[LIVRE] Un témoignage d’amour à l’Algérie française

quand on n'a que

Ceux qui, de moins en moins nombreux, ont connu le temps où l'Algérie était française se doivent de témoigner pour que la vérité ne tombe pas dans l'oubli. Si vous avez aimé cette Algérie ou si vous voulez la connaître, lisez l'ouvrage de Pierre Décaillet, préfacé par l'historien Gérard Crespo, dont le titre parodie une chanson de Jacques Brel - Quand on n'a que la haine à offrir en partage - mais qui est un véritable hymne à l'amour.

Ce livre, publié en 2019, reste d'une grande actualité dans la conjoncture politique actuelle. Il se présente comme une « Lettre ouverte à Slimane Zeghidour, écrivain et chercheur franco-algérien », rédacteur en chef à TV5 Monde, « né dans une mechta, au fin fond du djebel, […] près de Sétif en Algérie », l'Algérie où l'auteur a lui-même passé son enfance. Il cherche à faire comprendre à son destinataire combien il est victime des clichés, des lieux communs, des contre-vérités diffusés par les gouvernements algériens qui, depuis l'indépendance, sous le joug du FLN, incapables de faire prospérer un pays riche au départ des Français, ne se maintiennent qu'en faisant de la France le bouc émissaire de tous leurs maux.

Les politiciens français ont, aussi, leur part de responsabilité dans ce divorce difficile, pratiquant la désinformation, divulguant une « Histoire officielle » éloignée de la vérité, soumise à la bien-pensance et cédant trop facilement à la repentance. Vous trouverez, dans ce livre, une autre vérité que celle que colporte un Macron, pour qui la colonisation fut « un crime contre l'humanité », ou un Benjamin Stora, militant partisan plus qu'historien. Sans la moindre animosité, avec la mesure qu'on acquiert avec l'âge, l'auteur nous livre quelques souvenirs authentiques de son pays natal et nous rappelle, documents à l'appui – des QR codes, en bas de page, permettent d'accéder à des documents instructifs, interviews, vidéos et articles –, tout ce que la France a apporté à l'Algérie.

Ce livre veut lutter contre l'oubli, un oubli entretenu par une élite autoproclamée et une classe politique aveuglées par leur lâcheté, leurs préjugés et leurs arrière-pensées, qui n'écrivent l'Histoire qu'avec des omissions. Lutter contre la falsification de l'Histoire entretenue sur les deux rives de la Méditerranée. « C'est la dernière responsabilité qui nous incombe : éviter que nos enfants aient un jour les dents gâtées par les raisins verts de l'oubli. Écrire et raconter inlassablement, non pour juger, mais pour expliquer » : cette citation d'Hélie Denoix de Saint Marc, mise en exergue au début de l'ouvrage, traduit bien les intentions de l'auteur.

En lisant ce livre, vous accéderez, si vous ne la connaissiez pas, à la véritable histoire de l'époque coloniale : le rôle des pieds-noirs, loin d'être tous des colons qui « faisaient suer le burnous » mais des artisans, des commerçants, des paysans qui respectaient la population indigène, les deux communautés vivant en harmonie ; la fidélité des harkis qui croyaient en la parole de la France et furent massacrés ou parqués dans des camps ; ces soldats perdus, qui ont tout perdu fors l'honneur, sans oublier les métropolitains qui sont restés solidaires de leurs compatriotes d'Algérie. Vous apprendrez la vérité sur les origines de la rébellion, les complicités politiques, les soutiens internationaux, le terrorisme du FLN...

Ceux qui ont vécu sur cette belle terre ou ont été révoltés par la façon dont elle a été livrée au FLN, alors que l'armée française contrôlait tout le pays, liront l'ouvrage, sans doute avec quelque nostalgie, mais en partageant avec l'auteur l'élan de fraternité, l'amour de ce pays qui aurait pu connaître un autre destin. Avec l'espoir qu'un jour, libérée du FLN, l'Algérie se réconcilie avec la France.

Pour commander à la Librairie Pied-Noir : c'est ici.

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

3 commentaires

  1. Je vous recommande également « L’Algérie et la France » de Jeannine Verdès-Leroux (du CNRS) publié chez Robert Laffont. Un dictionnaire de l’Algérie Française. Une très grande richesse, une très grande diversité, quelques inévitables désaccords, mais c’est assez exhaustif sur à peu près tous les hommes, toutes les affaires, toutes les réalisations, tous les conflits qui ont marqué les 132 ans de présence de mes ancêtres dans ce Pays. La France n’a pas colonisé l’Algérie, elle l’a fondée. (Ferhat Abbas)

  2. A l’indépendance, la France a laissé en Algérie : de grandes villes en parfait état, 700 villages accueillants, des logements privés pour 1 million de personnes, 70 000 kms de routes dont 54 000 km goudronnées et en bon état, 4 500 km de voie ferrée, 23 ports dont 4 internationaux, 23 aéroports dont 12 capables de recevoir des avions lourds, des barrages irrigant 200 000 ha, une agriculture moderne : 4è productrice viticole au monde, 1ère exportatrice de mandarines, des industries agro-alimentaires, du bâtiment, tabac, papier, etc…

    Les forages du Sahara offraient à l’Algérie une rente jusqu’au 21 è siècle inclus : 1milliard de tonnes de pétrole, 3 500 milliards de m3 de gaz. La colonisation avait décuplé la superficie de la Berbérie, l’Algérie devenant le 10ème pays du monde par son étendue.

    Elle avait tous les atouts pour devenir un eldorado touristique, depuis les dunes du Sahara jusqu’aux plages de la Méditerranée.

    En un peu plus d’un siècle, l’évolution sautait plusieurs siècles, alors que la majeurs partie des gens vivaient sous des tentes à même la terre, la colonisation permettait l’émergence d’une classe moyenne, imposait l’enseignement (contrairement à ce qui se dit encore aujourd’hui par des menteurs patentés ou des artistes militants ignorants ou de mauvaise foi), développait l’agriculture, réalisait un quadrillage sanitaire exceptionnel des contrées. La misère reculait sans toutefois disparaître du fait de l’explosion démographique (population quadruplée). Que reste-t-il de tout cela aujourd’hui?

    « Il faut rompre à présent le pacte avec les monstres et les larves et oser fixer notre soleil de barbarie en face » (Mohammed Dib parlait des siens, pas de la France).

    • On ne parlera jamais assez de l’œuvre sanitaire de la France en Algérie et du combat acharné livré par les médecins de colonisation qui luttèrent et vainquirent des fléaux comme le trachome et le paludisme. L’assainissement de la marécageuse Mitidja, au prix du travail acharné des colons et de la vie de nombre d’entre eux, qui en firent un verger, un jardin et un vignoble doit également être signalé.

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