Loi de finances 2023 : les propriétaires paieront !

Chéméré,_Maison_bourgeoise

Il est vrai que le propriétaire est un présumé nanti. Je parle du propriétaire foncier, pas celui d’actions ou d’œuvres d’art. Selon l’INSEE, en 2021, 57,5 % des ménages étaient propriétaires de leur logement principal. L’INSEE ne précise pas la proportion de ceux qui « payent un loyer » à leur banque, sous la forme d’un remboursement de crédit, intérêts et principal. Le propriétaire foncier, un nanti qui ne semble pas avoir la cote en Macronie. N’oublions pas que c’est Emmanuel Macron qui a supprimé l’impôt sur la fortune, sauf sur l’immobilier. Certes, peu de Français acquittent cet IFI : en 2021, 153.000 foyers ont reçu un avis d’imposition sur la fortune immobilière, soit 0,37 % des foyers imposables dans notre pays. C’est peu, vous me direz, mais cet IFI symbolise la philosophie politique de la Macronie en matière patrimoniale. C’est, du reste, celle de l’Union européenne : personnes, marchandises, capitaux doivent pouvoir circuler en toute liberté. Le bien immobilier, par définition, ne circule pas. Ce qu’ont bien compris, d’ailleurs, certains étrangers richissimes qui achètent châteaux, hôtels particuliers ou terres agricoles par milliers d’hectares. Mais ça, c’est une autre histoire…

Donc, les propriétaires fonciers paieront. Il ne fallait pas être grand clerc pour deviner qu’avec la suppression progressive de la taxe d’habitation, grand coup de démagogie politique de la campagne de Macron en 2017, il faudrait bien trouver l’argent ailleurs pour que les communes puissent continuer à fonctionner et investir, bref, rendre ce service de proximité aux Français. Certes, grosso modo, l’État compense la perte de la taxe d’habitation par le biais d’un système complexe qui fait des « gagnants » et des « perdants » et par le transfert de la part de l’impôt foncier qui revenait naguère aux départements. In fine, l’argent ne tombe pas du ciel mais de la poche du contribuable et… des marchés financiers auprès desquels l’État emprunte pour boucler son budget.

Un mot, au passage, sur les conséquences délétères de cette suppression de la taxe d’habitation, au-delà du strict aspect financier. En rompant le lien fiscal entre les habitants et le fonctionnement d’une commune, Macron a porté un coup mortel à la démocratie municipale et, pour tout dire, à la démocratie tout court, la commune étant le cœur battant de notre démocratie représentative. J’habite, je vis dans une commune, alors, je contribue, dans la mesure de mes moyens, à son fonctionnement ; je ne suis pas un client mais un citoyen au sens le plus noble du terme. Avant la Révolution, on payait des droits de bourgeoisie ! Et puis, qu’en est-il du principe constitutionnel de libre administration et d’autonomie fiscale des collectivités territoriales ? En supprimant la taxe d’habitation, Macron a fait plaisir à tout le monde mais a tué la citoyenneté municipale. Fallait-il attendre autre chose d’un mondialiste ?

Mais revenons à la taxe foncière. La loi de finances pour 2023 a été votée dans les conditions que l’on sait. Et cette loi prévoit une hausse des bases locatives cadastrales de 7 % pour tenir compte de l’inflation. En 2022, la hausse avait déjà été de 3,4 %. En deux ans, la hausse dépasse donc 10 %. Une hausse sans précédent. Mais « en bas, à droite » de la feuille de l’impôt foncier, cette hausse pourra être (bien) supérieure… ou (un peu) inférieure. En effet, les communes ont la possibilité de voter, avant le 15 avril 2023, la baisse ou la hausse du taux communal. Le rapporteur général du budget, le macroniste Jean-René Cazeneuve, s’est justifié auprès des Échos en jouant les Ponce Pilate : « Nous pensons qu’il vaut mieux laisser la main aux élus ; ils gardent la possibilité de limiter la hausse à 3,5 %, mais c’est leur responsabilité. » Bah voyons… Le député LR des Côtes-d’Armor Marc Le Fur a bien résumé la situation : « Nos concitoyens sont en train de comprendre une chose : on leur a vendu la disparition de la taxe d’habitation et, en contrepartie, on augmente le foncier. » Dans le monde liquide d’Emmanuel Macron, le propriétaire, d'un pavillon de banlieue comme d'un château, a du souci à se faire.

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

58 commentaires

  1. Nul besoin d’avoir fait de hautes études en économie pour prévoir ce qui allait se passer. Ce que l’Etat faint mine de nous glisser dans la poche gauche se retrouve subrepticement repris dans la poche droite, agrémenté de quelques taxes supplémentaires. C’est le principe des vases communicants. Un tour de passe-passe.

