L’ONU en mission au Haut-Karabakh : bien trop tard !

maison Arménie

Voilà une nouvelle preuve que l’ONU ne sert pas aux missions de pacification qu’elle prétend mener. L’Azerbaïdjan vient d’en faire cyniquement l’annonce : les troupes du « machin » sont arrivées dimanche au Nagorny Karabakh afin d'« évaluer les besoins humanitaires sur place ». C’est ce qui s’appelle arriver après la bataille, et ça n’est évidemment pas fortuit.

C’est avant, qu’il fallait bouger, quand l’Azerbaïdjan a lancé son offensive éclair sur ce bout d’Arménie après neuf mois d’un blocus assassin. Aujourd’hui, alors qu’en quelques jours, 600 personnes au moins sont mortes et plus de 100.000 ont déjà fui vers l’Arménie par crainte de représailles de l’Azerbaïdjan, l’ONU se réveille.

Pour qui ? Pour quoi ? Pourquoi si tard, surtout ? Est-ce parce que les Arméniens de l’Artsakh sont des chrétiens enracinés sur cette terre depuis 2.500 ans ? Est-ce parce que leur génocide participerait à l’islamisation de l’Europe, de la mer Caspienne à l’Atlantique ? On pourrait le croire.

Le Haut-Karabakh est à sa façon une anomalie, voire une incongruité, puisque cette enclave chrétienne de 4.400 km2 est géographiquement au milieu de l’Azerbaïdjan, pays turcophone et musulman.

Le conflit n’est pas récent qui remonte, dit une spécialiste belge, à 1921 et à « la politique soviétique des nationalités ». À la décision, par Staline, « d’inscrire un territoire, presque exclusivement peuplé d’Arméniens à l’époque, dans la république d’Azerbaïdjan ». À la chute de l’Union soviétique, les élites ont commencé à réclamer le rattachement à l’Arménie, puis le conflit a éclaté en 1992, conduisant d’un côté à l’exode de 724.000 Azéris du Haut-Karabakh vers Bakou et ailleurs, de l’autre à celui de 413.000 Arméniens chassés d’Azerbaïdjan.

L'ONU n'a jamais bougé

L’Azerbaïdjan, tel que reconnu dans ses frontières en 1994, s’est retrouvé amputé de 13,82 % de son territoire, ce qui qui ne pouvait qu’alimenter un ressentiment contre les Arméniens du Haut-Karabakh. Si bien qu’en 2020, soutenu et largement armé par la Turquie, l’Azerbaïdjan se lance à l’assaut du Haut-Karabakh et l’écrase en seulement quelques semaines.

Cela n’a jamais fait bouger l’ONU. Tout juste a-t-on pondu l’une de ces résolutions qui ne coûtent que l’encre pour les rédiger. Rien, non plus, pour faire cesser le blocus total qui affamait les Arméniens du Karabakh et la fermeture du corridor de Latchine censé permettre l’acheminement de l’aide humanitaire.

Le 5 septembre dernier, nous dit-on, soit deux semaines avant la dernière offensive azerbaïdjanaise, un rapport du Lemkin, institut sur la prévention des génocides, avertissait : « Il y a des preuves alarmantes que le président Aliyev est peut-être en train de préparer une attaque dans le Haut-Karabakh dans un futur proche » et insistait sur les risques d’un génocide. On ne sache pas que l’ONU ait, d’une manière quelconque, tenté d’entraver l’opération qui s’annonçait.

Dans un témoignage poignant auprès de Jean-Christophe Buisson (Figaro Magazine), Tsovinar Barkhudaryan, présentatrice de la télévision publique d'Artsakh, écrit : « Je veux m'excuser auprès de mon peuple. J'ai tellement cherché le Bien que je n'ai pas remarqué le Mal... Je tiens à m'excuser auprès de mon pays de ne pas avoir réussi à sentir l'air frais de tous ses recoins, à ne pas avoir visité toutes ses forêts et ses rivières, à ne pas avoir prié dans toutes ses églises et ses chapelles. J'ai envie de le serrer fort dans mes bras et d'apaiser sa douleur, mais je suis impuissante. »

Puissions-nous n’avoir jamais à prononcer de telles paroles…

Hélas, comme l’ont écrit 75 sénateurs dans une lettre à Emmanuel Macron, en empêchant ce génocide perpétré à nos portes, « il s'agirait aussi de protéger notre pays et notre civilisation du fléau du panturquisme et du néo-ottomanisme car, après les Arméniens, tôt ou tard, notre tour viendra ».

Picture of Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

22 commentaires

  1. En mission trop tard, l’ONU ? Mais non, hélas !
    Le principal, inavouable, est que l’Allemagne puisse avoir son gaz… Le reste ne semble pas être vaiement une préoccupation, hélas.

