[Livre] Quand Roselyne Bachelot se paye les cultureux

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Le moment est venu de dire ce qu’elle a vu. Ce début de quinquennat fleure la fin de règne. Tandis que les Présidents président, les arrivistes sont arrivés et les ministres administrent, les déçus mitraillent. L’ancien ministre de la Culture de Jean Castex et Emmanuel Macron publie 682 jours. Le bal des hypocrites (Plon, 283 pages).

On peut penser ce que l’on veut de Roselyne Bachelot, tant elle est critiquée, caricaturée et parfois moquée par ses pairs. Sa carrure, ses tailleurs vifs et son franc-parler sont désormais célèbres dans toute la France. Dans un savoureux petit ouvrage dont les bonnes feuilles sont déjà sorties (notamment l’anecdote de la flèche de Notre-Dame de Paris en forme de pénis géant voulue par Brigitte Macron), Roselyne Bachelot règle ses comptes avec un mélange de déception, de colère froide et cette pincée de truculence qui est désormais sa marque de fabrique. Entre critique acerbe de la Macronie et des parasites de la culture, ce livre apporte une bouffée d’air frais. Sa destruction de la cérémonie des César vaut le détour. Celle qui s’est battue pour sauver la culture en période Covid n’a pas aimé du tout la cérémonie : « On pourrait attendre du monde du cinéma, gavé d’argent public, à défaut de reconnaissance - ne demandons pas l’impossible ! -, du moins un salut bref et courtois au représentant de l’État […] La fameuse « exception culturelle » permet en effet à de très nombreux films français de "ne pas trouver leur public", comme on dit pudiquement, ou plus explicitement d’être des bides. » Pas de salut bref et courtois...

Ses coups, elle les réserve aussi à ses anciens amis de l’UMP. En témoigne cette petite phrase sur Xavier Bertrand « qui assurait fièrement ne pas vouloir sauter dans le Titanic avant le naufrage alors que toute la troupe LR composait un tableau digne du Radeau de la Méduse ». On a droit, aussi, à un tableau assez révélateur de ce que fut la culture à l’heure de la gauche toute-puissante des années Mitterrand : « Tous les protagonistes du système culturel ont vite compris que c’était open bar à Valois [rue de Valois à Paris, le siège du ministère de la Culture), écrit Bachelot. Programmation inexistante, dossiers rudimentaires, clientélisme à tous les étages : on comprend facilement pourquoi cette période a laissé chez certains artistes, devenus ainsi des thuriféraires enragés, le souvenir d’un rêve éveillé. » Ces artistes qui se comportent comme des enfants gâtés et ingrats, Roselyne Bachelot les a dans le nez. En particulier Benjamin Biolay. Ainsi dénonce-t-elle les « propos désobligeants » du chanteur, alors qu'il ne faisait pas partie des « plus à plaindre du système ». « Vous m'avez mis au pain sec ! », lui a-t-il lancé publiquement. « Sa tartine en tout cas était bien beurrée, et des deux côtés », réplique aujourd'hui l'ex-ministre.

Bachelot montre à quel point la politique est une affaire de grandes ambitions et de bassesses humaines, souvent les deux à la fois. La Comédie humaine est plus vive encore lorsqu’on touche au ministère de la Culture. Un livre à lire si l’on veut confirmer ce que l’on a déjà deviné sur cette caste de l’entre-soi culturel. Avec Roselyne Bachelot, le désastre culturel prend un tour jubilatoire.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

23 commentaires

  1. Encore une qui crache dans la soupe après s’en être gavée au détriment du peuple .Qu’a t’elle fait ou laissé dont elle puise se vanter ………

  2. « En même temps »,la pétulente à de gros besoins et fait le « buzz » pour faire vendre son bouquin avec les ingrédients habituels de la bassesse.

  3. A 76 ans Bachelot doit tirer sa révérence car elle profite toujours bien du système qu’elle dénonce.

  4. Comme on dit dans notre langage pieds Noirs imagé… »Eh ben ,elle n’a pas la honte qui lui monte à la figure « !!!!

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