Loi de bioéthique : comment en est-on arrivé là ?
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Il existe bien un droit à l’enfant que l’on pourra se procurer sans le concevoir. Objet d’un contrat entre adultes, il aura deux mères et il sera orphelin de père. Le Président est satisfait : il tient sa « promesse » ou son scalp.
Il y avait « la Chambre introuvable » : ce qu’on découvrait, hier, c’est une Chambre si pauvre en arguments, en éloquence, si inhumaine, qu’il fallut de l’endurance pour écouter jusqu’au bout les orateurs débiter leur hymne au progrès. Pour ce texte « équilibré, ambitieux, responsable », ni M. Touraine ni Olivier Véran ni le garde des Sceaux n’étaient là. Mais on a fait, hier soir, « de très belles choses » sur l’enfant sans l’enfant : une filiation simplifiée. Pendant quatre ans, j’aurai vu ce qu’est une idéologie : la fenêtre d’Overton ouverte peu à peu, le peuple qui consent, le politique qui tranche. Après 2.000 ans d’Histoire, en être là.
On retrouvait dans ces discours « les éléments de langage » familiers à la novlangue pour « accompagner la société qui évolue ». C’est à Mme Coralie Dubost que revient la palme des poncifs, quand elle présenta une loi d’un « progressisme humaniste qui fait échapper à la pesanteur du destin ». Bon Dieu ! avait-on envie de dire. Ce progressisme mettait l’accent sur « l’accueil de l’enfant » et sur le processus original de faire filiation comme ça, à la française, en « donnant une chance à l’amour. » Quel cynisme, pour ne pas dire culot ! On reconnaissait là les propos de M. Touraine sur « l’éthique à la française. »
En écoutant ces discours stéréotypés déroulant, ad nauseam, l’idéologie du progrès qui nie l’enfant — notre frère humain, fragile —, je pensais à cette pièce que l’on ne joue plus, Rhinocéros, de Ionesco, où tous les hommes, abdiquant leur humanité pour une idéologie, deviennent tous rhinocéros et trouvent beaux les monstres qu’ils sont devenus. Je pensais également à la pièce de Giraudoux : Électre, quand Électre dit à Oreste : « J’aime tout ce qui, dans ma naissance, revient à mon père… J’aime… comme il s’est couché, comme tout d’un coup, pour m’engendrer, il est sorti de ses pensées et de son corps même… »
Car, enfin, un enfant naît d’un homme et d’une femme. Un article du Figaro annonce une pénurie de sperme - dont le prix augmente déjà à la pompe -, des files d’attente et un coupe-file, des embouteillages au guichet. Bientôt la GPA. Jamais une loi bioéthique n’a été votée dans le divorce complet du Sénat et de la Chambre. Comment est-on arrivé là ?
La loi a 15 jours pour être promulguée. Le Conseil constitutionnel dira qu’il n’y a rien de contraire à la Constitution ? Une question se pose, en revanche, sérieuse, comme l’a fait remarquer une députée : que vient faire un article de loi sociétale dans une loi bioéthique ?
Si le Président Macron respectait notre devise républicaine, il ne ferait pas des enfants orphelins. S’il était fort, il ne passerait pas en force : la France est en morceaux. Saluons la belle intervention d'Emmanuelle Ménard. Mais la question demeure, lancinante. Comment en est-on arrivé là ?
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