[L’œil américain] Avalanche de chefs d’inculpation sur Trump

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L’inculpation, le 8 juin dernier, d’un ex-président mais, cette fois-ci, par la justice fédérale constitue donc une nouvelle « première fois » dans l’Histoire des États-Unis. Début avril, Donald Trump avait en effet déjà été mis en accusation devant le tribunal de New York dans l’affaire du versement d’argent à l’ancienne star du porno Stormy Daniels.

L'acte d'accusation de 49 pages rendu public vendredi indique que Trump est désormais visé par 37 chefs d'inculpation, et notamment pour « rétention d'informations portant sur la sécurité nationale » et « entrave à la justice ». Il est convoqué devant le tribunal fédéral de Miami mardi prochain à 15 heures.

L’été dernier, des agents du FBI avaient mené une perquisition spectaculaire dans sa luxueuse propriété de Mar-a-Lago, en Floride. L’ancien président était alors soupçonné d’avoir emporté avec lui, lors de son départ de la Maison-Blanche en janvier 2021, des documents classifiés et d’avoir entravé l’action de la Justice pour les récupérer. Des dizaines de cartons qui contenaient des documents confidentiels ou « top secret » avaient été saisis à son domicile.

Parmi eux, un document daté de juin 2020 « concernant les capacités nucléaires d'un pays étranger » ou encore un autre de décembre 2019 évoquant « le soutien d'un pays étranger à des actes terroristes contre les intérêts des États-Unis ». Des photos prises dans la résidence de Trump et contenues dans l’acte d’accusation montrent des boîtes parfois renversées sur le sol dans différents lieux de sa résidence allant d’une salle de bal à un débarras en passant par une salle de bains.

Sur son réseau Truth Social, Donald Trump a immédiatement réagi, dénonçant une nouvelle chasse aux sorcières, mais surtout en mettant en avant le fait que Joe Biden ne subissait pas le même traitement que lui. Début janvier, la presse américaine avait en effet appris que des documents classifiés avaient été également retrouvés dans un ancien bureau de Joe Biden ainsi que dans un garage de sa résidence familiale. Les documents dataient de l’époque où il était vice-président des États-Unis, sous la présidence de Barack Obama. Or, les révélations s’accélérant, il apparaissait que les premiers d’entre eux avaient été découverts le 2 novembre 2022, quelques jours avant les élections de mi-mandat. La Maison-Blanche avait pris soin de ne rien dire et d’attendre. Une situation bien embarrassante dont on attend les suites judiciaires et qui, manifestement, n’a pas donné lieu au même battage médiatique.

Pour le justifier, tant la presse mainstream que les collaborateurs de Joe Biden ont soutenu que les deux affaires étaient très différentes car l’actuel président avait, selon eux, pleinement coopéré avec la Justice, contrairement à Donald Trump. On peut cependant douter que cet argument suffise à convaincre non seulement les partisans de l’ancien président mais aussi, plus largement, de nombreux Américains persuadés de la politisation de la Justice.

Lors de la première mise en accusation de Donald Trump en avril dernier, un sondage de CNN avait montré que si 60 % des Américains approuvaient son inculpation, ils n’en étaient pas moins 76 % à considérer que la politique avait joué un rôle dans la décision qui y avait conduit. 52 % considérant même qu’elle avait joué un rôle majeur. Ce que Trump ne cesse de proclamer.

Un avis que semble partager le propriétaire de Twitter, Elon Musk, apparemment de plus en plus engagé dans le débat politique. « Il semble y avoir un intérêt beaucoup plus élevé à poursuivre Trump que d'autres politiciens. Il est très important que le système judiciaire s’oppose à ce qui semble être un traitement inégal, sinon il perdra la confiance du public », a-t-il déclaré, vendredi, à la suite de l’annonce de la seconde inculpation de l’ancien président.

Du côté des électeurs républicains, les procédures lancées ces derniers mois ne semblent pas avoir provoqué la chute attendue, bien au contraire. Trump reste très au-dessus de son principal challenger, Ron DeSantis, avec un écart de plus de 30 points.

« Tout indique que la crédibilité du système est en jeu comme jamais auparavant », s’inquiétait, samedi, un éditorialiste du New York Times qui, bien entendu, fustigeait les autres dirigeants républicains qui refusent de se joindre à l’hallali. Trump pourrait théoriquement aller en prison mais, s’il se retrouvait sur le banc des accusés face à un jury, il est probable que la Justice américaine serait également jugée, analysait-il.

