LREM fête ses cinq ans : anniversaire ou enterrement ?
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Cinq ans, déjà, que La République en marche, le parti présidentiel, a été fondé. La suite est connue, en forme de casse du siècle pour Emmanuel Macron, avec campagne éclair et victoire sans appel. Mais aujourd’hui ? Aujourd’hui, Stanislas Guerini, son délégué général, reconnaît : « On ne va pas souffler les bougies, parce que je pense que les Français s’en foutent, mais ce sera l’occasion de dire qu’on a été profondément fidèles à la promesse de départ, même si des choses n’ont pas marché. »
Des « choses » qui n’auraient « pas marché » ? Là, cet ancien strauss-kahnien se fait du mal pour rien. Il est vrai qu’entre gilets jaunes, manifestations contre la réforme des retraites et pandémie, ces charmants jeunes gens aux débuts de calvitie bien entamés, à l’incontournable barbe de trois jours et aux costumes savamment cintrés, ont dû apprendre la politique sur le tas.
Aujourd’hui, encore, que faire de LREM ? Emmanuel Macron envisagerait de se passer de cette étiquette pour la prochaine élection présidentielle. Après tout, pourquoi pas ? Il n’est pas non plus sûr que Marine Le Pen conserve celle du Rassemblement national pour la même échéance. En attendant, il y a surchauffe dans les crânes de la majorité présidentielle.
Le Premier ministre Jean Castex verrait bien la chose transformée en « maison commune », tandis que Stéphane Séjourné, le très influent conseiller politique de l’Élysée, en pincerait plutôt pour une « fédération ». Le même Guerini y verrait, lui, un « navire amiral », voire un « socle » pour le ministre de la Transformation et de la Fonction publique, Amélie de Montchalin.
Le 10 mars dernier, cité par Libération, un proche du Château aurait, lui, tendance à filer la métaphore architecturale, le mouvement en question ayant vocation à être « sous-sol et rez-de-chaussée de la maison ». À ce compte, ce n’est plus LREM qu’il faut l’appeler, mais BTP. Ce qui n’empêche pas, non plus, d’aller fureter dans les étages, là où cela devient de plus en plus croquignolet.
Ainsi nicheraient en soupentes des locataires plus ou moins à jour de loyer, tels Territoires de progrès, fondé par d’anciens socialistes, dont le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, sans oublier Agir, créé par quelques anciens de LR, Frank Riester au premier chef. Mais l’inventaire des lieux serait incomplet si l’on omettait En commun, de Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, l’Union des démocrates et des écologistes, de l’éternel revenant Jean-Vincent Placé, et La République ensemble, du socialiste Stéphane Travert.
Bigre… voilà qui commence à faire beaucoup de monde, surtout si l’on prend en compte le MoDem de François Bayrou, haut-commissaire au Plan, et par ailleurs très fâché qu’un autre plan, celui concernant l’instauration de la proportionnelle aux élections législatives, n’ait pas été retenu. Finalement, la « fédération » de Stéphane Séjourné ne serait pas la pire option, sachant que le concept a déjà plus ou moins fait ses preuves avec l’UDF du défunt Valéry Giscard d’Estaing. Ou de l’art de faire du vieux avec de l’ancien ; ce qui n’est pas le moindre des paradoxes pour une LREM se parant des atours de la modernité.
En face, Marine Le Pen, dont le parti, quoi qu’on en dise, est un brin mieux tenu. La différence entre les deux candidats promis au second tour, avec toutes les précautions d’usage qui s’imposent, est simple. Marine Le Pen pourrait s’affranchir de l’étiquette d’un mouvement, charriant à plus ou moins juste raison nombre de scories, mais en bon ordre de marche et même premier de France, à en croire les résultats des dernières élections européennes. Ce, au contraire d’un Emmanuel Macron qui, lui, ne quitterait pas un paquebot de croisière mais une sorte de boutre en forme de radeau de la Méduse.
D’ailleurs, le Président de fait n’a toujours pas affirmé vouloir se représenter à la magistrature suprême. Un signe ?
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