Louis Sarkozy raconte au Financial Times sa vie américaine sans prétention (ou presque)
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Le Financial Times, FT (prononcer « efti ») en forme courte, est le journal préféré des gens riches. Pour ceux qui ont de l’argent mais ne savent pas vraiment quoi en faire, le FT a pensé à tout : une rubrique « How to spend it » (« Comment le dépenser ») donne de bonnes adresses et des conseils avisés à ceux qui n’auraient pas (ou plus) d’idées de dépenses somptuaires. Et il se trouve que l’invité de cette rubrique, dans l’édition du 24 avril, est Louis Sarkozy, fils de l’ancien Président français (Louis Sarkozy’s guide to Washington DC).
Il s’agit peut-être d’un plan de com' à plus grande échelle, car le même Louis Sarkozy était l’invité de Darius Rochebin sur LCI, dimanche 21 avril, où il livrait ses inquiétudes sur l’avenir politique des États-Unis. Par ailleurs, le jeune homme, qui publie un livre en langue anglaise sur Napoléon, a écrit une tribune dans Le Figaro, le 19 avril. Il y déplore « l'isolationnisme américain et les inquiétants relents religieux de la politique étrangère américaine ». Depuis peu présent dans les médias, donc, le jeune homme de 26 ans a-t-il une idée politique derrière la tête ? Allez savoir.
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— Louis Sarkozy (@napsarkozy) March 4, 2024
En tous les cas, il n’est pas certain que ce reportage people pour hyper-riches contribuera à donner une bonne image du jeune Sarkozy, qui nous emmène sur la route de ses meilleures adresses dans Washington DC : il y a l’hôtel Fairmont, bien sûr, ce petit écrin sympathique, tout en verdure et en marbre, pas loin de la salle de musculation de l’université de Georgetown. Après un bon début de journée comme ça, direction la boulangerie Christophe - car Louis Sarkozy, après tout, est français. Ne lui demandez pas pourquoi il a préféré faire une école militaire américaine plutôt que de servir sa patrie : on n’en est plus là. D’ailleurs, en bon Français, il n’a pas aimé le film de Ridley Scott sur notre héros national (et c’est l’occasion, pour lui, de rappeler qu’il vient de sortir un livre sur l’Empereur : habile…) ; le jeune homme a été tellement déçu que, pour se changer les idées (c’est littéralement comme cela qu’il le dit), il a réservé une table dans un restaurant étoilé au Michelin, le Seven Reasons.
Bien que le shopping ne soit « pas l’une de [s]es passions », Louis Sarkozy a récemment acheté un bougeoir du XIXe siècle dans une galerie d’antiquaires de Washington (histoire, sans doute, de cocher la case « amateur d’art »)… ainsi qu’une bague chez Bulgari pour sa femme (pour montrer que les salles des ventes et tout, c’est bien, mais que le bling-bling, c’est pas mal non plus). Son côté américain : il n’aime pas l’alcool et, quand il invite sa famille, c’est au Silver Diner, un restaurant de hamburgers. Son côté français : il mange de la viande et aime le style néoclassique.
Mais ce qu’il ne faut surtout pas louper, c’est la fin de l'article, qui résume le bonhomme : « Si je pouvais acheter un seul bâtiment à Washington, ce serait la Bibliothèque du Congrès. Je la fermerais au public et j’installerais un billard et un bar à whisky à la place des tables de lecture. Là, assis avec des amis, je contemplerais la beauté de la civilisation occidentale. » Tout est clair. Utiliser une bibliothèque comme billard, contempler une civilisation à laquelle on doit tout mais devant laquelle on reste assis en buvant des verres : une allégorie de la jeune bourgeoisie millionnaire de l’Ouest finissant.
On pourra lire l’hilarante mise en perspective de ce trésor de mauvais goût mondialiste sur le site anglophone Politico (The unimaginable hardships of Nicolas Sarkozy’s son – POLITICO). On pourra aussi se désoler de ce spectacle. De même qu’on n’imaginait pas le général de Gaulle festoyer au Fouquet’s, on n’imaginait pas l’amiral, tatoué comme une porte de WC publics, parler de sa vie de millionnaire en Amérique. O tempora ! o mores ! comme dirait l’autre…
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45 commentaires
Hélas pour lui, le savoir vivre ne s’achète pas, aussi délicat que son père.
Avec une telle mentalité de Nouveau Riche qu’il reste en Amérique ça nous fera des vacances.
« La critique est aisée et l’art est difficile. C’est là ce qui produit ce peuple de censeurs, et ce qui rétrécit les talents des auteurs. » Philippe Néricault Destouches
Victorine31