Louane vengera-t-elle l’honneur de la France à l’Eurovision ?

Quand la France se donne en spectacle, ce n’est pas toujours joli à voir, tel qu’en témoigne la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de l’année dernière, accueillie par le silence gêné de la planète entière. Du coup, à chaque nouvelle occasion de se montrer à l’étranger, on frémit.
Pourtant, le pire n’est jamais certain, à en juger de la prestation de notre Louane nationale, le samedi 15 mars, à l’occasion de la mi-temps de la finale du Tournoi des Six-Nations opposant l’Écosse à la France au Stade de France, et ce, devant quatre-vingt mille spectateurs. Là, elle interprète maman, la chanson qu’elle va défendre à l’Eurovision, du 13 au 17 mai prochains, à Bâle, en Suisse. Et... divine surprise.
Déjà, le tour de force consistant à chanter sur une plate-forme suspendue par des filins, à près de quinze mètres du sol : « J’ai vraiment eu très peur. » On aurait la trouille pour moins que ça, effectivement. Nonobstant, la magie est là : « Participer à l’Eurovision, c’est un rêve pour moi, c’est un rêve pour ma maman, c’est un truc dont on s’est parlé toute ma vie. Pouvoir représenter la France avec cette chanson-là, pouvoir le faire pour ma maman, c’est le truc le plus incroyable et fou qui pouvait arriver dans ma vie. »
Le soutien de Marie Myriam
Celle qui ne s’y est pas trompée n’est autre que Marie Myriam, dernière gagnante de ce télé-crochet à échelle continentale, en 1977, avec L’Oiseau et l’Enfant : « Sa prestation était spectaculaire. Quelle artiste, du haut de ses 28 ans, quel parcours ! Je veux croire qu’enfin, la France décrochera cette victoire à travers la voix et la prestation de Louane, sous le regard de la plus belle des étoiles : la sienne. »
Après, les mélomanes vétilleux, dont l’auteur de ces lignes, ainsi que le camarade Arnaud Florac, dont l’exigence musicale n’est plus à démontrer, objecteront que, d’un point de vue mélodique, le compte n’y est pas et que la variété française offrait, jadis, des chansons autrement plus riches. Qu’importe : la voix de Louane emporte tout, par sa sincérité et la qualité de ses paroles, surtout. C’est le cri d’amour d’une fille ayant perdu son père à 16 ans, puis sa mère un an plus tard, en 2014. D’où une première version, Maman (avec une majuscule), sortie en 2015, devenue maman (sans majuscule), dix ans plus tard, sachant que Louane est devenue maman à son tour.
Toujours digne malgré les deuils
Dans la première version, elle chante son désarroi sentimental : « Les amants passent de lit en lit. » Et aujourd’hui ? « Il n’y a plus d’amants, il n’y a plus de lits. Finalement, tu vois, j’ai construit ma vie. » Il est vrai qu’entre-temps, elle est devenue mère d’une petite Esmée, conçue avec son fiancé, le musicien Florian Rossi. Et c’est justement sa bambine qui, à la fin de cette chanson revisitée, susurre un « maman » des plus charmants. Bref, une chanson sur la filiation et le passage de témoin entre générations.
En effet, Louane, née Anne Peichert, à rebours de tant de starlettes préfabriquées, sait d’où elle vient et n’a jamais rien renié de son modeste passé. Née à Hénin-Beaumont (ça ne saurait s’inventer !), elle est à la fois d’origines allemande, portugaise, polonaise et brésilienne, tandis que ses parents, à force d’efforts, ont fini par occuper un poste de courtiers à l’international dans les assurances. À seulement huit ans, Louane est inscrite par sa nourrice à un concours de chant. Les parents sont mis devant le fait accompli, mais se refusent à brimer les velléités artistiques de leur fille. Après tout, elle chantait à l’église comme enfant de chœur. Et puis, la fifille n’est pas si insouciante que ça : « Mon père m’a disciplinée. Il était à la fois dur et plein d’amour. » Quatre ans plus tard, Louane participe à la seconde saison de L’École des stars, sur la chaîne Direct 8. À dix-sept ans, elle se retrouve sur TF1 pour une émission autrement plus prestigieuse, La Plus Belle Voix.
Le premier à la repérer n’est autre que Louis Bertignac, le guitariste du groupe Téléphone, alors membre du jury. L’homme possède à la fois de l’oreille et de l’instinct, tout en étant considéré, dans ce monde de requins cyniques, comme l’un des plus gentils qui soit. D’ailleurs, lui aussi vient de la France d’en bas. Louane peut le bénir aujourd’hui ; ce qu’elle ne doit pas manquer de faire.
Le phénomène de La Famille Bélier
Dans le même temps, celle qui portera bientôt nos couleurs à l’Eurovision démarre une prometteuse carrière d’actrice. En 2014, c’est La Famille Bélier, d’Éric Lartigau, succès-surprise qui fédère près de 7,5 millions de spectateurs. Là encore, Louane y incarne une héroïne de la France des oubliés, fille de paysans, aimants mais nés sourds et muets ; elle est leur seul lien avec le monde extérieur. Télérama, Le Monde et Libération détestent ; ce qui est toujours bon signe, mais qui ne l’empêche pas de gagner le César™ du Meilleur espoir féminin. Puis, ce qui demeure peut-être son meilleur film à ce jour, Marie-Line et son juge (2023), de Jean-Pierre Améris. Ce sera le dernier du regretté Michel Blanc et, entre eux, l’alchimie est parfaite. Lui, le juge fatigué dont la vie amoureuse s’en va à vau-l'eau ; elle, la fille cabossée par les duretés de l’existence, obligée de s’occuper de son père handicapé et de tenir à distance une sœur méphitique, tentant de l’attirer dans l’argent facile du trafic de drogue. Au final, une splendide leçon de dignité, un film d’amour tout en pudeur et en retenue, tel qu’on aimerait en voir plus souvent. Louane y est impériale parce que tout simplement naturelle, forte de cette décence la plus élémentaire l’obligeant à ne pas déchoir et à se montrer à la hauteur de son rang, fût-il des plus modestes.
À l’heure où ces lignes sont écrites, sa maman revisitée cartonnerait, sur les écoutes en ligne. Et c’est le site Pure Chart, spécialiste des écoutes en ligne, qui nous annonce la bonne nouvelle : « Dès les premières heures, maman a généré une vague d’engouement, avec plus de 500.000 streams, n° 1 des tendances YouTube, avec plus de 1,4 million de vue en 24 heures. »
Vive Louane !

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27 commentaires
emission politque;; je l ai comppris et devine a l eurovision 1964 gigliola cinqueti l italie devais gagner vu le contexque politique de l epoque;