taille en brèche le récit entretenu par la gauche sur le déroulement du 6 février 1934, « tentative de coup d’État fasciste », selon elle, qui laissa 15 morts sur le pavé. « Rien ne développe l'intelligence comme les voyages », écrivait Zola. Ce Voyage dans l'Histoire de France ne déroge pas à la règle.
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