Macron aux 80 ans du débarquement en Provence : une récupération politique

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C’est plus fort que lui. En déplacement dans le Var à l’occasion des 80 ans du débarquement des Alliés en Provence, Emmanuel Macron n'a pas pu s’empêcher d’y prononcer un discours très politique, riche d’allusions à ses marottes idéologiques. Il en a donc profité pour vanter les beautés de la France plurielle et multi-ethnique et pour en remettre une couche sur la dette qu’aurait notre pays envers ses anciennes colonies. « C’était l’armée la plus bigarrée et la plus fervente », a déclaré le chef de l’État, au sujet des troupes qui ont participé au Débarquement. Un éloge qui ne pouvait que plaire aux franges racialistes de la gauche. Ravi, Libération a ainsi félicité le Président d’avoir rappelé « à l’extrême droite que la France avait été libérée en 1944 par des soldats africains ».

Notre pays aurait été sauvé des mains de l’occupant nazi par des combattants africains ? On finirait par le croire, tant les hommages qui leur sont rendus, ces dernières années, semblent se multiplier.

Une réécriture historique

Cette folle propagande avait connu un pic en 2006, avec la sortie du film Indigènes. L’acteur vedette, Jamel Debbouze, se répandait alors dans les médias pour en développer l'argument : « C’est l’histoire de tirailleurs qui se sont battus pour la mère patrie mais qui, le jour de la victoire, n’ont pas eu le droit de défiler sur les Champs-Élysées parce qu’ils étaient arabes ou noirs. » C’est parfaitement faux. Les troupes coloniales ont défilé sur les Champs-Élysées avec le reste de l’armée française le 11 novembre 1944, le 8 mai 1945 et le 14 juillet 1945, mais l’occasion de se poser en victimes et faire pleurer dans les cités HLM était trop belle.

Il faut dire qu'un an plus tôt, en 2005, des émeutes avaient mis les banlieues françaises à feu et à sac, faisant trembler un pouvoir qui découvrait, effaré, l’échec cuisant de la France « black-blanc-beur » qu’il avait applaudie quelques années plus tôt. Il ne fallait donc pas lésiner sur les moyens - ni se soucier de l’exactitude historique - pour faire passer les pères et grands-pères des « enfants de l’immigration » pour des héros qui avaient libéré la France. Tant pis si ces Africains n’avaient en réalité été ni seuls ni décisifs. Tant pis si les pieds-noirs (français !) avaient été au moins aussi nombreux dans l’armée d’Afrique que leurs frères d’armes maghrébins et africains. L’Histoire officielle ne devait retenir que le sacrifice des combattants non blancs.

Une récupération immigrationniste

Le discours prononcé par Emmanuel Macron à Saint-Raphaël, le 15 août, comporte cette autre phrase problématique : « Tous ceux qui se reconnaissent comme Français ont vocation à être ensemble. » Qu’entend-il, par là ? Que tous ceux qui se sentent Français ont le droit de vivre en France ? Que tous ceux qui partagent les très vaporeuses « valeurs de la République » méritent de recevoir un titre de séjour ? Pardon de ne pas partager cette conception de la nationalité. De la même manière qu’il ne suffit pas de s’identifier comme femme pour être une femme, il ne suffit pas de « se reconnaître comme Français » pour le devenir. Être Français, c’est d’abord appartenir à un peuple, être l’héritier d’une longue lignée, s’inscrire dans une continuité.

À défaut d’être un Français « de souche », on peut certes être un Français « de branche », c’est-à-dire un enfant adopté par la famille France à la suite d’un long et ardu processus d’assimilation. Mais ce procédé a été copieusement calomnié par la gauche avant d’être totalement abandonné devant l’impossibilité d’acculturer des populations si nombreuses et venant de civilisations si éloignées, voire opposées à la nôtre. Il n’est d’ailleurs même plus question d’« assimilation » ni même d'« intégration » mais d’« inclusion » des immigrés. C’est aux Français de s’adapter et de se sacrifier afin d’accueillir au mieux « celles et ceux » qui ont le désir de vivre chez eux...

L’administration a donc décerné la nationalité française à tour de bras et distribué des papiers d’identité comme des cadeaux Bonux™, mais ce n’est toujours pas assez. Encore trop excluante, la citoyenneté doit être bradée, mise en libre accès et offerte à ceux qui « se reconnaissent comme Français », selon Macron. Autant dire que les flux entrants ne sont pas près de se tarir. Nos élites fêtent la libération du territoire... mais organisent son invasion.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 17/08/2024 à 21:04.
Jean Kast
Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

67 commentaires

  1. Macron ne connait pas l’histoire de France tous les régiments de la zone Sud ont été envoyés en Algérie car certain généraux étaient au courant que les allemands tôt ou tard allaient envahir la zone sud ,c’est ainsi que le régiment de mon père est parti au Maghreb , son chef de corp est resté a Montpellier ou il fut prisonnier des allemands , évadé il regagna l’Afrique du nord c’est en général qu’il mena ses troupes pour se joindre a celle de Leclerc jusqu’à la libération de STABOURG ce Général C’était De Lattre De Tassigny.

  2. Monsieur Macron veux surfer sur la vague Patriotique, afin d’assurer une continuité Patriotique entre les JO de Paris 2024 et les JO Para olympique de Paris 2024, qui débutent le Mercredi 28 Aout 2024 prochain, pour se terminer le Dimanche 08 Septembre 2024 prochain ! Hervé de Néoules !

