[L’œil américain] Attaque du Capitole : 22 ans de prison pour le meneur

Capitole

C’est la condamnation la plus lourde prononcée dans le cadre des poursuites engagées contre les émeutiers ayant pris part à l’assaut du Capitole, le 6 janvier 2021. Le 5 septembre dernier, Enrique Tarrio, un fils d’immigrants cubains âgé de 39 ans, ancien chef du groupe de militants radicaux Proud Boys, a été très lourdement condamné après avoir été reconnu coupable de plusieurs crimes, et notamment de complot séditieux.

« >Aujourd’hui, a déclaré le ministère de la Justice, dans un communiqué publié le jour mêmele leader des Proud Boys, Enrique Tarrio, a appris que la conséquence d’une conspiration visant à s’opposer par la force au transfert légal du pouvoir présidentiel est de 22 ans de prison fédérale. » La semaine dernière, quatre autres membres du groupe ont été reconnus coupables aux côtés d’Enrique Tarrio et condamnés à des peines de dix à dix-huit ans de prison.

Un complot séditieux

Tout au long du procès des Proud Boys, les procureurs se sont efforcés de démontrer que les évènements du 6 janvier ne correspondaient pas à une manifestation ayant mal tourné mais, bien plutôt, étaient le fruit d’un complot planifié visant à empêcher par la force la transition du pouvoir présidentiel. D’où le recours à la notion de « complot séditieux » qui avait été introduite en janvier 2022 à l’occasion du procès des membres d’une autre milice, elle aussi impliquée dans l’assaut du Capitole, les Oath Keepers, dont le leader, Stewart Rhodes, a été condamné en mai dernier à dix-huit ans de prison.

Pour bien comprendre l’enjeu de ces très lourdes condamnations et des qualifications pénales extrêmement graves retenues, il faut replacer les procès de ces milices dans la perspective plus large du grand récit médiatico-politique qui s’est imposé à la suite des événements du 6 janvier.

Pour les démocrates et la presse mainstream, il ne fait aucun doute que l’assaut du Capitole est le point culminant de la tentative criminelle de Donald Trump de porter atteinte à la démocratie américaine en se maintenant coûte que coûte au pouvoir alors qu’il savait avoir perdu l'élection présidentielle de 2020.

En décembre 2022, la commission chargée d’enquêter sur ces événements, mise en place en janvier 2021, résumait cette interprétation de la façon suivante : « La cause centrale du 6 janvier était un homme, l’ancien président Donald Trump, que beaucoup d’autres ont suivi. » « Aucun des événements du 6 janvier ne se serait produit sans lui », ajoutait la commission. Dans le prolongement des inculpations des militants radicaux, elle recommandait alors au ministère de la Justice d’engager des poursuites pénales contre l’ancien président, et notamment de le poursuivre pour incitation à l’insurrection et conspiration séditieuse.

Une conspiration criminelle dont Trump était alors considéré comme l’instigateur et les différentes milices les exécutants fanatisés. Lors du procès des Proud Boys, les procureurs ont ainsi allégué que les accusés avaient agi comme « l’armée de Donald Trump luttant pour maintenir au pouvoir leur leader préféré ». Le 6 janvier, loin d’agir au hasard, ils avaient donc exécuté un plan préparé à l’avance.

Un complot ourdi par Trump ?

Les différentes procédures engagées contre les milices peuvent alors être envisagées comme les pièces d’un même puzzle qui, petit à petit, est censé faire apparaître l’image du complot tentaculaire ourdi par Trump.

L’accusation de « conspiration séditieuse » retenue contre le chef de la milice des Oath Keepers « pourrait être utilisée par le parquet pour poursuivre des responsables à un niveau supérieur, y compris l’ex-président Donald Trump ou ses conseillers », écrivait le correspondant du Monde à Washington, en mai dernier.

Un espoir finalement déçu. En août dernier, l’ancien président a bien été inculpé par le procureur spécial Jack Smith de complot à l’encontre de l’État américain, mais les qualifications d’incitation à l’insurrection et de complot séditieux n’ont pas été retenues.

Comme le notait le Wall Street Journal, ce qui frappait le plus, dans cet acte d’accusation, était surtout ce qui n’y figurait pas : au-delà de ses tweets et de ses déclarations publiques, aucun lien n’avait été établi entre Trump et les groupes radicaux. Pas question, pour autant, de sortir du « grand récit » : dans sa déclaration à la presse, le procureur spécial expliquait en effet que « l’attaque du 6 janvier 2021 » avait été « un assaut sans précédent contre le siège de la démocratie américaine » qui avait été « alimenté par les mensonges » de Trump.

