[L’œil américain] En Caroline du Sud, Trump l’emporte face à Nikki Haley

trump

Avec presque 60 % des voix contre 39,5 pour son adversaire, Donald Trump a infligé, ce week-end, une défaite cinglante à Nikki Haley dans son État d’origine, la Caroline du Sud, dont elle a été autrefois gouverneur. Un échec d’autant plus significatif que, depuis le début de la campagne, les résultats de la concurrente de l’ancien président se révèlent assez largement artificiels.

Le système des primaires ouvertes, en Caroline du Sud comme dans le New Hampshire, lui a, en effet, permis d’obtenir le soutien massif d’électeurs indépendants, voire démocrates, qui fausse la perception de son niveau de popularité réel au sein de son propre parti. Les sondages à la sortie des urnes ont montré, dans les deux États, une adhésion à Trump des électeurs républicains autour de 75 %. Ce qui dégonfle fortement les scores apparents de Nikki Haley.

Haley soutenue par les démocrates ?

Pour autant, si on s’agace dans le camp de Trump, ce n’est pas seulement en raison du vote de potentiels soutiens de Biden en faveur de Nikki Haley mais aussi en raison de leur appui  financier, comme l’analysait récemment Politico. « Plus de 5.200 donateurs de la campagne de Biden en 2020 ont soutenu financièrement Haley, dont environ 1.600 qui lui ont permis de récolter plus de 500.000 dollars rien qu’en janvier », notait le média après avoir étudié le dernier rapport de collecte de fonds de la candidate déposé auprès de la Commission fédérale électorale.

Pour certains analystes conservateurs, la campagne de Nikki Haley est ainsi devenue une opération politique démocrate visant à retarder l’investiture de Trump. Un retard qui empêche le Parti républicain de s’unir dès maintenant autour de son champion et de renflouer ses finances mises à mal par les millions de dollars qu'il lui faut dépenser pour faire face aux multiples procédures judiciaires dont il fait l’objet.

Des critiques qui ne perturbent pas Nikki Haley, bien décidée, malgré son échec, à poursuivre la course. « J’ai dit plus tôt cette semaine que quoi qu’il arrive en Caroline du Sud, je continuerai à me présenter à la présidence. Je suis une femme de parole », a-t-elle déclaré après l’annonce des résultats.

Une détermination qui ravit la presse progressiste qui voit en Nikki Haley l’incarnation d’un Parti républicain plus acceptable et surtout éloigné des bataillons de partisans MAGA qui constituent la base populiste inébranlable de Trump. Ce « panier des déplorables » dont parlait Hillary Clinton en 2016, composé, d'après elle, de « racistes, sexistes, homophobes, xénophobes, islamophobes ».

« Les "good ol’ boys" [les bons vieux garçons] ont récidivé », écrivait, ce samedi, une éditorialiste du Washington Post, affichant son mépris de classe à l’égard de ces ploucs de mâles blancs qui croient encore aux valeurs traditionnelles. La Caroline du Sud, expliquait-elle doctement, est un « désert culturel » rural où vivent des gens « défavorisés économiquement et sans instruction » avec de nombreux Blancs qui « se sentent exclus, marginalisés et sont souvent désespérés ».

Or, ajoutait-elle, ce que « les hommes blancs républicains du type de Trump ne supportent pas, c’est une femme qui est plus intelligente qu’eux et qui le leur fait savoir ». Une analyse qui en dit long sur le regard que portent les élites éveillées de Washington sur les classes populaires qui se dérobent à leurs injonctions morales et idéologiques.

Un électorat trumpiste diversifié

En réalité, cette fois encore, ce ne sont pas seulement les « petits Blancs » qui ont voté pour l’ancien président. Par rapport à 2016, Trump a très nettement amélioré ses performances au sein de l’électorat aisé et diplômé de Caroline du Sud. S’il regroupe autour de sa candidature plus de 70 % des électeurs à faible revenu, il est passé, chez ceux à haut revenu, de 27 % en 2016 à 49 % lors de cette primaire. Concernant le niveau d’instruction, il fédère 77 % des non-diplômés mais est néanmoins passé de 26 % à 45 % d’adhésion au sein de l’électorat diplômé.

Comme nous l’avions évoqué pour ses victoires dans l’Iowa et le New Hampshire, la majorité de Trump se diversifie sociologiquement mais aussi racialement. En Caroline du Sud, 62 % des électeurs blancs de la primaire mais aussi 55 % des électeurs de couleur ont voté pour Trump, d’après des sondages réalisés à la sortie des urnes.