  3. MACRON a la mémoire  » à géométrie variable » pour promouvoir son idéologie
    Faudrait pas oublier que : 100.000 soldats américains, canadiens et britaniques (parmi lesquels il y avait aussi des Républicains espagnols)qui avaient d’abord combattu Rommel en Afrique du Nord, ont ouvert la voie aux Troupes françaises dans le Midi (mon père , très jeune, faisait partie de ces combattants )
    mais ce n’et pas « tendance » de rappeler ce « détail » de l’histoire

  4. Ce Mr Macron n’a jamais rencontré personne…Visitant le musée des TDM de Dakar, je sympathise avec le jeune sergent qui m’accompagne. Je lui confie que mon grand-père a fait 14-18 avec les « Sénégalais » et que les milliers de tombes de Diop, Diallo etc. au bas du Chemin des Dames m’ont bouleversé. Et voilà ce que me dit en 2005 ce jeune type qui n’avait rien à attendre de moi : « Oui mais à l’époque la France c’était la Mère patrie, il fallait la défendre »…

  5. En tant qu’ancien militaire, je n’aime pas l’orientation donnée à cet article. Il faut, pour traiter un sujet, un minimum d’honnêteté et d’objectivité. J’ai relu récemment « l’Histoire de la Première Armée Française » rédigée par le général De Lattre de Tassigny. Le rôle des troupes africaines y est minutieusement décrit. Depuis leur part prépondérante au cours de la campagne d’Italie, jusqu’au débarquement en Provence et à la chevauchée fantastique dans la vallée du Rhône. Le courage, la bravoure et la combativité des tirailleurs Algériens, Tunisiens, Marocains, Sénégalais, des Goumiers Marocains sont indéniables. Ce n’est que progressivement, au cours de la campagne, que ces troupes ont été peu à peu, remplacées par des engagés issus des maquis et de la résistance. Peu habitués au rigueur de nos hivers, les tirailleurs Sénégalais, notamment, ont dû rapidement être remplacés. A la libération, c’est vrai qu’ils ont été écartés des cérémonies et des défilés de la victoire mais le plus injuste, ce sont les tergiversations à propos de leur pensions…
    Au combat, on ne se préoccupe pas de savoir si son binôme est blanc, noir ou jaune, on ne se soucie ni de sa race, ni de sa religion. Une seule chose compte : la confiance réciproque et que le camarade, quoi qu’il advienne, ne vous laissera pas tomber…

  6. « Se reconnaître comme Français »? D’accord. Mais pourquoi diable vouloir conserver sa nationalité originelle, en particulier de la part des populations issues du Maghreb et d’Afrique sub-saharienne? Pourquoi tant de Franco-Marocains, Franco- Algériens, Franco-Sénégalais…? Alors que les populations en provenance de notre continent, dans leur désir d’appartenir à notre nation, ont adopté la nationalité française sans réserve. Polonais, Italiens en sont les exemples les plus caractéristiques.

  7. Macron saute sur toutes les occasions pour salir la France. Va-t-on un jour se décider à le faire condamner pour haute trahison ?

  8. Ancien des Troupes de Marine ( ex troupes coloniales), je peux affirmer que notre Arme des TDM, n’a pas attendu Mr Macron pour honorer nos camarades africains des combats des 2 dernières guerres et de la guerre d’Indochine. Mais depuis, si l’indépendance a été donnée à tous ces pays africains, ce n’est pas pour voir rappliquer toute la population africaine sur notre sol. Le Viêtnam, après tant d’années de guerre a obtenu son indépendance et sait développer le pays sans venir envahir la France et est un bel exemple d’un peuple travailleur et combien sympathique.

  9. il en remet une couche pour cacher son incompétence sur l’immigration, on leur doit de l’argent, s’il avait au moins autant de louanges à décerner à longueurs d’années c’est bien aux résistants qu’il devrait le faire, eux sont morts pour leur pays sans compter ce qu’ils pourraient en tirer de gloire, pas comme ce fantoche, qui s’agenouille toutes les 5 minutes pour nous abaisser tous les jours aux yeux du monde.

  10. C’était l’Armée Française ! Ils chantaient le Chant des Africains dont je cite quelques extraits.
    « Car nous voulons porter haut et fier
    Le beau drapeau de notre France entière
    Et si quelqu’un venait à y toucher,
    Nous serions là pour mourir à ses pieds
    Battez tambours, à nos amours,
    Pour le Pays, pour la Patrie, mourir au loin
    C’est nous les Africains !
    Voilà. Tout est d’abord dans la Patrie, le Drapeau, la France.
    Les élucubrations wokistes bigarrées et créolisées de Monsieur Macron qui fait du Rachid Bouchareb (voir le film Indigènes) vont avec le reniement de cette fierté française.
    Commentaire fait à la mémoire de mon père, officier du 3ème RTA, affecté à l’Etat Major de la 3° DIA (Monsabert) Le 3e RTA est l’un des cinq régiments d’infanterie les plus décorés de la Seconde Guerre mondiale.

  11. Avec une poppulation deux fois moindre, les Pieds noirs ont fourni autant de combattants que les musulmans……..

  12. Parfaitement résumé : « Nos élites fêtent la libération du territoire… mais organisent son invasion. »

  13. « la citoyenneté doit être bradée, mise en libre accès et offerte à ceux qui « se reconnaissent comme Français». En 212, L’Empereur romain Caracalla accorda la citoyenneté romaine à tous les hommes libres de l’Empire, premier sabotage volontaire qui aboutira à son effondrement trois siècles après. L’Histoire se répète, avec le même avenir prévisible.

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