L’UGC Normandie victime du Qatar : deuil cinématographique aux Champs-Élysées…

Cinema

En ces colonnes était déjà déplorée la disparition programmée de toutes ces salles de cinéma faisant jadis la gloire de la Ville Lumière. Le Bretagne, salle mythique de Montparnasse, a tombé une dernière fois l’écran, le 14 novembre dernier. Aujourd’hui, c’est au tour de l’UGC Normandie, cinéma emblématique des Champs-Élysées, qui devrait à son tour jouer à la dernière séance, le 13 juin prochain. Bref, l’hécatombe continue.

Pourtant, comparée aux autres capitales occidentales, Paris n’est pas la capitale la plus mal lotie : le Grand Rex demeure le plus grand temple dédié au septième art au monde. Certes, il y avait encore 223 salles de cinéma parisiennes, en octobre 1981. Puis 99, fin 1992, 88 en 2017 et seulement 76 aujourd’hui. Ce qui demeure néanmoins une densité de lieux dédiés à la cinéphilie que d’autres mégapoles seraient encore en droit de nous envier. On se console comme on peut.

Encore quelques minutes, monsieur le bourreau…

Ainsi, histoire de célébrer ses quatre-vingt-dix ans d’existence, l’UGC Normandie devrait organiser quelques soirées de prestige, à en croire Samuel Loiseau, son directeur. La belle affaire. Christopher Nolan, Hugh Grant, Marion Cotillard, Martin Scorsese et Tom Cruise, dont les présences sont annoncées, devraient mettre un peu de strass sur les chrysanthèmes. Un enterrement en grande pompe qui ne devrait pas faire oublier que cette salle n’est pas tout à fait comme les autres, ayant été reine durant le Paris d’avant-guerre, puis sous celui de l’Occupation, avant de le redevenir pour de bon à la Libération.

Depuis, elle demeurera le Graal des cinéphiles. Aller voir un film à l’UGC Normandie ne voulait pas forcément dire qu’on allait au cinéma, mais à l’UGC Normandie ; rituel certes parisien, mais auquel les provinciaux de passage se livraient volontiers. La preuve en est que les plus grands films, français comme étrangers, étaient là projetés dans des conditions exceptionnelles. Plus qu’une simple projection, il s’agissait d’une sorte de communion.

Depuis, la fréquentation des salles de cinéma, petites ou grandes, n’a plus rien à voir avec celle de jadis. Les multiplexes sont passés par là, ayant découpé les grands espaces en cartons à chaussures, nous obligeant ainsi à baisser les yeux pour regarder l’écran, alors que toute la magie de la chose a toujours consisté à lever les yeux vers le haut

Plus grave encore, hormis la disparition progressive des salles de cinéma sur les Champs-Élysées, « trente écrans perdus » durant la dernière décennie, à en croire l’historien Axel Huyghe, il y a encore d’autres phénomènes de fond. À savoir la spéculation immobilière et son corollaire : l’explosion des loyers dans la capitale. Et des propriétaires qui entendent tirer des profits maximaux, sans le moindre égard quant à la spécificité parisienne. D’où la disparition de certains cafés et de librairies historiques, laissant la place à des enseignes de fripes, certaines low cost et d’autres hors de prix, mais toutes éminemment vulgaires et, surtout, plus rentables pour leurs propriétaires du moment.

La « plus belle avenue du monde » bientôt abandonnée aux fripiers ?

Au rang de ces derniers, le Qatar, évidemment. Et Le Figaro de ce 22 avril de rappeler : « La famille royale du Qatar, propriétaire à titre privé des murs de l’UGC Normandie, à travers la SARL French Properties Management (FPM), a refusé de réduire le loyer décrit comme "monstrueux". »

Cette mainmise qatarie, ayant connu le début de ses grandes heures durant le mandat de Nicolas Sarkozy, pas exactement le plus élégant de nos Présidents, se poursuit donc à marche forcée. Ce qui explique grandement le changement de cette avenue, naguère donnée pour être « la plus belle du monde » : hormis Le Fouquet’s, monument classé, et la FNAC, qui fait encore un peu de résistance, tout doit être rentable, attirer le plus grand monde, quitte à sacrifier au culte du mauvais goût, cher et même pas chic.

