Ludovine de La Rochère : « Si Emmanuel Macron est fidèle à ses engagements, il ne devrait pas passer en force sur la PMA »
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La présidente de La Manif pour tous réagit au rapport du Conseil d'État qui ne voit "aucun obstacle" à l'ouverture de la PMA sans père pour toutes. "Il y a un lobbying très fort en faveur de la PMA, mais Emmanuel Macron a toujours dit qu'il ne passerait pas en force s'il n'y avait pas un large consensus."
Les sages du Conseil d’État rapportent qu’il ne voit pas d’obstacles juridiques à l’ouverture de la PMA aux couples de même sexe. Quelle est votre réaction ?
Le terme de ‘’sages’’ que vous employez m’amuse. Il me semble en l’occurence qu’ils n’ont pas fait preuve de sagesse. Ils disent que le droit n’empêche rien. Or, la finalité du droit est de poser un cadre et des limites. Il n’est pas fait pour évoluer tous les ans au gré des désirs et des envies, d’autant que les envies sont illimitées. Le droit doit au contraire poser des limites.
Ils sont donc dans un déni du droit à qui ils voudraient faire dire ce qu’ils veulent. Ils font donc le contraire de ce pour quoi est fait le Conseil d’État.
Ce rapport s’appuie sur une prétendue ‘’demande de la société’’. Pourtant, les états généraux de la bioéthique ont fait clairement apparaître dans la France entière, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, dans les grandes comme les petites villes, qu’il n’y a pas de demande de légalisation de la PMA sans père. Cela veut dire que le Conseil d’État qui a travaillé depuis le mois de janvier sur cette question n'a pris connaissance ni des articles de presse qui ont relevé une opposition à la PMA sans père ni des conclusions des états généraux de la bioéthique. Le professeur Delfraissy lui-même reconnaissait qu’il n’y avait pas de consensus.
Cela veut dire que le Conseil d’État s’apprête à publier mercredi prochain un rapport déjà obsolète par rapport à la réalité des débats et de l’opinion française. De surcroît, en ne rendant pas un avis uniquement technique, comme il est censé le faire, il a à la fois nié et outrepassé sa compétence.
Pensez-vous que l’opinion des citoyens sera au final prise en compte dans le projet de loi ?
D’autres avis sont attendus, en particulier celui de l’OPECST, l’office parlementaire pour les choix scientifique et technique. Cet avis aura une plus grande importance que celui du Conseil d’État. L’OPECST a pour mission d’évaluer s’il est logique et légitime d’autoriser la PMA sans père dans le cadre de la loi de bioéthique. Il n’y a aucune nouveauté d’un point de vue scientifique et technique du côté de la procréation. Cela signifie que la PMA sans père n’a rien à faire dans la loi de bioéthique.
Par ailleurs, l’OPECST a une portée politique puisqu’il est composé de parlementaires. C’est tout à fait différent du Conseil d’État.
Les propos d’Emmanuel Macron, les avis du Comité consultatif national d’éthique et du Conseil d’État semblent inéxorablement converger en faveur des partisans de la PMA et au contraire resserrer l’étau autour de La Manif Pour Tous.
Le lobby qui milite pour la PMA sans père est très puissant. Ce n’est pas nouveau et cela fait des année que nous le dénonçons. D’ailleurs La Manif Pour Tous a empêché la légalisation de la PMA sans père pendant tout le quinquennat de François Hollande. Plus nous empêchons d’avancer, plus la pression est forte. C’est une certitude.
Néanmoins, Emmanuel Macron a expressément et de manière réitérée posé comme condition à son adoption ‘’l’existence d’un large consensus’’. Il a même tenu à préciser qu’il ne passerait pas en force. Si Emmanuel Macron est un peu plus sage que le Conseil d’État, il ne devrait théoriquement pas forcer la légalisation de la PMA en l’absence de père pour l’enfant.
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