« Macron, démission » : même à Mayotte ! Mais c’est la faute du RN…

Emmanuel Macron a tenu à Mayotte des propos qui ne passent pas.
Capture d'écran HuffPost
Capture d'écran HuffPost

Jeudi, Emmanuel Macron venait apporter un message de soutien de la nation tout entière à nos compatriotes mahorais. Et, malheureusement, comme souvent avec lui, les choses se sont gâtées. Cette journée, sans doute harassante pour le Président, après des heures de vol, s’est achevée par ce qu’on pourrait appeler un « pétage de plombs présidentiel », laissant ainsi une image bien différente de celle publiée sur le compte X d'Emmanuel Macron.

« Je n’y suis pour rien, pour le cyclone »

Au cours d’échanges tendus avec des habitants de Mayotte visiblement à bout et impatients de voir arriver les aides, notamment en eau et en vivres, Emmanuel Macron, en bras de chemise, lui aussi à bout, mais pas pour les mêmes raisons, a tenu des propos qui ne passent pas. « Hé, vous m’écoutez ? Bon, d’abord, je voulais vous dire que je sais combien c’est insupportable, ce que vous vivez depuis six jours maintenant… » Les images, prises sur le vif, ne trompent pas. À ce moment-là, franchement, on n’a pas le sentiment de voir un président de la République française. Même pas un Premier ministre. À la limite, un préfet ou un sous-préfet venant expliquer que le ravitaillement va arriver sous peu. Et encore… Et c’est là que, coupé par les huées d'une foule scandant « Macron, démission », ce dernier lâche : « Je n’y suis pour rien, pour le cyclone, vous pouvez me reprocher, c’est pas moi. » Est-ce le lieu et le moment, pour faire de l'humour ? On en doute. Mais ce n'était peut-être pas de l'humour.

Un peu plus loin : « Si vous opposez les gens, on est foutu, parce que vous êtes contents d’être en France. Parce que si c’était pas la France, vous seriez 10.000 fois plus dans la merde ! » C’est probablement vrai, mais un Président peut-il dire cela ?

Imagine-t-on, un seul instant, le général de Gaulle ?

Au fait, en voyant ces images désastreuses pour la fonction présidentielle, qui n'a pourtant pas besoin de ça actuellement, on peut se poser cette question : fallait-il qu’il y aille ou pas ? C’est un débat sans fin, lorsqu’une catastrophe survient. Si le chef de l’État ne vient pas, on va lui reprocher de manquer d’empathie, de solidarité envers des compatriotes frappés par le malheur. S’il vient, on lui fera grief de faire de la communication et, en plus, d’entraver la bonne marche des secours par sa seule présence à cause du déploiement de sécurité et… de journalistes qu’entraîne un tel déplacement dans de telles circonstances. Mais partons du principe qu’il devait y aller et évacuons l’hypothèse maligne que c’était, pour lui, l’occasion de reprendre un peu de lumière alors que son Premier ministre patauge dans la tambouille politicienne. Malheureusement, Macron, comme à son habitude - parce que, visiblement, c'est plus fort que lui -, a fait du Macron en voulant donner l'impression de s’occuper de tout et avoir le dernier mot. Même devant une foule exaspérée. On dira que c’est du courage. Ou de l’inconscience. Ce n’est, en tout cas, « pas du niveau ». On va reprendre la formule désormais consacrée : « Imagine-t-on, un seul instant, le général de Gaulle… ? »

Sans remonter jusqu'au fondateur de la Ve République, souvenons-nous de la visite du roi et de la reine d’Espagne, en novembre dernier, dans la région de Valence, après les inondations catastrophiques. Des circonstances comparables. Le Premier ministre socialiste avait dû être exfiltré alors que les souverains avaient affronté la foule. Comment ? Non pas en la provoquant par un déluge de mots et un comportement somme toute peu présidentiel, mais en s’adressant individuellement, discrètement, à quelques personnes dans la peine. On vit là la dignité d’un roi incarnant la nation et de la compassion de la part d’une reine en larmes. Pas de volonté de s’imposer. « Savoir pleurer avec ceux qui pleurent », pour citer Philippe de Villiers. On peut imaginer que Macron a imaginé qu'il pourrait rejouer la scène. Sauf que le roi et la reine d'Espagne ne jouaient pas. En tout cas, on a beau se repasser les images de Mayotte en boucle, on n’a rien vu de tout cela. N’est pas roi qui veut.

