L’Office français de la biodiversité épinglé par la Cour des comptes
4 minutes de lecture
La Cour des comptes a publié un rapport, le 17 avril 2024, sur l’Office français de la biodiversité (OFB), crée le 1er janvier 2020 à la suite de la fusion entre l’Agence française de la biodiversité (AFB) et l’Office national de chasse et de la faune sauvage (ONCFS). La Cour a dressé une série de recommandations pour l’OFB, implacable avec les agriculteurs mais au fonctionnement très perfectible.
Ses missions consistent en la surveillance, la préservation, la gestion et la restauration de la biodiversité terrestre, aquatique et marine, ainsi que la gestion équilibrée et durable de l’eau. Pour cela, il peut délivrer des procès-verbaux, des amendes, des avertissements judiciaires ou encore privilégier la pédagogie et la médiation. Il s’est fait surtout connaître, en France, pour sa police de l’environnement lors de la mobilisation nationale des agriculteurs en début d’année où plusieurs locaux de l'OFB avaient été dégradés. Cette police, qui a les mêmes prérogatives qu’une police administrative et judiciaire, est la seule à avoir un tel pouvoir en Europe, selon la Cour des comptes.
Celle-ci a pointé les manquements de l’établissement avec une fragilité financière, une absence de mesure d’impact des actions menées, un manque de déclaration des conflits d’intérêt, un manque de transparence quant à l’attribution des subventions et un cadre d’emploi rigide.
L’OFB court après l’argent
Les ressources mises à la disposition de l’établissement, comparées à celles dont bénéficient ses homologues européens, ont été jusqu’en 2023 insuffisantes pour couvrir l’ampleur de ses missions et pour faire face à la hausse des besoins de protection de la biodiversité, selon le rapport. De plus, la Cour a pointé le déficit, sur l’exercice 2023, de 10.917.013 euros à cause d’une dépendance à la conjoncture, après une première année positive en 2022, avec 17.442.362 euros. Cette quête vers l’équilibre explique peut-être la raison pour laquelle les agents de terrain de l’OFB n'hésitent pas à dresser procès-verbaux qui sont suivis d'amendes. C'est, en tout cas, ce que laisse entendre Jean Lefèvre, un agriculteur de l’Oise, membre de la FNSEA, interrogé par BV : « Nous dénonçons depuis plusieurs années que les agents de l’OFP viennent avec l’objectif de mettre une amende. À chaque fois qu’ils viennent, il y a amende qui s’ensuit. » Et d'ajouter : « Nous n’avons recensé qu’une visite de courtoisie, où les agents venaient pour nous prévenir que nous avions fait une erreur ! »
Un manque de communication et de transparence
Par ailleurs, toujours selon la Cour des comptes, l’OFB manque de transparence quant à l’attribution des subventions. La publication des informations concernant chaque aide individuelle de plus de 100.000 euros n’est pas prévue dans les procédures de l’OFB et il s’est contenté de publier la liste des subventions supérieures à 23.000 euros seulement pour l’exercice 2023. Les magistrats de la rue Cambon pointent aussi l’absence d’indicateurs d’impact et de qualité de service, en dépit de leur disponibilité dans la réglementation européenne, les traités internationaux, pour rendre compte des résultats de ses actions. Ils recommandent aussi le renforcement des obligations de déontologie : il a été relevé l’absence de charte rappelant à tous les agents leurs obligations, en particulier en matière d’intervention financière pour prévenir les conflits d’intérêts ou en matière de police.
Excès de zèle ?
Des méthodes dures ont été dénoncées, et pas seulement par les agriculteurs. En pleine crise agricole, le Premier ministre évoquait « la pression » des contrôles menés par les agents de l'Office français de la biodiversité. Les conséquences sont parfois plus lourdes que des amendes qui oscillent entre 100.000 et 400.000 euros pour « un accident de traitement », pointe notre agriculteur, Jean Lefèvre. « Dans l’Oise, à la suite d’un contrôle malvenu ou mal expliqué de l’OFB, un agriculteur s’est donné la mort ! L’OFB s’en est excusé », déplore-t-il.
