Loi sur l’immigration, Constitution : Larcher pèse de tout son poids sur Macron

En ce week-end trop calme de prérentrée, le président du Sénat Gérard Larcher vient troubler le plan de com' d'Emmanuel Macron, devenu depuis plusieurs jours ministre de l'Éducation nationale. Et il le fait sur des sujets régaliens, rappelant le Président à son rang et ses engagements. Dans une interview au Parisien, celui qui est le troisième personnage de l'État après le Président (et qui peut lui succéder en cas d'intérim) et le Premier ministre, prend au mot le Président sur son initiative politique d'ampleur et le somme d'agir réellement sur... l'immigration.
Quelques jours après la rencontre d’Emmanuel Macron avec les chefs de partis, Gérard Larcher juge l'exercice (auquel il participait) intéressant pour, aussitôt, mettre le chef de l'État face à ses responsabilités : « Le problème est ce qu’il va en sortir. J’espère qu’elle n’aura pas les mêmes résultats que le Grand Débat, la Conférence citoyenne sur le climat ou le Conseil national de la refondation. Attention à ce qu’une nouvelle fois ces "rencontres de Saint-Denis" ne débouchent sur rien. » Il n'hésite pas à parler d'« exigence de résultats » : nul doute que la leçon du vieux notable de Rambouillet au plus jeune président de la République passé par la banque sera particulièrement appréciée !
Gérard Larcher est vétérinaire, mais il est aussi chasseur, comme il aime à le répéter, et pas que face à Gaspard Proust. Et, pour coincer le gibier Macron sur cette fameuse loi sur l'immigration qui devient l'arlésienne du quinquennat, la tactique est simple et se résume à un syllogisme. Les Français veulent des mesures fortes en matière migratoire (en gros, celles que propose la majorité des LR après les avoir piquées au RN et à Reconquête). Or, ces mesures nécessitent une réforme constitutionnelle et le Sénat y est prêt. Donc, à toi Macron.
En fait, Larcher met Macron au pied du mur en lui dictant sa feuille de route et l'oblige à passer par la case Larcher : « Sans réforme constitutionnelle, martèle le président du Sénat, il n’y aura pas de politique migratoire réelle et, donc, aucune politique d’intégration réussie. Sans réforme constitutionnelle, nous pourrons avancer, mais impossible que les demandes d’asile soient faites en dehors du territoire français, d’instaurer des quotas ou de modifier la gestion du regroupement familial. » On imagine la réaction du maître des horloges...
La sortie de Gérard Larcher est habile. En effet, le président du Sénat est en campagne électorale tranquille : le 24 septembre auront lieu les élections sénatoriales qui renouvelleront la moitié des sénateurs. Le vent souffle à droite et à l'anti-macronisme chez les élus locaux, grands électeurs de l'affaire. Sa majorité devrait être confortée et lui confortablement réélu : à 74 ans, il pourrait entamer un... cinquième mandat ! L'interview permettra de faire passer le message à ceux qui en doutaient que Larcher, c'est un gros dur. En affirmant explicitement que Macron ne pourra se représenter, il ferme la porte à tout tripotage constitutionnel qui permettrait l'opération qui fait rêver la Macronie. En prédisant que le macronisme finira avec Macron et que la suite se jouera à droite, il tente de remobiliser les élus LR ou apparentés, majoritaires dans les conseils municipaux depuis les municipales de 2020, et qui pourraient être tentés de voter pour les candidats RN. Le même Gérard Larcher ne confiait-il pas, il y a quelques semaines, qu'il s'attendait à une poussée RN au Sénat ?
Habile, aussi, car, prenant acte de la droitisation du pays, y compris de l'électorat macroniste, sur cette question de l'immigration, comme le montrent les derniers sondages, il rejette par avance sur Macron lui-même tout échec de la procédure (« mais s’il l’enterre, il en assumera les conséquences ») en faisant de lui le bouc émissaire de tous les reniements et promesses non tenues sur l'immigration. Il le rend également responsable d'une éventuelle élection de Marine Le Pen. Façon commode d'exonérer son camp quand il fut au pouvoir mais justifiée pour un Président qui a pillé la baraque LR sans faire mieux qu'eux.
On imagine que cette sortie de Larcher agacera, à l'Élysée, mais elle est de bonne guerre : pourquoi Gérard Larcher se priverait-il de montrer ses muscles face à un Président sans majorité à l'Assemblée et déjà défié par de potentiels successeurs, puisque empêché de se représenter ? Cette interview est un nouveau signe de l'affaiblissement du président de la République dès le début de son second mandat. Emmanuel Macron a encore quatre ans pour ruminer cette « funeste connerie ».
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39 commentaires
Excellent article. Cependant l’UE n’impose-t-elle pas ces règles sur une immigration obligatoire et illimitée ?
Or l’UE est su-dessus de la Constitution.
Ce monsieur représente le parti des traîtres qui a fait moins de 5 % aux dernières présidentielles, et qui va rejoindre ses amis UMPS style Hidalgo à 2%. IL ne pèse plus rien.
En réalité, Gérard Larcher qui est un politicien sage et expérimenté, essaye de leur expliquer que la seule façon de sauver leurs meubles face à Marine Le Pen en 2027, serait de fabriquer le prochain Macron avec un Kärcher© un peu plus gros que celui de Nicolas Sarkozy en 2007.
G.Larcher qui s’attend à une poussée du RN , déjà il lui emprunte ses idées !
Cela s’appelle « une poussée de peste brune » !
Les sondages disent qu’une très large majorité des Français veulent un durcissement des règles relatives à l’immigration.
Le gouvernement peut donc faire légiférer sur le sujet les deux chambres sans passer par un référendum.