S’il on ajoute à ces éléments le fait que l’ancien président a obtenu 84 % du vote des électeurs qui se définissent comme « très conservateurs » et 58 % de ceux qui se définissent comme « plutôt conservateurs », on retrouve la dynamique électorale qui porte Trump et qui va à l’encontre du récit médiatique dominant. Ce que l’on constate, c’est l’émergence d’une majorité populiste conservatrice multiraciale qui se constitue en réaction à la radicalisation du Parti démocrate ces dernières années.

Il n’y a pas que les classes populaires blanches qui souffrent de l’inflation et qui sont effrayées par une immigration hors de contrôle, la criminalité et les délires woke concernant la race, la théorie du genre, l’apocalypse climatique ou encore le soutien aux terroristes génocidaires du Hamas.

« En Caroline du Sud, le mouvement trumpiste gagne du terrain chez les conservateurs diplômés », s’inquiétait, récemment, le correspondant du journal Le Monde à Washington. Parti en reportage afin d’ausculter un électorat jugé à la dérive, le journaliste dressait quelques portraits de partisans de Trump qui, à défaut de lui ouvrir les yeux, confirmaient de façon saisissante les évolutions en cours.

« Les trumpistes ne sont pas les ploucs édentés que présentent les médias », expliquait au correspondant Yvonne Julian, responsable d’un comité local du Parti républicain, rencontrée lors d’une réunion de militants. Son profil, tel qu’il était décrit, semblait effectivement à contre-courant des caricatures régulièrement assenées dès qu’il est question des partisans de Trump : noire, chrétienne, diplômée et ayant fait carrière dans l’industrie chimique. Une synthèse ! Pour le journaliste du Monde, plutôt un oxymore.

Frédéric Martin-Lassez
Frédéric Martin-Lassez
Chroniqueur à BV, juriste

Vos commentaires

19 commentaires

  1. On devrait se réjouir de constater l’émergence de cette majorité « populiste, conservatrice et multiraciale » que seul Trump peut provoquer dans l’Amérique actuelle! Et souhaiter une même évolution en France, avant que Macron ne tente de régler son compte à …Poutine !

  2. Une vice présidente noire et Trump remporte totalement l’élection, même avec les magouilles et coups fourrés démocrates.

  3. Quoique avec peut de convictions pour quelque soit un chef des états d’Amérique peut être que Trump lui seule peux nous éviter une troisième guerre mondiale dont Macron en rêve éveillé en nous expliquant qu’une victoire Russe finirait comme cette vieil histoire éculée datant de la guerre froide qu’un matin on se réveillera avec les tanks Russe place de la concorde.

  4. La primaire ouverte, celle là je ne la connaissais pas. Merci à BV de me l’apprendre, ce n’est pas France-Info qui va me le dire.

  5. Le mépris de la classe dirigeante démocrate pour le petit peuple est le même que l’on voit dans notre pays. Ne pas s’étonner alors de la montée de Trump ou du RN qui défendent ces sans dents, ces ploucs comme le pense Macron. La révolte des peuples ne fait que commencer.

  6. Haley n’existe que grace à Trump qui en avait fait son embassadrice à l’ONU, ingratitude féminine qui mord la main qui l’a nourrie. Que les démocrates lui portent assistance , rien d’étonnant, mais cela l’enfonce un peu plus, le peuple américain n’aime pas les traitres.

  7. Trump est la cible de l’opposition comme chez nous . Mais je souhaite qu’il gagne ces élections cela changera beaucoup de choses au niveau de l’UE et pour notre petit souverain .

  8. Aux States comme chez nous, les juges sont à l’œuvre. Pour tuer Trump, ils multiplient les procédures. Chez nous, ils excusent les racailles et emprisonnent les policiers. Ils s’attaquent à la liberté d’expression, torpillent les lois en faisant fi de la volonté du peuple. Ils cachent volontairement des informations… Ils détournent et abusent de leurs pouvoirs. Il est grand temps de mettre fin à cette dictature…

    • « ils excusent les racailles et emprisonnent les policiers » Et malgré cela, les policiers en question n’en restent pas moins les miliciens de ce pouvoir dégénéré qui ne pourrait plus mettre un pied à l’extérieur des ministères s’il était privé de cette protection. On ne peut s’avilir à servir un maître honni et se plaindre « en même temps » qu’il n’hésite pas à vous sacrifier au moindre faux pas.

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