Dernier éclairage de cette séquence présidentielle calamiteuse : on apprend qu'en fait, ce serait en quelque sorte la faute du RN ! Emmanuel Macron s'est ainsi justifié de ses propos : « J'avais des gens du Rassemblement national qui étaient face à moi et qui insultaient la France en même temps, qui disaient qu'on ne fait rien... » Vrai ou pas vrai, effectivement, ce n'est pas du niveau.

Picture of Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

96 commentaires

  1. Ce n’est surtout pas de la faute des promesses qu’il a faites à nos compatriotes lors de son déplacement en 2019, qu’il n’a pas tenu. Il vaut mieux se taire et agir

  2. En politique, le cynisme est une valeur sûre, peut-être même discrètement peaufiné lors du passage obligé à l’ENA, le bocal à cornichons. La fonction présidentielle a commencé à être abîmée par la séquence de « star des médias » de M. Sarkozy lors de son show dit « du Kärcher » au cœur d’une cité réputée un peu trop « populaire ». M. Hollande a remis un petit coup d’accélérateur avec son scooter, et M. Macron termine le travail avec les 7 travaux de Jupiter. Mayotte est le huitième… ou neuvième.
    Nos compatriote mahorais, abandonnés de tous, aux élus républicains manifestement très « éduqués » au travers de leur dignité et de leur parfait verbiage, ont de fait nombreux voté « RN », plus par désespoir que par militantisme. Comment les en blâmer quand rien n’a été fait pour les en dissuader ?
    M. Macron y a enfoncé le dernier clou sur le cercueil du macronisme. Et s’il mettait fin à nos dispendieuses largesses envers de nombreux pays « émergents » y compris la Chine plus que jamais communiste et autoritaire, et certaines juntes africaines qui nous ont chassés au profit du boucher russe, nous pourrions commencer a panser un peu plus efficacement les plaies béantes du paradis exotique que devrait être ce confetti français dont nous revendiquons sans scrupules le domaine maritime, que nous ne protégeons pas comme il se devrait.

    • Et si nous commencions par « nettoyer » cette « Californie » aux portes de Paris ? ! …
      Mayotte serait « un département français musulman » ? ! … De qui se moque t-on ? ! …
      Et en même temps, c’est le RN qui récupère 60 % des votes ! ? …
      La FRANCE est vraiment mal barrée …

  3. Avons-nous touché le fond de la vulgarité, de l’incompétence, de l’hystérie avec cette visite à Mayotte ? Un président ne peut se comporter ainsi !

  4. il prend les gens pour des idiots le RN a bon dos mais la faute à qui si notre pays est à la dérive ? seulement à lui et à ses inutiles qui gouvernent le pays .Il doit laisser son poste bien rémunéré par nos impôts, poste qu’il est incapable d’assumer, il fait des voyages dans le monde avec notre argent , il distribue notre argent à des pays qui nous déconsidèrent mais pour les Français de l’hexagone et des outre- mers RIEN, combien de temps allons- nous accepter cette mort lente de notre si belle France ?

  5. Les gens du RN sont très forts, ils sont responsables de tous les malheurs de la France sans jamais avoir été au pouvoir, chapeau les mecs. Il n’a aucun complexe ce mec.

  6. Maman, je leur ai dit que ce n’était pas ma faute mais la faute au cyclone et à l’extrême droite et ils ne m’ont pas cru, se plaint-il dans les jupes de sa vénérable épouse ! Un comportement , des propos infantiles ce non-respect du peuple sont indignes de la part de ce petit olibrius, cela en était gênant. Que de mises en scène, il a encore une fois fait son grand cirque , cela depuis son « grand débat national » et suivants
    Autre remarque, la « promesse tenue » concernant la restauration de Notre Dame de Paris, c’est grâce aux donateurs privés et non l’Etat qui n’a pas déboursé un centime, quant à la reconstruction de Mayotte depuis 2019, non seulement aucune promesse n’a été tenue mais si une de ces promesses (laissons lui une chance) était tenue ce serait avec l’argent de l’Etat déjà endettée et même en faillite !