Encore un petit effort et ce sera bientôt Dubaï-sur-Seine. Ça en prend d’ailleurs largement le chemin.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

34 commentaires

  1. Nous devrions interdire que les pays autre que de l’Europe puisse acheter des immeubles maisons châteaux terrains sur le sol Français

  2. Il nous reste la tour EIFFEL ,mais jusqu’à quand ?? Soit elle s’écroule par manque d’entretien ,soit il faut la vendre pour acheter de la peinture !! Il est beau le prestige de la France !!

  3. Montparnasse, les cinémas, les immeubles prestigieux, …, notre beau patrimoine judéo chrétien est en train d’être soumis et spolié par la culture musulmane. Quel progrès … avec la complicité de nos ir-responsables politiques. En temps de guerre ces gens-là étaient jugés comme traitres et exécutés.

  4. La famille du Qatar n’aime pas « EtcDieu créa la femme » !
    Ou alors la gente masculine de la famille réunie entre hommes, si vous voyez ce que je veux dire…
    Le Qatar, capitale Dubai, sous les eaux, à vouloir dompter la nature avec des horreurs, celle-ci se rebiffe !
    À quand le rachat de l’Élysée, mais officiellement cette fois ?

  5. « laissant la place à des enseignes de fripes, certaines low cost et d’autres hors de prix, mais toutes éminemment vulgaires  » les enseignes et les lieux s’adaptent à la nouvelle population …..

  6. Quand on voit comment notre roitelet se comporte, pour ne pas dire copine avec les grands des qatari, c’est que macron a besoin de leurs sousous pour combler la dette française créée par 50 ans de gabégie gouvernementale et qui vient d’être renforcée de plus de mille milliards en 7 ans. C’est déplorable, pour ne pas dire pitoyable.

  7. Christopher Nolan, Hugh Grant, Martin Scorsese et Tom Cruise, des acteurs américains pour enterrer un cinéma acheté par le Qatar, tout est dit sur ce qu’est devenu la culture française !

  8. Si le cinéma français était plus réjouissant, la désaffection du public ne se produirait pas. C’est là le cœur du problème

  9. et macron s’est encore endetté vis à vis du Qatar avec les 10 milliards d’euros d’investissements qu’il a été pleurnicher.

  10. Les centres commerciaux de banlieue ont souvent plus d’enseignes sympa. Je préfère Aéroville aux Champs.

  11. Attendez vous à savoir (comme disait Geneviève) ce que va devenir le parvis de Notre Dame, et les galeries marchandes dans l hôpital attenant. Paris doit devenir un essore touristes, vu la saleté actuelle c’est déjà un rince cochon, et ses p’tites femmes sont à présent voilées. Misère !

  12. Même plus envie d’aller à Paris. À quoi bon ? La France n’est plus la France et Paris n’est plus Paris. Mon coin de campagne est si beau et rassurant. Pourvu que ça dure !

    • L’extinction de Paris, comme de la France, a commencé en 1981 avec l’avènement de la socia-lie de François le premier socialiste !

  13. Le cinéma d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec le cinéma d’il y a une cinquantaine d’années, les films cultes que tout le monde allait voir en famille sont remplacés par des navets qui vantent le vivre ensemble dans les banlieues ou tapent sur la police avec des acteurs de couleurs, pour faire plaisir aux minorités, mais qui jouent comme des pieds et sans aucune crédibilité donc inutile de dépenser de l’argent pour voir ces films sans intérêt . Le cinéma français est à l’image du pays, il touche le fond du puits.

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