Macron : alerte rouge en Afrique noire

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C'est, vous le savez, le titre du dernier opus d'OSS 117 - moins bon que les deux précédents, au passage. Dans une Françafrique à bout de souffle, un Hubert Bonnisseur de La Bath sur le retour essaie de comprendre les jeux de pouvoir dans un monde qui a changé. Ceux qui n'aiment pas la trilogie pourront regarder Le Crocodile du Botswanga, dans lequel un certain Jacques Tocard, belle caricature du légendaire Jacques Foccart, essaie de mener une diplomatie parallèle à l'ancienne.

Emmanuel Macron est de cette école-là. Culture classique, références à l'ancienne, mais mondialisme échevelé et modernisme débridé : c'est peut-être le secret de son « en même temps » africain. Avec le continent qui jadis fut partagé entre les grandes puissances coloniales, Macron oscille entre fascination démagogique et mépris paternaliste, entre soirées en boîte au Nigeria et amphi consternant au Niger, quand il avait ironisé sur le président « parti réparer la clim ».

Comme l'empereur Commode dans Gladiator, notre bon maître se pique de sentir le pouls du peuple, fût-il africain, et d'entretenir avec lui une relation privilégiée. Hélas! Le Mali s'est chargé, en virant sans délicatesse excessive la force Barkhane au bénéfice du groupe russe Wagner, de rappeler à la France d'Emmanuel Macron que tout évoluait vite, en particulier la fierté des anciennes colonies, passées de la supplication (2013) à la détestation (2022). Pendant ce temps, des dizaines de soldats français mouraient pour le Mali, tandis que les Maliens continuaient de peupler, sans imaginer partir défendre leur terre, les immeubles de la petite couronne parisienne.

Comment rattraper ce lamentable fiasco diplomatique ? Par le mépris, comme d'habitude. Interrogé, cette semaine, lors d'un déplacement en Guinée-Bissau, le Président français a déclaré : « Puisque force est de constater que les choix faits par la junte malienne aujourd’hui et sa complicité de fait avec la milice Wagner sont particulièrement inefficaces pour lutter contre le terrorisme, ça n’est d’ailleurs plus leur objectif et c’est ce qui a présidé à notre choix de quitter le sol malien. » Réponse rapide du colonel Maïga, porte-parole de la junte militaire, qui, dimanche 31 juillet, « exige du Président Macron qu'il abandonne sa posture néocoloniale, paternaliste et condescendante pour comprendre que nul ne peut aimer le Mali mieux que les Maliens ».

Macron ne sait pas y faire. Malheur à la ville dont le prince est un enfant. Les Maliens, comme beaucoup d'États africains, clament d'autant plus férocement leur indépendance qu'ils savent très bien qu'elle n'existe pas. Le Mali est une dictature militaire sous-développée, placée sous l'influence d'une grande puissance... comme quasiment tous ses voisins. Il n'y a pas de mal à ça : c'est l'ordre du monde depuis plusieurs siècles. Ce qui pourrait être fait, en revanche, devant tant de mépris, c'est la fin des aides au développement, l'arrêt des partenariats, la fin de l'immigration illégale, le renvoi d'un ambassadeur... Les idées ne manquent pas pour rendre au Mali son indépendance véritable. De tels États, sans distinction de continent, ne sont riches que de notre soumission, de nos renoncements et de nos financements.

Les choses ne se règlent pas à coups d'aphorismes d'énarque, un peu brillants et très boiteux. Macron aura eu tort, depuis 2017, sur à peu près tout, de l'OTAN aux banlieues en passant par la repentance coloniale ou le mépris de classe. Le Mali n'échappe pas à la règle.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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