On comprend alors que, dans ce contexte, la condamnation du leader des Proud Boys ait redonné du baume au cœur à tous ceux qui ne voudraient pas voir le bel échafaudage politico-juridique s’effondrer comme un château de cartes. « Les poursuites des Proud Boys et des Oath Keepers préparent le terrain pour le procès Trump », titrait The Hill, en début de semaine. Dans Le Huffington Post, Andrew Weissmann, un ancien procureur, déclarait quant à lui que la perspective que Donald Trump ne soit pas condamné aussi lourdement que les Oath Keepers et les Proud Boys lui semblait désormais inimaginable. Bien loin d’avoir désarmé, les adversaires de Trump espèrent toujours le voir finir ses jours en prison.

Frédéric Martin-Lassez
Frédéric Martin-Lassez
Chroniqueur à BV, juriste

Vos commentaires

14 commentaires

  1. Quoi d’étonnant que des fraudeursayant pris le pouvoir grâce à l’appui de l’oligarchie, accusent leurs adversaires d’être des « séditieux »….S’ils n’avaient pas triché, ce e serait pour eux pas vital que de le faire….Imaginons, une révolte et Trulmpt reprenant le pouvoir, bien des leaders démocrates ont eux toutes chances de finir comme Madoff. Or, il suffit de connaître de braves gens outre Atlantique, et pas que les « pendants » de nos bobos des villes, pour savoir que TOUT LE MONDE SAIT là bas que c’est Trump qui avait gagné….Tricher avec les élections, c’est obliger l’adversaire à prendre les armes….On va bien rigoler

  2. O Politique,
    je te hais parce que tu es grossière, injuste, haineuse et bavarde.
    Parce que tu es l’ennemie de l’art et du travail,
    parce que tu sers d’étiquette à toutes les sottises, à toutes les ambitions,
    à toutes les paresses.
    Alphonse DAUDET

    « Pour résoudre définitivement la question sociale, il(s) propose(nt) de partager l’humanité en deux parts inégales. Un dixième obtiendra la liberté absolue et une autorité illimitée sur les neuf autres dixièmes qui devront perdre leur personnalité et devenir en quelque sorte un troupeau. » Dostoievski (Les possédés.)

    Rien de bien nouveau et de très évolué chez les « z’humains »; la routine de la médiocrité !!! Enfin, tant que je ne m’y résignerai pas …

  3. On constate à l’évidence que la justice américaine est aussi politisée que la notre. Et les magistrats y sont élus, ce qui, avec la même évidence, n’est pas un gage d’impartialité mais de sujétion politique.

  4. Toujours contre Trump et ils oublient Biden et fils , un peu comme ici , faut éliminer ceux qui menacent la bonne place tant convoitée et qui rapporte .

  5. Les agressions contre au plus haut degré par les démocrates qui ne portent que le nom, contre dont Trump la Justice en est le fer de lance aux états unis traversent l’Atlantique vers la France où nous en voyons que le début du commencement.

  6. Décidément, la « justice » et la presse américaines sont aussi corrompues et pourries que leurs homologues françaises. Ce qui n’est pas peu dire …

  7. Personnellement, je ne sais pas si Trump a commis des actes méritant de la prison, ce dont je suis sur, c’est que je ne voudrais pas avoir à faire à la « justice » américaine, pour des gens avec des neurones normaux, on ne comprend pas les décisions des tribunaux de ce pays. Exemple: Dominique Strauss Kahn, innocent sur le plan pénal (donc innocent), mais coupable sur le plan civil, il faut vraiment avoir fait des études de droit approfondies pour soutenir de telles aberrations. Par contre heureusement que les médias semblent être plus libres qu’en France.

    • La justice française n’a pas grand chose à envier à la justice américaine . Elle prend parti pour les racailles plutôt que pour les forces de l’ordre, elle dissout les associations pacifiques et refusent de le faire pour celles qui n’amènent que le désordre et bafouent les lois.

      • Tout à fait d’accord avec vous, je parlais de la justice américaine seulement, la notre est différente, mais pas mieux comme vous le dites.

  8. Je n’ai jamais cru à cette tentative de coup d’Etat , le Capitol est très certainement l’endroit le plus protégé au monde ,encore une grossière manoeuvre des opposants à Donald Trump .
    Je ne suis pas un admirateur des Etats-Unis ,le pays de tous les excès ou les plus grandes fortunes côtoient les plus grandes pauvretés ,mais également le pays des plus grandes réussites financières ,à condition d’avoir une bonne santé .

  9. Le monde entier a vu les magouilles du camp démocrate, et les juges à leur bottes veulent enterrer la vérité. Comme le dit David Niven dans le cultissime film The Brain (le cerveau) au volant d’un camion de pompiers toutes sirènes hurlantes, franchissant les barrières de police « le meilleur moyen de passer inaperçu est de se faire remarquer ». C’est la stratégie de Biden et fils qui eux trainent vraiment des casseroles, que dis-je, des batteries de cuisine.

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