Lundi sans viande et sans poisson ? Sûrement pas !

SALADE

C’était en septembre dernier, soit une éternité à l’échelle du temps médiatique. On nous expliquait alors, courbes et graphiques à l’appui, que « par convictions écologiques, des hommes et des femmes du monde entier ont choisi de renoncer à avoir des enfants pour sauver la planète ».

"Faire moins d’enfants, le geste écolo ultime !" était alors l’injonction très progressiste des GINK (pour Green Inclinations, No Kids) dont la représentante nous assenait sa morale : "La maternité devrait être plus réfléchie. Il s’agit d’un choix qui va au-delà d’un besoin personnel égoïste, mais qui doit aussi prendre en compte l’intérêt de tous." Une évidence, disais-je alors, car les enfants sont comme les vaches : ils dégazent abondamment, font leur rototo sans retenue et salissent des couches en quantité. Pouaaah, les sales bêtes !

Mais ça, comme dit la pub, c’était avant. Avant que nos vedettes ne prennent les choses en main. Attention, ne voyez là aucune allusion salace. Il n’est pas (encore) question de faire la police des braguettes au nom de l’écologie. Simplement de nous priver de viande et de poisson le lundi.

Lundi, ce sera donc raviolis. Mais ravioli ricotta-épinards ou champignons, pas bœuf. Ainsi en ont décidé des "personnalités" qui, dans une tribune publiée mercredi soir dans Le Monde, affirment qu’"il existe aujourd’hui des raisons impératives de diminuer collectivement notre consommation de chair animale en France". Bien sûr, toutes ces belles personnes le reconnaissent : "Bien que ces évolutions de pratiques individuelles ne soient pas suffisantes pour produire tout le changement nécessaire (qui relève, naturellement, d’un niveau plus global), nous pensons qu’elles y contribuent."

Ils sont 500 à avoir signé la pétition pour un "lundi vert", ou "viande free", comme ils disent, assurant : "Nous nous engageons à titre personnel à remplacer la viande et le poisson chaque lundi (ou à aller plus loin dans ce sens)."

Et là, je me marre : qui va vérifier dans l’assiette d’Adjani, de Juliette Binoche ou de Boris Cyrulnik s’il ne traîne pas un bout de steak ou quelques arêtes de poisson ?

Tout cela n’est, une fois de plus, qu’une gigantesque fumisterie. Une colossale escroquerie intellectuelle. Une bouffonnerie de VIP en mal de gilet jaune.

En passant, mesure-t-on l’énormité de la chose qui consiste à se faire donner des leçons de “nature” par des femmes dont certaines sont plastifiées comme des ballons, les cheveux teints et reteints, bouffies au Botox, le front paralysé et les lèvres gonflées comme des pneus ? C’est à peu près aussi crédible qu’un serment de Cahuzac ou un cours magistral sur l’honnêteté par Balkany. Et, comme le souligne, auprès de l’AFP, Christiane Lambert, l’actuelle présidente de la FNSEA, on peut s’étonner de "voir des artistes, hommes ou femmes célèbres, donner des leçons entre trois allers-retours entre Paris et New York".

Plus sérieusement : va-t-on, enfin, nous foutre la paix ? Il y en a marre, de toutes ces injonctions liberticides, de ce terrorisme à prétention sanitaire qui, insidieusement, nous prive chaque jour un peu plus des petits plaisirs quotidiens : plus de tabac, plus d’alcool, plus de vitesse, plus de viande, plus de poisson… Sans parler des grands plaisirs et des bonheurs élémentaires de l’existence : faire et avoir des enfants !

Par pitié, lâchez-nous !

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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