L’ONU, ou les préférences du machin
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Dans notre monde où la communication est reine, le pouvoir de ceux qui ont droit à la parole est immense. Or, la légitimité qu'ils détiennent ne tient pas au suffrage populaire, mais à leur présence médiatique. Les détenteurs de mandats électifs vont se retrouver au même niveau que des "spécialistes", des membres de la société du spectacle ou des représentants des nombreux "machins" créés pour contrôler la démocratie et, en fait, pour la réduire.
La récente intervention du Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme illustre parfaitement le problème. Qui est ce monsieur ? Il s'agit de Zeid Ra'ad Zeid Al-Hussein, un prince jordanien, cousin du roi, et donc membre de la prestigieuse famille hachémite, bien évidemment musulman. Ce diplomate extrêmement distingué se fait une haute conception des droits de l'homme qui constituent la préoccupation de sa charge à l'ONU. Or, ce qu'on en retient tient en deux points, qui s'équilibrent médiatiquement : les deux menaces préoccupantes sont Maduro et Trump ! On peut d'ailleurs compter sur la presse nationale pour insister sur le second surtout.
L'Excellence jordanienne a usé de l'euphémisme élégant pour évoquer le Venezuela, en parlant d'"érosion de la vie démocratique", et en se demandant si celle-ci vivait encore. Il est pourtant clair qu'un coup d'État camouflé en élection truquée, appuyé par l'armée, a permis à un régime dictatorial et corrompu de mettre fin à ce qui subsistait des apparences démocratiques dans ce pays, notamment la séparation des pouvoirs et la liberté d'expression.
En revanche, le Haut-Commissaire a été plus rugueux à l'encontre de Donald Trump. Celui-ci porterait atteinte aux "droits de l'homme" parce que sa dénonciation des médias qui le critiquent férocement tous les jours (CNN, NYT et Washington Post) serait une incitation à attaquer les journalistes, à faire peser sur eux le risque de violences et les appeler à l'autocensure. Le diplomate va même jusqu'à demander au président des États-Unis de réfléchir à sa responsabilité si un journaliste était victime d'une agression. On doit ici mesurer, malgré l'écran de respectabilité dont jouit le personnage, à quel point ses propos sont inacceptables et procèdent d'un total renversement des rôles.
Donald Trump est le président constitutionnel de la démocratie la plus puissante du monde au sein de laquelle la liberté de la presse, et de l'expression en général, jouit d'un respect quasi absolu, inscrit dans la Constitution. Les échanges entre les médias hostiles et le président sont donc musclés. Ils sont une preuve évidente de démocratie et non une atteinte à celle-ci. À partir du moment où une partie de la presse est systématiquement critique, il est juste que l'élu qui subit son hostilité se défende.
En septembre 2016, le Haut-Commissaire s'était déjà illustré en s'attaquant aux populistes et à leurs discours peu amènes pour l'islam, de Wilders à Farage, en passant par Orbán et... par Trump. Si M. Zeid Ra'ad Zeid Al-Hussein fait un procès d'intention au président des États-Unis, ne serait-on pas en droit de lui retourner le procédé ?
Il y a d'autres priorités que les frictions entre la Maison-Blanche et CNN.
La mort pour blasphème ou apostat n'est pas une éventualité, c'est l'application de la loi dans certains pays membres de l'ONU que l'honorable diplomate connaît bien. Si la liberté de la presse est menacée, c'est en Turquie, non aux États-Unis. Si les droits de l'homme sont écrasés, jour après jour, c'est en Arabie saoudite, ce pays voisin de la Jordanie, l'un des 47 membres du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, et qui donnera son avis sur le rapport du Haut-Commissaire. La France n'y est pas élue...
Il ne faut donc accorder que peu d'importance aux hommes du "machin" et à leurs propos. Le plus grave, c'est qu'en fonction de leurs préférences, "nos" journalistes peuvent leur donner cette importance au mépris de la démocratie.
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