Macron à la Sorbonne : ce que je ferais… si j’étais Président !

Macron Sorbonne capture d'écran

Ce jeudi 25 avril, Emmanuel Macron discourait à la Sorbonne, histoire de développer sa vision de l’Europe et, accessoirement, de donner un petit coup de pouce à Valérie Hayer, tête de liste de Renaissance, un peu en panne dans les enquêtes d’opinion. La vérité oblige à dire que notre Président excelle en ce genre d’exercice, son éloquence n’étant plus à démontrer.

Au cœur de sa causerie, ce triptyque : « Une Europe unie, souveraine et démocratique » ; ce qui vaut toujours mieux que le contraire. D’ailleurs, « tout va bien, même si nous n’avons pas été assez loin ». S’il le dit, ça doit sûrement être vrai.

L’union ? Elle est en cours, même si nos frontières devront « s’étendre à l’Ukraine et aux Balkans occidentaux ». Déjà qu’avec une Europe à vingt-sept, plus personne ne s’y retrouve, c’est la foire du Trône qui nous attend. La souveraineté ? Elle est en bon chemin : « L’époque où nous achetions notre énergie à la Russie, faisions produire en Chine et déléguions notre sécurité aux États-Unis est révolue. » On aimerait le croire. Mais ce serait oublier que c’est précisément l’ensemble des prédécesseurs d’Emmanuel Macron, à l’Élysée comme à Bruxelles, qui, depuis des décennies, nous ont poussés à une telle dépendance. Pareillement, la souveraineté économique est d’autant plus d’actualité que, « face au protectionnisme des Américains et des Chinois, l’Europe a fait preuve de naïveté ». Sans blague ? Pourtant, n’étaient-ce pas des Européens de haut vol, les Alain Minc, les deux Jacques (Delors et Attali) - liste non exhaustive -, qui évoquaient la « mondialisation heureuse », allant jusqu’à assurer, lors du traité de Maastricht, en 1992, que l’Europe de demain serait source de mille et une félicités ?

Essayer de réparer ce que lui et les siens ont saccagé ?

D’où l’urgence qu’il y a à reconquérir cette « souveraineté ». Comment ? Rien de plus simple : « En devenant une puissance d’équilibre. » Soit redevenir ce qu’était la France avant que l’Europe ne s’en mêle. C’est pertinent de revendiquer cet héritage gaullien, mais ce serait plus crédible, encore, si ces propos n’étaient pas tenus par celui qui incarne cette longue lignée de politiciens à courte vue ayant bazardé l’héritage en question.

Ce qui vaut encore pour la politique migratoire, Emmanuel Macron semblant manifestement retrouver quelque charme à des frontières qu’il a largement contribué à ouvrir aux quatre vents. Mais nul doute que sa politique en la matière sera « ferme et humaine à la fois », pour reprendre l’expression consacrée. Pareillement, celui qui évoque le soft power des Américains et des Asiatiques qui, entre Netflix, mangas japonais et pop coréenne, porte des « récits différents » du nôtre, est le même pour qui notre pays millénaire avait, affirmait-il au début de son premier mandat, vocation à devenir une « start-up nation », tout en se déhanchant sur le rap de Kiddy Smile en pleine cour de l’Élysée. Cohérence, quand tu nous tiens.

Il paraît que « l’humanisme » nous sauvera…

Bref, Emmanuel Macron n’en finit plus de jouer sur les peurs – le reproche précisément fait à ses adversaires du Rassemblement national ou de Reconquête –, prétendant que les « démocraties illibérales » nous menacent, au même titre que ces réseaux sociaux, vecteurs de « complotisme », symboles des « influences étrangères ». C’est dire, précise-t-il, que « la bataille est loin d’être gagnée ».

Heureusement, il y a Emmanuel Macron, torse bombé et sabre au clair, qui nous explique quasiment ce qu’il mettrait en œuvre s’il était, un jour, Président, comme s’il ne l’était pas déjà depuis sept ans. Une chance pour nous, nous possédons notre arme fatale : l’humanisme. « Nous ne sommes pas comme les autres. […] Nous avons une certaine idée de l’homme qui place l’individu, libre, rationnel et éclairé, au-dessus de tout. » Une « liberté » qui fait que le droit européen prime désormais le droit français. Une « rationalité » grâce à laquelle les « Mozart de la finance » ont endetté le pays pour mille ans, et plus si affinités. Quant à « l’éclairage », il semble tout relatif, surtout concernant un Président dont on se demande parfois s’il a bien la lumière à tous les étages.

Avec ça, nous voilà équipés pour le gros temps qui s’annonce.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 27/04/2024 à 0:10.
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Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

64 commentaires

  1. Mais il se prend pour Dieu car il dit et il croit que cela est comme il l’a dit !!
    « Dieu dit que la lumière soit et la lumière fut », pour notre Président, il dit et c’est le tohu bohu !!!!!!