Mais voilà , le gouvernement veut-il le faire ? Il me semble que le gouvernement embrouille le problème car il ne veut pas le résoudre , après l’épouvantail du référendum , il va nous dire , vous comprenez l’Europe , vous comprenez les juges nationaux et internationaux , vous comprenez les traités.
Vous croyez que le Conseil Constitutionnel très axé sur la fraternité laisserait passer une simple loi parlementaire en matière d’immigration ?
Malgré la réforme des retraites il me semble qu’à 74 ans le président du Sénat a fait son temps !
Mais qu’est-ce qui anime le plus ces politiciens , le prestige,le pouvoir, l’argent ?Ce n’est certainement pas l’amour du pays et de sa population !
Entre un président du sénat âgé de 74 ans qui n’est donc pas préoccupé par son avenir et un président de la République élu par défaut qui détruit le Pays, mon choix est vite fait
Ce faisant, M. Larcher servirait-il ou se servirait-il ?
Je dirais qu’il s’est servi … une double portion.
Bonjour Mr SIRGANT … Vous soulevez quelques belles « pépites » dans vos différents articles et là aussi au sujet de la manipulation de ce coucou politicard concernant sa volonté d’être réélu au Sénat ! … C’est tellement évident que « ça » passe crème ! …
Par contre, vous « oubliez » de citer la phrase la plus importante de ce « gouinffreur majeur » de la « République » française qui a dit : « « Nous ouvrons la porte à l’extrême droite si on trompe encore les Français sur l’immigration » …
Qu’a fait son mouvement politique depuis Giscard ? … Le regroupement familial ! … la négation du vote des français contre « Maastricht » ! … L’accord de Lisbonne et tout le reste ! …
Les « Larcher – Raffarin – Bayrou » ou les trois petits cochons de la droooite la plus bête de toute l’UE … Tout juste bonne à se goinfrer dans la gamelle de la FRANCE sans vergognes … Leur « fille politique » a su « servir ses intérêts » très rapidement ! … Vous l’avez reconnue ? la « Moins-de-5% » ! …
Et ce mec là vient « faire la leçon démocratique » à la FRANCE ? ! … Ce coucou là ne vole plus depuis très longtemps car « ça » fait très longtemps qu’il s’est engraissé et qu’il se vautre dans les ors de la FRANCE ! … Il coûte lui aussi un pognon de dingue ! …
Très juste et pas assez dit.
D’accord avec vous. Il est bon, en efet, de rappeler les fondamentaux de temps en temps, notamment « traites un jour, traites toujours ».
On attend en effet un vrai changement dans la politique migratoire mas je ne pense pas que Macron ait la moindre volonté de changer réellement les choses. Quant à Larcher, il semble qu’il soit plus préoccupé par une possible victoire du RN aux élections que par l’état de notre pays. Qu’ils arrêtent de parler d’extrême droite pour qualifier toute personne souhaitant l’arrêt ou le contrôle de l’immigration…
Oui mais bien au delà des stratégies politiciennes il faut avant tout comprendre que macron déteste la France et que son jeu favori est d’émmerder les français. Beaucoup de gens silencieux s’en souviennent à l’exception des hommes masses de José Ortega.
Monsieur Larcher est un fin politique. Si seulement il mettait son talent à l’intérêt de la France plutôt qu’à sa personne, il aurait toute la reconnaissance de millions de Français.
Gérard Larcher n’incarne pas vraiment ce que les Français préfèrent et attendent en politique, surtout aujourd’hui. C’est un personnage installé, depuis 16 ans, dans la fonction sénatoriale, ministre, maire … bref, un cumulard. Affilié à LR, parti qui a trahi, comme bien d’autres, les Français. Je ne suis pas sûr que le sénateur soit attendu comme le messie par les Français. Quant à la loi sur l’immigration, quel en sera le contenu ? Mystère. Ce qu’il faut comprendre, c’est que nous faisons rentrer massivement depuis des années des centaines de milliers d’étrangers qui n’ont aucune envie de s’intégrer, encore moins de s’assimiler et qu’il en va de même pour leur descendance, même après 2 ou 3 générations. Cette situation est une rupture avec les vagues d’immigration européennes (Italiens, Polonais, Portugais, Espagnols) précédentes. Aucune loi ne peut obliger les gens à s’assimiler et à adopter nos us et coutumes. La seule solution consiste à ne pas les faire rentrer et s’installer sur le territoire. Mais pour cela il faudra plus qu’un simple bidouillage de la Constitution, c’est toute notre politique européenne, nos accords et autres conventions qu’il faudra revoir et remettre en question. Pas sûr que la macronie soit prête à s’engager sur une telle voie …
Il ne manquait que neuf voix pour la destitution du gouvernement macron…..neuf voix LR ! comment faire confiance à un groupe qui dit oui et vote non ? comment croire encore à des députés qui retournent leur veste selon le sens du vent ?
Le vétérinaire Larcher en vieux renard de la politique a compris que pour stopper (ou ralentir ?) il fallait appliquer un remède de cheval. Ou n’agit-il que par intérêt, être réélu Président Grand Maître des sénateurs et éviter la noyade au LR ? Dans ce cas, il s’agirait d’un grand barbotage dans la mare aux canards et de prendre les faisans français-électeurs pour des pigeons, ou des corniauds (on parle du chien domestique).
Bravo une fois de plus! votre commentaire est tout à fait approprié au personnage et à la situation actuelle.
Mesures fortes… « (en gros celles que propose la majorité des LR après les avoir piquées au RN et à Reconquête) ». Reconquête qui les avait déjà piquées au RN sans vergogne… Comme si…