Loin des logiques comptables : comme si l’immigration n’était qu’une question d’argent…

Tout a un coût, on le sait. L’immigration, clandestine ou régulière, a évidemment le sien. C’est la marche du monde et il faut faire avec, dit-on. Pour autant, ce prix serait de plus en plus lourd pour le contribuable, à en croire Le Parisien de ce mercredi 5 juin 2019.

Il semblerait, ainsi, que « le nombre d’expulsions forcées n’a jamais été aussi élevé depuis dix ans ». Et que son « coût » dépasserait le « demi-milliard d’euros » annuel. Le citoyen de bon sens aura tôt fait de rétorquer que si on n’avait pas fait entrer ces immigrés par paquets de mille, la question ne se poserait pas. Nous n’en sommes manifestement plus là.

Toujours à en croire cette savante étude, les « expulsions forcées [...] coûtent plus de six fois plus cher qu’un simple retour aidé dans le pays d’origine. [...] 13.800 euros » pour le premier cas de figure, contre seulement « 2.500 euros » pour le second. D’un strict point de vue comptable, ça ne saurait se discuter : il coûterait donc plus cher de virer l’un vers ses pénates d’origine que d’aider l’autre à y revenir tout en y mettant les formes. On objectera qu’en la circonstance, seul compte le résultat et que si tel est le « coût », on aura connu gaspillage d’argent public un brin plus sot.

Mais là où l’étude du Parisien devient plus intéressante encore, c’est quand elle évoque les pays pourvoyeurs de « migrants », surtout clandestins. Au premier rang de ces derniers ? « L’Albanie, l’Afghanistan, la Moldavie, la Serbie et la Macédoine »… Une autre étude croisée, toujours selon la même source, donne à peu près les mêmes indications relatives quant aux pays exportateurs : « Albanie, Roumanie, Algérie, Maroc et Soudan. »

On notera donc que, hormis les pays où l’Occident a jugé bon de semer le chaos – Irak ou Afghanistan –, au nom des croisades démocratiques qu’on sait, ces nations ne sont pas en guerre, tout comme leurs ressortissants ne risquent leur vie que de loin en venant « chez nous » comme si c’était « chez eux ». Le fameux « droit d’asile » a décidément bon dos…

Dans un semblable registre, la Cour des comptes notait encore, en 2016 : « Avec l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie le 1er juin 2007, de nombreux Roms repartis dans ces deux pays avec une aide au retour revenaient en France et faisaient parfois des allers et retours pour percevoir plusieurs fois l’allocation. » Comme quoi le Grand remplacement ne vient pas que du Sud, mais aussi de l’Est.

Au fait, une question que personne ne semble se poser : quid du bien-être de ces « migrants », nouvelles icônes de la sphère médiatique ? Ne seraient-ils pas mieux chez eux, sachant qu’il y a, aux derniers comptages, plus de médecins béninois en Île-de-France qu’au Bénin ? Quid, encore, des affres du déracinement ? Du traumatisme consistant à quitter une terre ancestrale, à se couper de qui et ce qu’on l’on est ?

Tout cela ne saurait effectivement se résumer à on ne sait quel grand livre de comptes. Et qu’il puisse « coûter » plus ou moins cher de renvoyer chez eux des gens n’ayant rien à faire ici importe finalement assez peu. On s’aimera d’autant mieux qu’on s’aimera de plus loin. Mais allez expliquer cela à un humaniste, à un électeur d’Emmanuel Macron ou à ces Républicains des beaux quartiers parisiens ayant massivement plus voté pour ses intérêts que ses valeurs.

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Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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