Macron et Castex au coude-à-coude : à qui le plus beau poisson d’avril dans les annonces ?

macron castex

Cette année, comme tous les ans, les chaînes de télévision et la presse ont déployé des trésors d'imagination et de facéties pour nous livrer des poissons d'avril aux airs plus vraisemblables que la vérité même. Mais nous vivons une époque particulière où la réalité dépasse la fiction, où l'actualité nous délivre une surdose d'invraisemblances pourtant bien réelles, où la vérité a parfois du mal à s'imposer au milieu de l'épais brouillard de folie qui entoure nos quotidiens.

Y avait-t-il vraiment besoin, cette année, d'inventer des poissons d'avril, au milieu de l'hystérie ambiante ? Sans le savoir - sans le vouloir non plus -, le couple exécutif Macron-Castex nous a régalés, en quelques dizaines de minutes d'antenne, de spécimens que bien des experts de la farce et du calembour n'auraient pu inventer.

Petit florilège :
- nous allons créer, dans les semaines à venir, de quoi atteindre une capacité de 10.000 lits de réanimation ;
- les cafés, restaurants, cinémas et théâtres rouvriront à la mi-mai ;
- d'ici la fin de l'été, tous les Français de plus de 18 ans seront vaccinés ;
- nous pouvons être fiers de notre stratégie vaccinale, personne n'aurait fait mieux que nous.

L'inventaire présenté ci-dessus n'est pas exhaustif, loin de là. À ma grande surprise, aujourd'hui, au milieu du scepticisme et de la résignation quasi générale de la population, il s'en trouvait encore pour croire à tout cela. Un jeune homme avec qui je conversais dans le bus, entre autres, me faisait part de son espoir de voir les lieux de culture et de convivialité rouvrir bientôt : « Poisson d'avril ! », lui ai-je répondu. « Tu crois encore à ce qu'ils racontent ? Ce doit être le jeune âge, demande donc aux gens autour de toi ce qu'ils en pensent. » Les sourires entendus des voisins de fauteuil ont fait le reste et j'ai senti la désillusion s'abattre sur le visage de mon interlocuteur. Mais comment peut-on encore croire en des gens qui, depuis un an, ont soit menti éhontément, soit échoué lamentablement dans tous les objectifs qu'ils se sont fixés ?

L'espoir, décidément, fait vivre, et fait même tomber dans tous les panneaux. « Les promesses n'engagent que ceux qui y croient », aurait dit Jacques Chirac. À ce jeu-là, le grand Jacques, jadis surnommé « Super Menteur » par les Guignols de Canal+, est largement dépassé par Emmanuel Macron et son entourage. Avec, comme circonstance aggravante, le cynisme d'opérer sans vergogne au milieu d'un océan de détresse. En cette sinistre année 2021, même la tradition du poisson d'avril aura eu le goût de l'amertume, du mensonge et du désespoir.

Olivier Piacentini
Olivier Piacentini
Ecrivain, politologue

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