  7. Avec macron on croit toujours avoir atteint le pire et puis non, on découvre qu’en réalité il est capable de colère proche de l’hystérie, qu’il ne sait pas se maitriser, qu’il est vulgaire, mal embouché…. Les mahorais souffrent de tout, et il se permet de les insulter, de les mépriser, de les humilier. Et ensuite il leur fait la morale en les humiliant, il leur parle comme si il s’adressait à des « gens de rien » « des illettrés » que c’est lui qui sait, eux ne sont des sous êtres. Lorsque je l’ai entendu hurlé, j’ai cru avoir affaire à un névrosé. Il a accusé le RN de l’avoir hué, c’est pas faux, puisque majoritairement (60% des habitants de Mayotte votent RN) alors difficile de trouver des sinistrés autres. J’en déduis que si vous êtes sinistrés, dans la misère la plus totale, du moment que vous êtes RN vous n’avez pas le droit de crier votre détresse.

  8. A H U R I S S A N T !
    Et ça ose s’appeler président ?
    Même ses copains sont en train de le lâcher…  » la cage au folles, pour attal, les « mamadous » qui envahissent les hôpitaux français, la liste va sans doute rapidement s’allonger !
    Son obsession pour le RN va continuer à lui faire commettre des erreurs et des fautes graves, il se dévalue aux yeux de la terre entière, sa fin est proche…

  9. Voilà pourquoi, en parlant de Macron, je l’ai toujours appelé le petit président. Il n’a pas la carrure d’un chef d’Etat et ne l’aura jamais. Pour lui la fonction, avant tout, c’est un rôle et le plancher de l’Elysée, une scène de théâtre qu’il partage avec Brigitte. A l’Elysée ou ailleurs, c’est toujours le même scénario qui se répète et quand il se trouve à l’étranger, il y fait sa tournée. Je n’en peux plus.

  10. On est suffoqué. Une vulgarité dans les termes, la pire condescendance colonialiste envers un département et une population aussi française que celle de la Dordogne ou l’Ile & Vilaine, française depuis 1850 et confirmée par quatre référendums, une comparaison non pertinente avec le reste de l’Océan Indien (tu sais ce qu’il te dit, l’Océan Indien? comme eût dit Marius) qui ont trouvé une parfaite réponse chez une Mahoraise: « Nous sommes un dé-par-te-ment ET nous sommes dans la merde » (pour ramener Macron à son élégant langage pseudo présidentiel et à la réalité). Il est allé faire son kéké (Bayrou doit boire du petit lait) mais Mayotte s’est souvenue de ses promesses de 2019, traduites en rien. L’on peut donc voir aujourd’hui que Macron est un homme perdu, incapable d’assurer sa fonction; perdu en Europe où on ne l’écoute plus, perdu en France où même l’Outremer, habituellement légitimiste, dégringole comme des dominos (Guadeloupe, Martinique, Guyane, N-Calédonie, Mayotte), ayant en dix ans (le satisfait et repu Hollande et lui) ajouté mille milliards à la dette et augmenté les impôts pour moins faire marcher un pays qui n’a plus ni services ni entreprises. Et ce d’autant plus que Bayrou ne fera rien, avec son Jurassic Park de gouvernement, bien décidé à continuer à ne pas donner de la Droite à une France qui en demande. Le RN a raison de ne pas censurer maintenant: la poire est en train de mûrir, ça va se faire tout seul, faut laisser faire.

  11. Nous sommes passés de « je suis le seul responsable, qu’ils viennent me chercher » au cours de l’affaire Benalla, à « c’est pas ma faute, c’est celle du RN ». Pas sûr que ce soit un réel progrès en matière de communication. Finalement, peut-être que le seul tort des Mahorais est d’avoir voté RN … et on va le leur faire payer.

  12. Lamentable. Macron est lamentable. Ds sa reaction d abord face aux Mahoraises. Et encore plus quelques heures plus tard lorsqu il a revetu son costume de president (!) en accusant le RN. Ce president est vraiment indigne de diriger la France. J en ai honte. Et je me pose depuis quelques annees la question suivante : quand quelques politiciens courageux demanderont t ils une expertise psychiatrique pour initier une procedure de destitution

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Bruno Retailleau n’indique pas comment renverser la situation migratoire
Marc Baudriller sur CNews
Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois