Macron et Hollande entrent vivants dans le panthéon des banalités

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Lorsqu’on s’intéresse un peu aux « grands de ce monde » ou, tout du moins, à ceux qui font les couvertures glacées des magazines, on aimerait bien, de temps en temps, être une petite souris pour se glisser derrière une commode Louis XVI, un lourd rideau de velours ou pointer son museau sous une plinthe. Mais que se disent-ils donc, une fois qu’ils ont fait leur cinéma devant les micros et les caméras, qu’ils sont en off pour de bon ?

Hier, nous évoquions Kate (dites-donc, ça tourne au fantasme, votre affaire !). Que fait-elle, que dit-elle lorsque les lourdes portes-fenêtres du balcon de Buckingham se referment et que la reine a quitté les lieux ? Fait-elle valdinguer ses escarpins montés sur talons de 15 à travers le salon d’apparat en lâchant à William : « Punaise, j’en peux plus, de ces cors aux pieds » ! Qui sait ? De même, que pouvait dire Emmanuel Macron à Brigitte, le soir de son élection, dans la voiture qui le conduisait au Louvre où il avait son date avec l’Histoire ? « Au fait, tu penseras à donner le préavis au proprio. » Allez savoir !

C’est pareil, quand un Président rencontre un autre Président, qu’est-ce qu’ils se racontent, comme aurait chanté Maurice Chevalier ? Des histoires de Présidents. Et c’est quoi, des histoires de Présidents ? Réponse ce mercredi 11 novembre 2020, sous l’Arc de Triomphe.

Emmanuel Macron, à la fin de la cérémonie, passe en revue les présidents des assemblées Gérard Larcher et Richard Ferrand ainsi que les deux Présidents émérites Sarkozy et Hollande, alignés comme à la parade. On imagine le concentré de haine réuni sur si peu de mètres carrés et l’on devine qu’à ce moment-là, la distanciation sociale fait tout de même bien les choses. Pas de serrage de pinces, encore moins d’embrassades et d’accolades. Un « bonjour Monsieur le Président » réussit tout de même à se faufiler à travers les mailles du masque présidentiel en titre. Service minimum. Après tout, j'ai pas que toi à saluer et on n’est pas là, non plus, pour faire un débat. L’Autre (on ne dit pas « l’Ex », réservé depuis bientôt quarante ans à un autre…), bien boudiné dans son pardessus de 11 Novembre, répond – le mot fera sans doute date dans l’Histoire et entre subito dans le dictionnaire des banalités - à son ancien collaborateur : « Ça va, pas trop dur, en ce moment ? », du ton assuré et un peu paternaliste de l'ancien de la boutique retiré des voitures qui pense, en son for intérieur, que c’était quand même mieux lorsque c’était lui qui tenait la maison, et en même temps, pas mécontent que les emmerdes soient pour l'autre et pas pour lui.

Le locataire actuel de l’Elysée aurait pu répondre : « Et vot’ dame, ça va ? » Ce à quoi l’Autre aurait répliqué : « On fait aller… » Mais non, Emmanuel Macron, hoche légèrement la tête en souriant, l’air de dire : « Si, si, c’est dur actuellement, franchement, on a connu des moments plus faciles. » Tout en disant : « Merci d’être là. » « De rien », aurait pu répondre l’Autre, « ce matin, j’avais rien à faire et je passais dans le coin ». Le vent de l'Histoire soufflait très fort, ce matin-là, sous l'Arc de Triomphe. Parfois, la banalité dépasse la réalité.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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