Nous avions interrogé Céline Imart, agricultrice, eurodéputée LR, dans un précédent article de BV. « Une des revendications assez symboliques de la profession était de désarmer les agences de l’OFB. Quand elles viennent chez nous sur les exploitations, les agents arrivent armés avec un flingue à la ceinture comme Lucky Luke, comme s’ils allaient arrêter des chasseurs », dénonçait-elle. Lors de la crise agricole, devant les agriculteurs, Gabriel Attal s'était lui-même interrogé : « Est-ce qu'il faut vraiment venir armé quand on vient contrôler une haie ? » Passée la crise, le 15 mars, au grand dam des agriculteurs, la réponse tombait : les agents de l'OFB resteraient armés...
29 commentaires
Il ne faut pas oublier que la FNSEA a toujours été rétive aux contrôles de l’Etat que ce soit pour la jeune agence OFB, ou des services de la Répression des Fraudes ou des services vétérinaires d’Etat. Les gens qui ne connaissant pas bien le sujet ont vite fait de prendre partie, en oubliant la quantité de pollutions, actes délictueux sur la nature,qui sont réalisés par une infime partie du monde agricole, mais aussi par des industriels , des particuliers… Tout le monde semble avoir conscience que la biodiversité est en péril en France comme partout dans le monde; par ailleurs, sachez aussi que les pesticides ont pollué tout un pan de la faune, insectes et oiseaux compris. Il ne faut pas taper sur ces agents qui ont du mérite à faire un travail ingrat face à une opinion publique qui se laisse manipuler comme des girouettes, un jour contre les agriculteurs, plus tard, ils les soutiennent parce que Bruxelles leur impose trop de normes.
Il y a une majorité de paysans consciencieux mais n’oubliez pas qu’il existe des pollueurs avérés, des destructeurs d’oiseaux ( capture par filets pour les vendre), des braconniers et des entreprises qui déchargent leurs gravats n’importe où sans prise en compte des dégâts sur l’environnement.
Et c’est trop facile de traiter ces agents de « Lucky Luke « ….si Nature se meurt peu à peu ne vous en prenez pas aussi facilement à ces agents qui tentent de préserver le VIVANT !
maud , c’est bien dit , mais tout faux , il faut savoir de quoi on parle !
Le montant des amendes doit abonder le budget général, ceci devrait rendre plus conciliants les fonctionnaires chasseurs de primes .
Les agriculteurs sont traités comme des délinquants pendant que les vrais délinquants, les vendeurs de drogues, font leur job en toute tranquillité ? Où est-on ? Montesquieu, Descartes, Hugo, et tous les grands penseurs qui ont fait la France, revenez ! MM les médias, faîtes votre boulot !
Autant à mes yeux, les policiers et les gendarmes qui ont une mission de protection doivent être armés, autant des contrôleurs de haies ou de pesticides sont ridicules avec le pétard à la ceinture. Cette posture relève d’un cran ce que les stratèges appellent le seuil nucléaire. Un mec qui vient de tuer ton entreprise et qui remonte tranquillement dans sa voiture avec son flingue à la ceinture… suicide ou carton, c’est vous qui voyez.
Ce n’est pas la faute des agents de l’OFB s’ils sont armés. Par arrêté interministériel, ils sont tenus de porter leur armement administratif en service. Ils sont issus de l’ancien ONCFS, le corps des gardes-chasse de longue date dotés d’armes pour pouvoir se défendre si besoin face à des braconniers armés.
Quel triste rapport !!! A quelle autorité officielle cet ‘OFB’ est il supposé obéir ??
Les constats de la Cour des Comptes seront ils suivis d’effets (ou, au moins, d’une mise en cause souhaitable !!! ?)
Bonjour Marcu,
1/ – L’OFB est un établissement public de l’Etat placé sous la double tutelle du ministère de la transition écologique et du ministère de l’agriculture.
2/ – Les rapports de la Cour des comptes n’ont aucune force contraignante. Ils ne valent que comme simples recommandations ne créant aucune obligation pour le gouvernement qui est libre d’y donner une suite favorable ou de les jeter à la poubelle selon son bon vouloir et son humeur du jour.
Foutez-nous la paix avec tous vos contrôles. Contrôlez plutôt tous les produits de m…e importés de Chine. Là, il y a du travail!…