  2. Croit il vraiment à ce a qu’il raconte ou pense t il que c’est ce qu’il doit dire pour récupérer le ventre mou des électeurs français? Ce qui serait de la bêtise et de la fourberie en même temps, suivant l’expression consacrée.. .

  3. En résumé, après l’épisode de Charlot Soldat, pardon Emmanuel soldat, après qu’il ait bradé les bijoux de la famille française a ses amis américains, le Président fédéraliste va jouer a la roulette (russe) du Grand Casino européen ce qui reste de la France, au risque de le perdre, sous les applaudissements admiratifs de ses courtisans et de son entourage pour lequel la vérité est une offense personnelle, et va faire de la France, un pseudo-état doté d’autant de pouvoir que ne l’aurait un canton suisse, politiquement et administrativement. Le Président sapeur-camembert, dans ses rêves les plus fous, souhaite d’un Empire gruyère ou il aurait installé son trône dans un de ses orifices, d’ou il pourrait faire profiter l’Europe (et le Monde) de sa sagesse et de ses lumières. Ou mène donc l’hubris, et le « tout a l’Ego ». L’histoire de France retient néanmoins le bon comme le mauvais, et depuis Azincourt ne nous a pas épargné le souvenir de ces aventuriers présomptueux qui ont aussi mené la France près du gouffre a cause de leur aveuglement et de leur bêtise. Comment nos successeurs jugeront les acteurs de ce pan d’histoire que nous vivons, comment nous jugeront-ils, nous qui avons laissé faire ?

  4. 1/4 d’heure pour l’essentiel disait le Général De Gaulle…………. Je suis fatiguée par la logorrhée de M. Macron que je n’écoute plus !

  5. Désolé mais je ne vois pas en Macron un Mozard de l’expression orale. Pour nous enfumer, il est très certainement très habile. Ce qu’il développe en huit pages peut l’être en quatre. Que pourrions dire du Général de Gaulle ? Ce fouillis de circonvolutions alambiquées auxquels il fait appel ne fait que noyer l’essentiel, c’est-à-dire l’insignifiance de la prestation de son régime. Un bilan duquel le plus doué d’entre nous aurait bien du mal à extirper un réel progrès. Santé, Éducation, industrialisation, agriculture, justice, sécurité des personnes, énergie, climat social, endettement, commerce extérieur , diplomatie étrangère, pas un seul secteur dont on puisse être fiers. Il compte bâtir l’Europe selon cette image ? Assurément, elle sera « très » puissante…. Macron n’est qu’un danseur mondain. Ce n’est pas un dirigeant, un chef. Il n’assume aucune responsabilité dans ce profond affaissement de la France alors qu’il est au pouvoir depuis 7 ans. ll n’a rien engagé de fondamental. Que de petits pansements pour nous « faire croire » qu’il est bien présent, qu’il agit. En résumé, depuis l’affaire Fillon, il n’a été qu’un usurpateur propulsé par la finance, déguisé dans un costume trop lourd et large pour ses fragiles épaules. Un guignol .

  6. Je lis toujours avec délectation les billets de Nicolas Gauthier, aujourd’hui encore plus que d’ordinaire, même s’il met appuie là où ça fait très mal. Merci BV. Et souhaitons que toujours plus de nos concitoyens prennent conscience d’être à bord du Titanic avec un commandant de bord qui ne sait pas barrer un Optimist.

  7. En effet…
    S’il « était président » ?
    Il n’est que le représentant de commerce de la mondialisation.

  8. 13 années qu’il dirige ou fréquente les couloirs de l’Élysée et du ministère de l’économie (sans rire). Tout ce qu’il trouve à nous dire « l’Europe peut mourir » puis il nous donne la solution à demi-mots : la fédération sauce Davos. Depuis 13 ans où en est l’harmonisation fiscale et la convergence sociale? où en est avec l’Europe et la concurrence le tarif de l’électricité? etc. Le tout accompagné d’un vigoureux quoi qu’il vous en coûte. Là, pas de problème on a vu. L’Europe oui, sans réserve, mais pas cette Europe qu’il appelle de « nos » vœux, les plus chers bien entendu.

  9. Encore une fois l’on constate que notre PR est sur son nuage. Sans doute les Français ont autre chose à faire que de l’écouter, ce qui est sûr est que la majorité d’entre nous ne veut pas de l’Europe de Van der Leyen et de son toutou (Emmanuel Macron). Et on serait suffisamment stupide pour le porter à la présidence européenne si le poste existait.

  10. Une marionnette ne pense pas, elle exécute les ordres
    Il a fait du bon boulot, la France est dépouillée mais ses richesses ne sont pas perdues pour tout le monde.
    C’est bien pour cela qu’il a été élu non ?

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