L’unité nationale se vit aux Invalides
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Croisement avenue Bosquet et avenue de la Motte-Picquet. Paris VII. Un garçon de café avec son tablier blanc et son veston noir dépose trois cafés. Un dimanche matin comme j'en ai souvent passé en terrasse avant mon devoir dominical. La fraîcheur de cette journée de septembre vous saisit au visage, Paris s'éveille.
Mais ce matin, le deuxième café est pour Louis de Bourbon, que j'appelle respectueusement Monseigneur depuis ma première rencontre avec l'aîné des Capétiens, rue Beaujon, en 2018.
Ce dimanche 13 septembre 2020, le chef de la maison de Bourbon a répondu présent à l'invitation du gouverneur des Invalides. Le général de Saint-Chamas poursuit ainsi une tradition mise en place depuis 1976 : la célébration d’une messe anniversaire pour la fondation de l'hôtel des Invalides par Louis XIV en 1670.
Une cérémonie qui arrive une semaine après celle du président de la République au Panthéon pour les 150 ans de la République. Ce ne sera pas le jeu des sept différences, mieux vaut ne pas les compter. À la cathédrale Saint-Louis, dans l’église des soldats, aucune nécessité d’évoquer les maux de notre société pour en appeler à l’unité de la nation.
L’âme de la France habite la cérémonie des Invalides. Une unité nationale créée autour des plus hautes autorités religieuses, militaires et civiles sous le regard affectueux de la plus grande protectrice de la langue française : le secrétaire perpétuel de l’Académie française. Les amoureux de la France se sont donné rendez-vous.
Voilà 350 ans que ce dôme protecteur abrite nos héros et veille nos blessés. Ce lourd vaisseau de pierre, au centre de Paris, enveloppe de ses murs bienveillants encore 75 invalides de guerre. Fidèle à la mission souhaitée par son fondateur, ils vivent et sont soignés sur place. Si bien soignés que le Covid-19 n’a pas passé les douves !
Entrer aux Invalides, c'est parcourir notre roman national. Turenne, Vauban, Mac Mahon, Foch, Lyautey... un concentré de gloire et d’excellence. Comme le soulignait, en décembre dernier, le descendant direct du Roi-Soleil, « le rôle des guerriers est reconnu dans toutes les sociétés, de l’Antiquité à nos jours, comme un des fondements de l’équilibre social ». Je constate avec bonheur que ce prince se fait un devoir de représenter son aïeul en accompagnant ce temps fort de la rentrée parisienne depuis plusieurs années.
Le lieu est considéré comme la plus belle réalisation du règne de Louis XIV. Les participants et les blessés de guerre qui ont fait le déplacement malgré la situation sanitaire ont revêtu leur plus beau costume de cérémonie et arboraient leur médaille et leur cordon avec une grande fierté. N’y voyez point d’orgueil, les pensionnaires des Invalides ont le sens du service. Ce service passe, pour la plupart d’entre nous, par l’honnêteté du travail bien fait en vue du bien commun ; pour les soldats, il va jusqu’au sacrifice de la vie, rappelait justement celui avec qui je partageais un café, quelques heures plus tôt. Nous sommes dans les pas de Mère Teresa, il faut être le plus beau possible pour s’occuper des plus vulnérables.
Une unité nationale où grandeur, patriotisme, sacré et charité se tutoient avec courtoise et dans le plus grand respect.
Heureuse providence à l’issue de la cérémonie religieuse, l’héritier de Saint Louis prit le temps de saluer l’aumônier de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris, le père Jean-Marc Fournier, qui, en avril 2019, n’a pensé qu’à sauver ce trésor inestimable qu’est la couronne d’épines et Jésus dans le Saint-Sacrement lors de l’incendie de Notre-Dame de Paris.
Enfin, dans la cour Saint-Joseph, en bon père de famille, notre hôte le gouverneur des Invalides s’adresse avec douceur aux participants et à ceux avec qui il passa le confinement avec ces mots : « Très chers pensionnaires des Invalides, je vous mentionne en premier, parce que le protocole commence une fois que nous avons exprimé la déférence qui vous revient. Ces pensionnaires auxquels revient toujours la première place, surtout ici sous les voûtes sacrées de notre Histoire de France. »
Je repartis des Invalides comme j’étais venu, avec Monseigneur le duc d’Anjou, ce Bourbon sans trône qui se doit de faire mémoire des hauts faits de sa famille, qui fut celle des Français pendant plus de huit cents ans.
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