L’offensive russe sur Kharkiv et la pénurie de soldats ukrainiens vont-elles imposer la paix ?

Capture d'écran
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La guerre en Ukraine semble être passée au second plan de l'actualité. Certainement la faute aux drôles de guerres françaises qui viennent de se réveiller, cette semaine, à Incarville et en Nouvelle-Calédonie. La faute, aussi, au tournant que semble prendre le conflit et au changement de ton que l'on perçoit dans les médias français.

Sur le terrain, l'offensive russe autour de Kharkiv, quels qu'en soient les objectifs réels (gains territoriaux, création d'une zone tampon comme l'affirme Poutine, choc psychologique sur l'opinion ukrainienne voyant la grande ville de Kharkiv [1,4 million d'habitants] menacée ou ouverture d'un second front intenable pour l'Ukraine), pose réellement problème à l'Ukraine. Les évacuations de civils las de la guerre se multiplient. Le président Volodymyr Zelensky, dans un entretien exclusif à l'AFP, a dit s'attendre à une offensive d'ampleur : « Ils ont lancé leur opération, elle peut être constituée de plusieurs vagues. Et ça, c'est leur première vague. » De fait, les Russes ont engrangé leurs plus importants gains territoriaux depuis 2022, avançant par le nord et par l'ouest, comme le constatent les envoyés spéciaux des médias français. Une Russie en position de force menaçant la deuxième ville du pays, n'est-ce pas la situation idéale pour un Poutine cherchant à imposer une paix à ses conditions ?

La presse semble pencher vers cette option, à la voir relater sans fard (cette fois...) les difficultés structurelles de l'armée ukrainienne. Structurelles, c'est-à-dire, d'abord, démographiques. Ce conflit qui a surpris par sa mortalité digne des tranchées nous a rappelé qu'une guerre, même à l'âge de l'intelligence artificielle et des drones, est une affaire d'hommes. Or, le combat pourrait cesser, faute de... combattants. Et de combattants ukrainiens. Alors que la Russie alimente ses forces de 30.000 nouvelles recrues par mois, l'Ukraine voit ses brigades se vider et son recrutement se tarir. D'où la loi que vient de promulguer Zelensky, ce samedi, qui abaisse l'âge de la conscription à 25 ans. Or, le général Desportes, que les lecteurs de Boulevard Voltaire connaissent bien, estime, sur France 24, que c'est « une mesure nécessaire, mais qui était attendue depuis trop longtemps et qui a été prise de manière trop tardive ».

En effet, les témoignages de gradés ukrainiens se multiplient dans la presse occidentale sur la pénurie de soldats que n'arrivera pas à compenser la loi. France info rappelle les propos du commandant en chef de l'armée de terre ukrainienne Oleksandr Pavliouk : « Peu importe l'aide que nous recevons [...], la quantité d'armes dont nous disposons : nous n'avons pas assez de personnes », ajoutant cette évidence curieusement oubliée par notre Président à nous et nos commentateurs jusqu'à ces derniers jours : « Un drone ne vole pas tout seul. » Un autre officier cité est encore plus cash : « Nous manquons chaque jour de soldats. Nous manquons de personnel [...] car pour une raison ou une autre, la mobilisation n'est pas au rendez-vous. » La presse occidentale se résout subitement à nous fournir quelques chiffres de la démographie implacable. Ainsi, selon le quotidien britannique The Financial Times, « en mars 2022, l'âge moyen d'un soldat ukrainien était environ de 30 à 35 ans [...] Un an et demi plus tard, cette moyenne a augmenté de dix ans pour atteindre les 43 ans en novembre 2023. » On ne nous dit pas encore le nombre de soldats ukrainiens morts ou blessés, mais il semble considérable, vu la situation décrite. L'armée ukrainienne est épuisée, fatiguée, vieillissante. Les témoignages recueillis par Europe 1 vont dans le même sens : « Dans toutes les brigades, il manque 40 % d’effectifs. » Un officier ukrainien ajoute : « On fait face à une vague de désertions parmi les jeunes conscrits. »

