Louis Mermaz, décédé à 92 ans : anti-RN jusqu’à son dernier souffle…

Capture d'écran © LCP
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Les uns après les autres, les derniers barons de la Mitterrandie s’en vont. Ainsi, ce 15 août, disparaissait Louis Mermaz, l’un des premiers compagnons du Florentin, à l’âge vénérable de 92 ans. Il était l’un des membres historiques de la FGDS (Fédération de la gauche démocrate et socialiste), formation groupusculaire créée par François Mitterrand, le 10 septembre 1965, à la tête de laquelle il prit la SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière) à la hussarde, pour la transformer en Parti socialiste, lors du fameux congrès d’Épinay, tenu du 11 au 13 juin 1971. Dix ans plus tard, le PS s’installait au pouvoir.

Le brave petit soldat de la Mitterrandie

Dès lors, Louis Mermaz enchaîne les postes au sommet. Il se retrouve, successivement, ministre de l’Équipement et des Transports, du 22 mai au 22 juin 1981, sous le gouvernement de Pierre Mauroy, avant de rempiler au même poste, du 12 mai au 22 juin 1988, sous celui de Michel Rocard. Puis ce sera le maroquin de l’Agriculture et de la Forêt, du 3 octobre 1990 au 2 octobre 1992, survivant, là, à trois Premiers ministres - Michel Rocard, toujours, puis Édith Cresson et Pierre Bérégovoy -, avant de devenir, sous la tutelle de ce dernier, ministre des Relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement, du 2 octobre 1992 au 29 mars 1993. Notons qu’il fut encore président de l’Assemblée nationale, de 1981 à 1986, puis président du groupe socialiste, de 1988 à 1990, en cette même enceinte. Un CV bien rempli.

Pourtant, l’homme n’avait ni la rondeur d’un Pierre Mauroy, ni le prestige d’un Robert Badinter, ni la flamboyance d’un Roland Dumas. C’était le brave petit soldat. Ce qui n’a pas empêché les hommages de pleuvoir. François Hollande : « J’aimais Louis Mermaz pour le rôle qu’il avait joué pour faire du PS une force d’alternance. Je l’aimais pour son intelligence, sa subtilité, son flegme face aux situations les plus difficiles. Pour sa sagesse, son érudition, son humour. Je perds un ami cher et fidèle. » C’est gentil, mais voilà qui ne mange pas de pain.

En pointe dans la défense des immigrés clandestins

En revanche, le mot « d’érudition » n’est peut-être pas des mieux choisis, lorsqu’on se rapporte à cet entretien accordé au Parisien, le 12 mai 2005, à l’occasion duquel il en rajoute une couche dans le « sans-papiérisme » de combat. D’où cette « érudition » toute relative : « Ces lieux où l’on parque les étrangers sont plus que jamais la honte de la République. […] On parque les étrangers comme au Moyen Âge dans les sous-sols du palais de Justice de Paris. »

En effet, on voit assez mal ce que l’époque médiévale vient faire dans cette histoire d’immigrés clandestins… D’ailleurs, à l’époque, les grandes migrations étaient avant tout tenues pour de grandes invasions. Quant au palais de justice de Paris, résidence de nos rois, on voit mal comment il aurait pu être un centre de rétention administratif avant l’heure. La chance de Louis Mermaz ? Que le ridicule et l’anachronisme ne tuent pas. La nôtre ? Qu’il n’ait pas été ministre de l’Éducation nationale.

Les larmes de crocodiles de Jean-Luc Mélenchon

Mais il n’en faut pas plus à Jean-Luc Mélenchon pour poster, sur X, un message hautement lacrymo-crocodilien : « Louis Mermaz est parti. C’était un vrai modèle de défense des libertés publiques et des droits de l’être humain, sans double standard et sans peur du qu’en-dira-t-on. Affliction. »

À propos de « peur du qu’en-dira-t-on », Louis Mermaz paraissait singulièrement frileux, puisque emboîtant le pas à l’écrasante majorité du microcosme politico-médiatique en signant une pétition destinée à « faire barrage à l’extrême droite », à l’occasion de l’entre-deux-tours des dernières élections législatives. La position inverse ? Là, ça aurait été ne pas avoir « peur du qu’en-dira-t-on » !

Le Rassemblement national, donc, « héritier de Vichy », comme on dit ? Dommage que « l’érudition » du défunt n’ait pas été jusqu’à se souvenir que l’homme politique de premier plan ayant reçu la Francisque des mains du maréchal Pétain n’était pas Jean-Marie Le Pen mais un certain François Mitterrand.

Comme quoi on peut être « érudit » et ne pas tout savoir, même lorsqu’il s’agit de l’histoire de son propre parti politique.

Ces choses dites, quand on voit l’envergure intellectuelle de ses successeurs - Raphaël Glucksmann, par exemple -, on se dit que ce Louis Mermaz n’était peut-être pas le pire du troupeau. À condition de se montrer chrétien, évidemment. Mais comment ne pas l’être, au lendemain du 15 août ?

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

22 commentaires

  1. Ces fous comme certaines personne de gauche exemple Mélanchon on une mémoire de poisson rouge lorsque cela dérange comme par exemple Laval qui a fait partie de la SFIO et bien d’autres collaborateurs.

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