Trump contre le « Système » : tout est là. Pour les élites médiatiques et politiques progressistes, le populisme MAGA représente une menace pour la démocratie. Pour les partisans de Trump, c’est l’establishment qui, rivé à ses privilèges et à son idéologie mondialiste, s’est coupé du peuple et a confisqué la démocratie. La fracture semble désormais insurmontable.

Plus Trump est attaqué, plus il est dénigré par les élites, plus l’Amérique des déclassés voit en lui son champion, comme le montrent les sondages. Dans un article paru dans le Wall Street Journal en 2018, la journaliste Peggy Noonan avait parfaitement analysé le phénomène. Si les partisans de Trump l'avaient choisi et soutenu en 2016, c’est parce qu'il n'était pas « normal ». « Ils avaient essayé la normalité ! Ça n'avait pas marché ! Bien sûr, c'est une brute, mais sa brutalité était la seule chose qui pouvait surprendre Washington, l'effrayer, la faire se réformer », écrivait-elle.

Cinq ans plus tard, Trump, bien qu’il ne soit pas parvenu pendant sa présidence à renverser la situation comme promis, se retrouve à nouveau au centre du jeu politique. Et les élites de Washington, qui croient en leur droit inaliénable à gouverner le pays, ne veulent toujours pas comprendre pourquoi.

Frédéric Martin-Lassez
Frédéric Martin-Lassez
Chroniqueur à BV, juriste

Vos commentaires

16 commentaires

  1.  » Il est très important que le système judiciaire s’oppose à ce qui semble être un traitement inégal, sinon il perdra la confiance du public ». Elon Musk aurait pu ajouter : « comme en France ». S’il sait où c’est.

  2. Il y aura tant de procédures lancées contre Biden dés qu’il aura remis les clés de la Maison Blanche, qu’il faut bien en apporter contre Trump pour contre balancer….ensuite négocier à micro fermés…!

  3. Y a-t-il un pays où « justice politisée » signifie justice qui penche du côté du Peuple ? Pourquoi dire « politisé » sans dire « de gauche » ? ça montrarait bien que la gauche sert l’oligarchie, prétendant le contraire.
    On a les mêmes à la maison et ils servent le même type de personnage que Biden contre des politiques plus à droite….

    • « ça montrerait bien que la gauche sert l’oligarchie, prétendant le contraire. » La gauche ne sert pas l’oligarchie, elle EST l’oligarchie.

  4. Merci Monsieur LASSEZ : ce qui est à retenir, avec plaisir, c’est ‘la bonne bouille’ de l’interessé (coupable présumé de tant de crimes !!), visiblement il n’en a cure, et,,ayant une fois de plus dénoncé la chasse acharnée aux sorcières….il est parti faire du golf !! BRAVO.

  5. Comme homme d’affaires, Trump a été régulièrement poursuivi pour ne pas avoir payé ses travailleurs. Trump, comme la plupart de ses adversaires des partis républicain et démocrate, sert les intérêts de la classe des milliardaires. Lui aussi est hostile aux droits des travailleurs. Lui aussi soutient le détournement de centaines de milliards de dollars fédéraux vers l’industrie de la guerre pour maintenir l’empire. Trump, dépourvu d’empathie et incapable de remords, est la personnification de notre société malade. Il est ce que la culture d’entreprise cherche à infuser chez ses adeptes.

  6. calomnier il en restera bien quelque chose , en tout cas cela signifie que c’est maintenant officiel trump est déclaré vainqueur des prochaines élections !imaginez la famille biden avec toutes leurs casseroles apprendre que trump est en passe de gagner sa réelection ; pas etonnant que papy fait tout pour influencer les magistrats

  7. Ce que c’est de subir une pénurie de papier toilette, Trump à raison il s’est dit que ces papelars seraient plus utiles comme papier cul que comme de vieux papiers inutiles encombrant la maison Blanche.

  8. Où en est l’enquête concernant l’affaire du fils et père Biden ?
    Leur haine envers Trump font de lui un « martyr » !
    La démocratie est spoliée par des États voyous , en France, la constitution est dévoyée par notre « blanc-bec » nous sommes dirigés par Bruxelles, sorte de coup d’état déguisé ?

  9. Le système politique occidental est totalement corrompu et toutes ces affaires soulignent qu’un vent de panique s’empare du pouvoir en place. Souhaitons que Trump renverse la table.

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