[LIVRE] Un outil de résistance au formatage des idées : les Humanités !
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Le 7 novembre dernier, la première œuvre picturale produite par un robot doté d’intelligence artificielle a été vendue aux enchères pour plus d’un million d’euros. « Une étape de l’histoire de l’art moderne et contemporain » selon Sotheby’s, la maison de vente. La question d’un art, créé par un robot « humanoïde » interroge sur l’essence même de l’homme. Qu’est-ce qui différencie l’homme d’un animal ou, comme ici, d’une intelligence artificielle ? Pour Jean-Baptiste Noé, ce sont les Humanités.
En effet, selon le rédacteur en chef de Conflits, docteur en Histoire et professeur d’économie politique, les Humanités sont ce qui rend l’Homme vivant. L’étude des Humanités est « destinée à faire croître véritablement en humanité » écrit-il dans son livre, Que vivent les Humanités !, paru ce mois-ci aux éditions Boleine. L’auteur, à travers ce plaidoyer pour l’étude et le travail des Humanités explique à quel point elles sont indispensables à la vie humaine, à la vie dans la cité et à ce pour quoi l’homme est fait, la transmission. Le livre, tout aussi vif et percutant que lyrique, nous livre une formidable défense de ces disciplines souvent dénigrées par notre vision trop utilitariste du travail.
Les Humanités, selon l’auteur de cet opuscule, font l’humanité parce que « réceptionner » la culture, les lettres permet plus que la survie, la vie humaine : « Pourquoi les humanités ? Pour vivre. Ou plus exactement, pour être vivant. » Se les approprier pour mieux créer à son tour, et ensuite transmettre : « les humanités [qui] sont une triple action de vie : elles donnent la vie aux œuvres, à celui qui les transmet et à celui qui les reçoit. » explique-t-il, puisque l’Homme a un « devoir de réception et de transmission ».
Ce devoir oblige et l’auteur exalte le goût du travail et de l’effort, « le gai savoir » cher à Rabelais qui ne s’obtient pas sans un mal nécessaire. Il célèbre, ainsi, le labeur de l’homme qui sert la société, tout autant celui de l’ouvrier, du médecin, du paysan que celui de la mère de famille, « son rôle consistant à éduquer et instruire les futurs adultes » et d’ailleurs, construire une famille relève pour lui d’une véritable résistance voire d’un « héroïsme » : « fonder une famille et éduquer des enfants est un combat […] tant il faut lutter avec courage contre l’esprit dominant pour oser créer et développer une famille ».
Même s’il regrette que beaucoup « désertent le travail laborieux » des Humanités, il reconnait que « ce n’est pas complètement de leur faute puisque tout a été fait pour étouffer la richesse de l’Europe, occulter l’histoire, ne pas transmettre le savoir. » Encore une fois, criant d’actualité. Formidable outil de résistance au « formatage des idées, [au] conformisme intellectuel, [au] politiquement correct [qui] sont les ennemis mortels de la démocratie. » puisque, sans mots, l’homme ne peut s’exprimer et vivre en société, sans les humanités, un homme « emprunte [la voie] de la destruction. D’où les sauvages, d’où les émeutes urbaines ». Les Humanités parce qu’elles rendent véritablement humain seraient ainsi une arme et une force pour celui qui veut vivre en société et la faire durer.
Ce n’est pas un algorithme, tout humanoïde et créatif soit-il qui pourra prendre le relais de cette transmission. Loin de la complainte mélancolique, Jean-Baptiste Noé exhorte au combat. « La nostalgie et le romantisme n’ont pas leur place » pour « que vivent les Humanités ! »
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