  2. Une étape de plus vers la fin de la propriété pour les « masses « : n ‘ oublions pas que c ‘est un projet du nouvel ordre mondial …

    • Exactement Catchow.
      Un moyen de pousser les gens à devenir locataires : plus de taxe, ni foncière, ni d’habitation, c’est le propriétaire qui paie tout, y compris les mises aux normes.
      En marche vers le grand principe de Schwab : « Vous ne possèderez rien et vous serez heureux »

  3. L’impôt foncier est un injustice ! C’est comme payer un loyer sur une terre que l’on a acheté. Par contre il fallait garder les impôts locaux car tous les habitants d’une commune doivent payer en fonction des services offerts dans leur lieu d’habitat. Même s’il fallait en exonérer les petits revenus c’était la seule taxe comprenable. Car la plus juste des taxes serait aucun impôts et une TVA plus importante comme cela on payerait en fonction de sa consommation réelle ! Mais encore une fois c’est leur façon de taxer la classe moyenne car les nantis ont d’autres moyens de placer leur argent dans des placements opaques ou paradis fiscaux…

  4. J’ai une amie qui travaille aux impôts. Elle me disait, depuis des années, nous sommes obligés d’annuler de plus en plus les taxes d’habitations, étant donné que les gens ne peuvent plus payer, et qu’il n’y a rien à saisir. Cela, pour vous dire, pourquoi ils ont supprimé les taxes d’habitations.

  5. Perso , j’ai déjà 2500 euro d’impôt foncier pour un rapport locatif de 900 euro ! Et bien tant pis et dommage pour les locataires , je vais augmenter les loyers !

  6. A la limite, c’est la taxe d’habitation qui aurait dû rester et non celle du foncier, car la taxe d’habitation est une des rares taxes qui se justifie par un service concret. Quant au foncier, entre les mutations, les héritages etc, elle est déjà la cible de l’Etat

  7. Merci Mon colonel, je lis toujours avec autant de plaisir et d’intérêt vos contributions dans B.V., et une fois de plus vous mettez « dans le mille ». C’est la première fois que je lis, depuis 2017, une synthèse aussi pertinente de la suppression de la TH. Depuis avant même le vote de cette mesure, c’est ce que je ne cesse de penser et de dire : suppression de la liaison politique indispensable entre chaque citoyen et sa commune par la contribution de tous, et report du financement sur l’autre taxe locale qui n’affecte que les propriétaires, lesquels assumeront seuls l’augmentation des loyers des locataires. C’est totalement et moralement irresponsable autant que diabolique. Mais c’était écrit et [presque] tous sont tombés dans le panneau !!!

  8. les préoccupations actuelles des adjoints de ma commune de cadaujac sont l’accueil des ukrainiens qu’il va falloir encore aider : faut cracher au bassinet les électeurs

  9. Deux choses : la taxe d’habitation était un impôt universel et justifié pour l’essentiel. Comme la TVA elle avait une assiette très large et donc permettait de garder une acceptabilité assez générale. Sa suppression entraine une inégalité de traitement entre les différents con-tribuables qui est contraire à la constitution et aux droit de l’homme. La TVA est elle aussi l’impôt le plus juste qui soit, chacun paie selon ce qu’il consomme et cette consommation est proportionelle au moyens dont dispose le citoyen.
    Une autre question se posera aussi : l’Etat tire quelques 60 milliards sur les carburants. Où va-t-il retrouver ses billes ? Gare donc aux augmentations sur l’électricité qui est censée remplacer l’essence, le fuel etc ! Avec en outre la quesi assurance que l’Etat ne pourra pas fournir tout le monde. Comment un citadin qui vit au 6ème étage d’un immeuble rechargera-t-il son véhicule électrique ? Il n’y aura jamais assez de places de parking ! On marche sur la tête.

  10. Bref, Macron ce coucou fort heureusement sans descendance aux ordres de la finance.
    Je hais ce personnage imbu de lui-même, qui détruit sûrement notre Pays.

  11. Comment un locataire est-il exempt de payer pour ses poubelles? Mais qui a voté pour ce bandit. Il dit la droite démagogue. Il est plus fort: il a réussi à faire voter mon propriétaire pour lui. C’est mon proprio qui paie mes poubelles et qui l’a voulu. Chapeau messieurs

  12. Cette suppression démagogique est une débilité..bien sûr j ai apprécié le remboursement Cette année d un trop perçu mais ma commune va augmenter le foncier de 50% je crois ce qui n est pas choquant vu du budget communal. Mais ce qui me choque c est que la moitié de la population va profiter des équipements et services y compris pour les ordures ménagères gratuitement pas mal non !

  13. Je me fais du souci pour les « petits vieux », propriétaires de leur maison, qui ont voté pour ce beau jeune homme, par deux fois, n’ayant pas compris la première leçon et qui vont avoir la surprise de devoir mettre la main à la poche pour combler le manque à gagner.

    • Je ne suis pas certain de la justesse de vos propos qui ne peuvent s’apparenter qu’aux grandes villes et encore.
      Reste qu’il y aura partout et toujours une minorité de personnes souvent très âgées qui ne suivent pas particulièrement la vie politique pour différentes raisons qui peuvent être être des maladies et qui sont prises par la main par des tiers pour aller voter. Si vous vous intéressez un peu à des votes dans les copropriétés vous y trouverez les mêmes problèmes et hélas majoritairement les gens qui ne comprenne rien mais qui savent tout dans tous les domaines sont souvent les femmes. C’est un constat et rien d’autre.

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