S'acheminerait-on enfin vers des négociations de paix ? C'est ce que croit savoir Europe 1, pour qui « les chancelleries occidentales sont en train de préparer une action diplomatique coordonnée pour convaincre Volodymyr Zelensky d’accepter le principe de négociations ». Il semble bien que le conflit soit à un tournant. Il reste à espérer que Zelensky comme Poutine se montrent à la hauteur de l'enjeu, tout comme les Occidentaux. Et que notre Président cesse sa politique de gesticulations pour tenter de redonner à la France un peu de sa crédibilité perdue : ses menaces d'intervention, alors qu'aujourd'hui il y a le feu dans ses prisons et en Nouvelle-Calédonie, semblent plus que jamais irresponsables et ridicules.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

127 commentaires

  1. Montesquieu a dit deux choses importantes La première est qu’en matière de guerre il ne faut pas confondre les causes apparentes avec les causes profondes et la seconde qu’il ne faut pas confondre ceux qui l’ont déclenchée avec ceux qui l’ont rendue inévitable
    Montesquieu

  2. Irresponsable et ridicule. C’est bien l’image de notre président dans le Monde. Vous avez tout dit, M. Sirgeant.

  3. La vérité, toutes les vérités sur ce conflit et ses origines sontimpossible à énoncer : trop long, trop « explosif » et qui est prêt à les entendre TOUTES. Une chose est süre. Il est temps de négocier et d’arrêter le massacre. Ce conflit est suicidaire, et pour les Ukrainiens, et pour la Russie et pour les Européens. Tous se déchirent pour le Roi de Prusse, en l’occurence l’Oncle Sam.

  4. En 2022 avant l’offensive Russe, j’ai mis des messages sur internet pour rappeler que l’URSS avait eu 20 millions de morts en combattant le nazisme et qu’il était impossible de vaincre la Russie. Les soi-disant esprits supérieurs qui dirigent l’occident n’ont pas admis cette évidence et ont persisté dans leur plan irréaliste de reverser V. Poutine en utilisant les Ukrainiens comme chair à canon. On voit le résultat : un désastre… Mais pouvait-on attendre autre chose de Joe la Gâtouille qui a tenté de faire oublier sa débâcle en Afghanistan en soutenant cette guerre insensée qui a jeté la Russie dans les bras de la Chine, renforçant ainsi cette dictature qui est le pire danger pour nos démocraties ?

      • Les infrastructures vous touchent plus que les 14 000 ukrainiens du Dombass tués de 2014 à 2022 par leurs compatriotes ukrainiens.

      • J’ajouterais à mon propos: d’autant qu’ils sont grandement responsables de cette guerre et de son évolution. Je ne sais plus qui disait: « il faut distinguer ceux qui fond la guerre de ceux qui la rendent inévitable »

  5. Cette guerre est une aberration ;comme si L’Ukraine avait eu le moindre soupçon de chance de l’emporter. Certains l’ont cru ou voulu le croire.

    • Exact….c’était comme imaginer un teckel puisse battre un grizzly…et , de plus , s ‘il n ‘ y avait pas eu ces livraisons d’armes occidentales , il y a bien longtemps qu ‘on en parlerait plus !!

  6. Il est facile d’encourager…de loin! Les Ukrainiens sont au coeur des opérations et réalisent le peu de chances qu’ils ont de gagner cette guerre que beaucoup jugent de surcroit fratricide. Contrairement à ce que l’on nous serine quotidiennement, le vertueux Zelensky, de plus en plus rejeté par ses concitoyens, pratique lui aussi le « quoi qu’il en coûte » pour sa seule gloriole. Peut-être serait-il prudent de sa part de reconsidérer la position de Poutine, n’en déplaise à nos acharnés tartarins!

  7. Ceux qui pensent que pour obtenir la paix l’Ukraine devrait céder le Donbass à la Russie ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Une telle « paix » reviendrait à reconnaitre que tout agresseur pourrait envahir un voisin car il serait sûr d’obtenir un gain territorial certain. Autrement dit, le crime paie.

