Lyon : Louis XIV retrouve son piédestal

© Wikipedia / Daderot
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Il semble que le mois de mai soit consacré à Louis XIV et à la restauration de ses augustes représentations équestres dans l’espace public. En effet, après une restauration réussie à Versailles, c’est au tour de la ville de Lyon de voir le Roi-Soleil surplomber de nouveau la place Bellecour après neuf mois de chantier.

Avant que ces travaux de restauration ne soient évoqués, revenons quelques siècles en arrière. C’est en 1713 qu’une première statue équestre est érigée sur la place Bellecour avant qu’en août 1792, la Révolution et son torrent de destructions n’emportent l'œuvre pour fondre son bronze et construire des canons. Avec la Restauration, la ville de Lyon décide de recréer la statue disparue et confie le projet au sculpteur François-Frédéric Lemot. Fondue à Paris, elle est transportée par chariot jusqu’à Lyon puis inaugurée le 6 novembre 1825. L’événement attire alors une grande foule. Selon l’historienne de l’art Élisabeth Lebon, « les gens venaient de partout et voyaient passer cette chose absolument colossale […] C’était une publicité formidable pour Charles X. » Installée sur son piédestal et haute de 5 mètres, la statue pèse plus de 9 tonnes. Autrefois accompagné des allégories du Rhône et de la Saône lors de sa création, Louis XIV trône seul au milieu de Bellecour depuis deux ans. En effet, les deux symboles des fleuves lyonnais ont été retirés en mars 2021 en raison des risques de destructions et d’incivilités de la part des passants. Désormais, les deux statues sont protégées entre les murs du musée des Beaux-Arts de Lyon, où elles ont pu être restaurées elles aussi.

Une restauration nécessaire

Après deux siècles sans bouger, la statue équestre montrait des signes d’usure menaçant sa structure. En effet, le bronze était parsemé de fissures et de traces d’oxydation. Afin d’y remédier et à l’aide d’un budget de 1,4 million d’euros, le 12 juillet 2023, le Roi-Soleil s’envolait dans les cieux à l’aide d’une grue afin d’être mis à l’abri sur la place Bellecour. Derrière un grillage et sous une tente, les restaurateurs ont pu ainsi s’affairer pour redonner à l’œuvre d’art sa splendeur d’antan. Pour y arriver, il fallut détacher Louis XIV de sa fidèle monture pour mieux pénétrer dans les entrailles métalliques de la bête et consolider l’armature qui la compose. Dans un même temps, d’autres restaurateurs furent chargés de faire disparaître les fissures extérieures et de polir le bronze pour rendre à la statue tout son éclat.

L’ensemble de ce travail a été achevé ce mardi 30 avril quand Louis XIV s'est envolé de nouveau pour mieux atterrir sur son piédestal sous les yeux ébahis des passants. Pour le maire de Lyon, Grégory Doucet, interrogé par BFM TV, « on va pouvoir désormais profiter de cette statue de Louis XIV […] voir l’incroyable travail et la finesse de la restauration. On est très heureux de la retrouver, c’est un symbole important pour la ville. » Cependant, quelques finitions sont encore à effectuer et tout devrait être achevé le 22 mai prochain. Ce chantier sera ensuite poursuivi par un potentiel projet de végétalisation de la place Bellecour. La touche écolo...

À la vue de ces projets de restauration achevés et réussis à Lyon ainsi qu’à Versailles, on ne peut que se réjouir de voir qu’en France, on ne déboulonne pas encore les statues pour les faire disparaître. Ces magnifiques travaux ont bien pour objectif de rendre leur beauté originelle à ces monuments et de contribuer ainsi à la transmission d’un patrimoine intact aux prochaines générations.

Eric de Mascureau
Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

Vos commentaires

3 commentaires

  1. Pour le Roi Soleil, retrouver le grand air allait de soi. Qu’un maire écolo se fût extasiée devant la statue d’un adepte du pouvoir absolu, ça ce n’est pas banal.

  2. … « projet de végétalisation ».
    … « touche écolo… »
    Il faut reconnaître que « écolo » ou pas, la Place de la « Place Bellecour » porte bien son nom, ressemblant davantage à une immense « cour » de recreation, qu’à un vrai jardin public.
    Pour une fois je suis d’accord avec un maire vert…
    À condition qu’il ait un « goût végétaliste » plus développé que sa consœur parigote !

  3. Bravo à ces artistes pour ce magnifique travail de restauration qui prouve bien que nous avons des ouvriers aux doigts de fées .

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