  2. Ayant regardé KOH-LANTA et analysant cette guerre caucasienne, je peux affirmer que l’Azerbaïdjan possède le totem et un collier d’immunité. Fournissant le gaz et le pétrole à une UE moribonde qui s’est tiré une balle dans le pied et étant l’allié de la Turquie, les Azéris peuvent faire ce qu’ils veulent (même terminer le travail commencé en 1915).
    Personne ne leur dira rien. De plus, si leur projet de désenclaver la région frontalière avec la Turquie se réalise, il n’y aura que l’Iran pour essayer de s’y opposer. Imaginez le tableau s’il y a un conflit ouvert entre l’Iran et l’Azerbaïdjan.

  3. Le « machin » dirigé par un secrétaire général qui est toujours en retard, jamais en avance, quel que soit l’évènement ! Beau parleur polyglotte…un ara en somme ! Mais l’ensemble ne sert rigoureusement à rien.

  4. Bien sûr vous faites bien de sonner le tocsin !! mais ce qui parait IMPARDONNABLE c’est le manque de réaction en temps voulu, de l’ONU qui avait été alertée en amont, comme rappelé dans l’article ci dessus !!!

    • Sans oublier l’Ukraine ! Le Sieur Guterres a attendu plus de 6 mois avant d´oser, ridiculement, dire au Kremlin : « …il faut que cette attaque prenne fin..et tout de suite…!  » . Poutine a eu très peur sans doute. C’est pourquoi il continue de faire fonctionner son rouleau compresseur mortifère. Ce Monsieur Guterres n’est pas à sa place. Comme traducteur, peut-être ?

  5. l’Azerbaïdjan n’existe que depuis 1918 ! l’Arménie depuis Hérodote !!! soit 2500 ans, donc la seule chose à dire c’est qu’en effet le génocide de 1915 à non seulement éradiqué des populations de leurs terres ancestrales, mais que surtout çà continue – Depuis 100 ans la Turquie refuse de reconnaitre le génocide qu’ils ont perpétré, et nous, on continue de discuter avec ces gens là ?? Je ne saisie pas – Si Hitler était encore de ce monde, discuterions nous avec lui ? J’en doute!

  6. Ah, si ça avait été le contraire, que l’Arménie eut attaqué l’Azerbaïdjan , les forces de l’ONU et de l’OTAN aurait déjà anéanti l’agresseur. Comme pour la Serbie et le Kossovo.

  7. Illustration de ce qui se passe aux points de contact de l’islam avec la chrétienté. De ce qui se passera quand l’islam sera suffisamment fort pour s’en prendre de l’intérieur à la chrétienté résignée.

  8. Comment peut on donner du crédit à l’ONU qui non seulement ne sert a rien mais semble plus que nuisible. Le Haut-Karabakh depuis très longtemps est une région Arménienne actuellement conquis par l’Azerbaïdjan avec une grande atrocité humanitaire provoquant encore un exode de la population Arménienne qui n’a que le choix proposé couramment par les musulmans, la valise ou le cercueil et sans que l’ONU ne bouge et à présent voilà après que presque tout soit terminé l’ONU envoi des émissaires pour évaluer les besoins humanitaires. C’est du déjà vue avec les Turques à Chypre mais pour des faits similaires notre grand gendarme international à copieusement bombardé la Serbie quant l’Albanie après avoir colonisé la province du Kosovo Serbe par ses ressortissants. Curieux cette différence de réaction. L’Onu ce machin qui pourrait être si beau.

  9. A l’article de Marie Delarue, il convient de pointer le rôle des plus troubles du 1er ministre arménien que l’on a vu récemment fricoter avec George SOROS. Décidément, cette vieille … baderne … de SOROS – la censure ICI MÊME m’interdit de dire ce que j’en pense – aura joué les malfaisants partout dans le monde. Par ailleurs, l’Arménie a organisé du 11 au 20 septembre derniers des exercices militaires conjoints avec … les USA ! Eh oui ! Encore bravo !

  10. L’Azerbaïdjan nous vent du gaz et Von der Leyen se réjouit donc tout va bien, se bouger pour quelques Chrétiens quel intérêt, et il faut de plus flatter le sultan de Constantinople, mais au fait en Arménie, Alyev ne ferait il pas du Poutine dans le texte en anvahissant un pays souverain, oh oh l’OTAN

    • vous avez raison, sauf qu’il ne s’agit pas de se bouger  » pour quelques chrétiens » mais pour une civilisation millénaire, ce qui est tout à fait différent ! Mais c’est vrai que dans le monde d’aujourd’hui, les  » civilisations » n’intéressent que les musés !

    • L’Azerbaïdjan vend à l’Europe du gaz russe, que l’on ne peut/veut plus acheter directement depuis « l’invasion » de la Crimée et du Donbass… Raison pour laquelle ni l’Europe, ni la Russie ne soutiennent plus les Arméniens.

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