    • En suivant votre commentaire, l’UE devrait agresser la Russie sur ses terres ; elle obtiendrait ainsi un gain territorial. Il est vrai que la Russie à mis 8 ans et 14 000 morts dans le Dombass avant d’intervenir ; ils ont supporté la trahison des accords de Minsk par les français et allemands ; pendant 20 ans, ils ont laissé l’OTAN se positionner tout autour de leurs frontières… Je trouve que les russes ont été très patients. Et en 2022, je ne reviendrai pas sur la paix signée par Zelinsky en Turquie en avril qu’il a annulé sous la pression des anglo saxons…Les occidentaux ont cru que leurs crimes allait payer mais les russes on siffler la fin de la récré. Je ne vois pas plus loin que le bout de mon nez peut-être mais je regarde un peu dans le passé pour comprendre ce qui arrive.

  8. Je pense que si les négociations devaient commencer demain , elles se feraient sur les positions actuelles des Russes , des modifications pourraient avoir lieu mais à la marge , les conditions seront certainement celles que la Russie avait proposé à l’Ukraine en avril 2022 que Zélinski était prêt à signer avant Johnson le britannique l’en empêche .

  9. Enfin on reparle de paix. Repartir de l’accord qui avait presque abouti début 2022 serait un bon point de départ, avant que les américains ne viennent y mettre leur nez. La neutralité militaire de l’Ukraine calmerait le jeu vis-à-vis de la Russie qui ne ne souhaite pas avoir l’OTAN à sa frontière. Et ça n’empêche pas l’Ukraine de demander son adhésion à l’UE, mais il faudra faire attention au contenu de l’accord pour l’accession.

    • C’EST une blague ? ! … L’Ukraine n’a rien à faire dans une UE ! … Ce pays concentre tous les défauts de fonctionnement de ce machin qui est manipulé par des corrompus jusqu’à l’os ! … Et pourquoi pas la turquie, l’algérie et en même temps il y a bien la « macronie » ! …

    • Avec la Finlande dans l’OTAN, c’est la Russie elle-meme qui a rapproché les frontières de l’OTAN des siennes

  10. Plusieurs faits sont oubliés: la dette américaine (350 billions de $ selon le professeur Lawrence KOTLIKOFF) , la vente de l’or américain (attestée par DSK) , la neutralisation russe du réseau Starlink , les morts ukrainiens (au minimum 500.000), les missiles hypersoniques (une invention française) , la part de marché mondiale par les BRICS de 42 % du pétrole ( payable hors $) , la revente par la Chine , avant 2027 , de la totalité des obligations et des devises américaines … Il ne reste plus qu’à attendre l’implosion du $ !

  11. J’espère que les militaires Russes, vont reconquérir l’ensemble de l’espace perdue, en Septembre 2022 et qu’apres ils irront jusqu’à Kiev et encercleront Kiev ! Pour dire Aux Kieviens, vous êtes encerclez, plus ne sort et ne rentre dans Kiev ! Vous êtes fait comme des Ras ! Alors on négocie où on continue ?? C’est ce qu’à fait Ivan Breham le Colonel des armés Cosaques, pour reconquérir Kiev aux Polonais en 1651, avec l’appui et le renforts des Cosaques Russes du Tzar Alexey 1er ! Et il a gagné et Kiev et le reste de l’Ukraine furent débarrassés des Polonais ! Amitiés Franco Russe Hervé de Néoules !

  12. Biden, pour sa réélection, ne veut pas d’une paix avant novembre. Il voulait cette guerre. Il voulait être un président triomphant. Un accord de paix signifierait une défaite pour lui. Il insistera auprès des Européens, ses vassaux, de continuer cette guerre par procuration.

    • C’est Biden qui devrait comparaître devant la CPI ! Pour escroquerie contre l’Humanité !

  13. Ceux qui ont fuit l’Ukraine en 2022 et qui maintenant ont l’âge d’aller sous les armes ne regagnent pas leur pays et Macron voudrait envoyer des troupes françaises, il rêve ?

  14. Imposer la paix , il n’en n’est pas question car notre future Président de l’Europe , Monsieur Macron à décidé qu’il fallait faire la guerre aux Russes , et qu’il était prèt à envoyer nos soldats se faire massacrer en Ukraine .

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