L’OFB, la nouvelle police de l’environnement, redoutée par les agriculteurs 

AGRICULTURE

Les agriculteurs français, survivants de la crise sanitaire, des épidémies animales et des récents aléas climatiques, doivent aujourd’hui faire face aux contrôles inopinés des agents de l’Office français de la biodiversité (OFB). Presque toujours présumés coupables par cette police de l’environnement, fondée en 2020, les agriculteurs, acculés par les normes, sont à bout.

Des intrusions inopinées

Il s’appelait Christophe. Il avait 52 ans et était betteravier dans l’Oise. Le 3 octobre dernier, au petit matin, Christophe s’est donné la mort. Deux jours plus tôt, cet agriculteur, maire de son village, avait reçu une convocation judiciaire de l’OFB. Il était accusé – sans preuve, selon la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles – d’avoir traité au glyphosate un chemin en bordure de sa parcelle. Pendant neuf mois, Christophe n’a cessé de clamer son innocence, en vain. L’OFB maintenait ses accusations. C’en était trop pour l’agriculteur qui, après un cambriolage et l’annonce de sa convocation, s’est suicidé.

Son décès a ébranlé l’ensemble du monde agricole. Car comme Christophe, les agriculteurs sont de plus en plus nombreux à redouter les contrôles des agents de l’OFB. Taille de haies à la mauvaise saison, destruction involontaire d’un abri de castor, épandage de pesticides… tout peut devenir un motif de contrôle, rapporte un article du Figaro. Sur dénonciation du voisinage ou de façon inopinée, la police de l’environnement s’introduit sans avertir sur les propriétés agricoles. Une intrusion qui est « difficile à supporter et accroît l’inquiétude de l’agriculteur contrôlé », note un rapport gouvernemental. Armés, ces agents ont pour mission de s’assurer du bon respect des normes et législations en vigueur. Souvent peu informés de la réalité du terrain, ils n’hésitent pas à engager des poursuites au moindre écart. Accusés, les agriculteurs risquent au mieux un rappel à la loi, au pire une amende voire la prison. Un lourd tribut pour une profession déjà minée par les difficultés économiques.

Face à l’OFB, les agriculteurs réclament plus de souplesse, de compréhension et le respect de la présomption d’innocence. Car si l’OFB, doté de pouvoirs de police judiciaire, assure mener des enquêtes pour étayer chaque accusation, quelques affaires montrent en réalité que certains agents n’hésitent pas instrumentaliser la Justice à des fins militantes. Ainsi, en avril 2021, comme le révélait Le Point, un pommiculteur grenoblois s’était vu accusé de pulvériser massivement un pesticide dangereux et d’avoir tué des insectes. Après le passage en garde à vue, une unique photographie et l’expertise étaient venues confirmer les inquiétudes des agents de l’OFB. Mais c’est là que le bât blesse. Cette expertise réputée neutre et objective était, en réalité, menée par un vétérinaire aux positions idéologiques connues qui ne s’était même pas donné la peine de se rendre sur les lieux. L’agriculteur s’était retrouvé condamné, « pour l’exemple », à 50.000 euros d’amende.

Overdose normative

Derrière ces contrôles de l’OFB si souvent dénoncés, c’est en réalité une multitude de normes, en perpétuel changement, que les agriculteurs ne supportent plus. Aux normes agricoles sont venues s’ajouter des normes écologiques, des normes commerciales, des normes sanitaires et maintenant la question du bien-être animal. Les agriculteurs se retrouvent pris dans un véritable tourbillon administratif et peinent à se mettre à la page sur tous les sujets. Et ce, malgré les neuf à dix heures passées chaque semaine à gérer la paperasse administrative.

Chaque jour, des agriculteurs, menacés par les cambriolages à répétition, endettés et contrôlés, se donnent la mort. Chaque année, des centaines d’exploitations mettent la clef sous la porte faute de moyens et de reconnaissance. Alors que les contrôles de l’OFB représentent une pression morale dont les agriculteurs se passeraient bien, un peu d’humanité ne serait sans doute pas de trop.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 21/01/2023 à 7:49.
Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

45 commentaires

  1. C’est dramatique d’arriver au point de se suicider parce qu’on n’en peut plus des perversités de l’administration. Je sens que bientôt mon propre pays va me dégoûter.

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