Loi Asile et Immigration : ce n’est pas de la « fragilité émotionnelle », c’est le refus du réel !
Au terme d’une semaine de débats animés, la loi asile et immigration a été adoptée dimanche soir, en première lecture, à l’Assemblée. Un score honorable mais sans plus pour le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, puisqu’après 60 heures de discussions et l’examen d’un millier d’amendements, 228 députés ont voté pour, 139 contre et 24 se sont abstenus.
Comme toujours, c’est le détail des votes qui est intéressant et celui-là traduit la fracture profonde qui divise la société française. Les votes contre ont en effet rassemblé les voix des députés de gauche et de droite, les uns parce qu’ils jugent le texte trop répressif, les autres parce qu’ils le trouvent laxiste.
Parmi les abstentionnistes figurent 14 députés de la majorité présidentielle, ce qui est finalement peu relativement au poids médiatique accordé à ces modestes frondeurs. Un seul a voté contre, Il s’agit de Jean-Michel Clément. S’étant déjà opposé à la loi de moralisation de la vie publique et à celle sur la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, il vient d’annoncer qu’il quitte le groupe La République en marche. Ses amis du PS sont prêts à lui rouvrir les bras, mais si les jeunes socialistes de la Vienne lui ont lancé un appel dans la presse locale, le monsieur dit attendre des propositions concrètes…
Fustigeant les indécis dans son groupe de LaREM, la porte-parole des députés macronistes, Aurore Bergé, aurait déclaré selon le JDD : ce sont « des gens émotionnellement fragiles qui manquent de maturité politique ». Cris d’orfraie des fragiles en question et démenti immédiat de la dame qui concède seulement avoir dénoncé « une surexposition médiatique de ceux qui ne veulent pas voter le loi ». En quoi elle n’a pas tort…
Heurté, le député des Bouches-du-Rhône François-Michel Lambert a répondu dans un tweet : « J’avoue être émotionnellement fragile qd par mes choix politiques un enfant va être battu, enfermé, voire mourir. J’avoue être immature politiquement qd je pense au-delà des 65 millions de français, au 7 milliards d’humains, à la destruction de notre planète. »
Je sais bien qu’un tweet contraint à philosopher en 280 caractères, ce qui est un peu court pour développer une pensée, d’où l’indigence générale des propos. Mais en lisant cela, on se dit de deux choses l’une : soit Aurore Bergé a raison et M. Lambert est atteint d’une fragilité émotionnelle qui lui trouble le jugement ; soit il est enfermé dans un déni de réalité tout aussi dommageable pour le mandat qu’il détient et les citoyens qu’il représente.
J’évoquais ici l’autre jour l’ouvrage de Michel Schneider sur la psychopathologie des politiques. Nous y revoilà : Big Mother est à l’œuvre. On veut nous imposer pour la planète “en souffrance” l’obligation du soin, du maternage, de la prise en charge, de l’accueil et du logement prioritaires. La gauche du cœur est généreuse dès lors que le malheur vient d’au-delà des frontières. Les pauvres d’ici peuvent attendre.
Madame Aurore Bergé se trompe. L’émotion n’est pas la cause mais bien la conséquence d’une maladie qui ronge toutes ces belles âmes : le déni de la réalité.
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