Macron et la déconnade, ou le syndrome des réseaux sociaux
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On raille constamment Donald Trump, qui tweete comme un furieux. Une démangeaison nocturne ? Un prurit matinal ? Maman qui se refuse au lit ? Et hop, voilà le président des États-Unis qui balance dans la planète virtuelle quelques gazouillis comminatoires avant que le jour ne se lève.
Les réseaux sociaux, c’est formidable.
Problème : c’est la porte ouverte au pire des défouloirs.
Très gros problème : c’est l’outil d’une révolution sociétale que personne n’avait anticipée et qui doit conduire Sigmund Freud à se tortiller dans sa tombe.
J’explique : les réseaux sociaux, c’est tout bonnement la suppression du bon vieux surmoi.
Définition, pour ceux qui auraient oublié leur initiation psy. Surmoi : "Élément de la structure psychique qui joue, à l'égard du moi, le rôle de modèle idéal, de juge, de censeur en opposition aux désirs, aux pulsions, et qui se développe dès la petite enfance par identification avec l'imago parentale."
À l’image parentale – celle d’avant les selfies, sur les mêmes réseaux sociaux –, on ajoutait autrefois la morale plus ou moins rigide des Églises et des partis. Lesdits réseaux sociaux auront sonné leur débandade. Place, désormais, au moi, roi du monde, reine des fées. Apothéose du « Parce que je le vaux bien ». C’est le règne du Je-Me-Moi, retour vers le futur du petit enfant qui tape du pied pour voir satisfaits ses désirs immédiats.
Curieusement, c’est un comportement qui infuse et diffuse dans toute la société, depuis ces braves gens qui pensent pouvoir se comporter en société comme ils le font derrière leur écran (je suis casseur le samedi et je mange tranquillement le gigot avec papa-maman le dimanche, reset la semaine prochaine) jusqu’au président de la République qui ne retient pas ses petites phrases assassines.
Comme les enfants en question, rois du monde et reines des fées, comme Trump au tweet vengeur, Macron n’a pas de surmoi au bout de la langue. Il pense, donc il dit. D’où la dernière sortie en date, ce mardi, lors de son passage dans le village normand de Gasny : "Les personnes en situation de pauvreté, on va davantage les responsabiliser, car il y en a qui font bien et il y en a qui déconnent." Trivialement : ceux-là, on va leur remettre la raie du c… dans l’axe.
Ce sont là des propos d’entre-soi, des désirs d’autoritarisme en fin de repas dominical, sinon des propos de comptoir. Pas des propos de chef de l’État. On s’étonnera, après, que la France ait envie de donner deux claques au gamin…
Absence de surmoi, donc, mais à cela, je le crains, Emmanuel Macron ajoute un autre travers : son besoin irrépressible de séduire. Comme le disait, ce matin, Alba Ventura sur RTL : "C’est plus fort que lui, il séduirait même la mousse sur un mur." Et quand on veut séduire, quand on est tellement "en empathie", comme dit son entourage, eh bien, on brosse dans le sens du poil. On reçoit les boulangers à l’Élysée et on leur dit qu’ils sont plus courageux que la moyenne, renvoyant les autres au statut de feignasses. On fait des selfies avec des racailles sous le soleil des tropiques sans même voir leur doigt de déshonneur. On passe six heures à faire du gringue aux maires, on promet la lune au MEDEF…
À se demander si le slogan « Et en même temps », plus que la ligne politique qu’il prétend définir, n’est pas, au fond, le reflet le plus exact de la personnalité d’Emmanuel Macron.
« Et en même temps » est la clé – croit-il – de ce désir de séduction qui le tenaille : je peux dire tout ou son contraire, pourvu qu’on m’aime ; pourvu que celui qui me fait face, ici et maintenant, succombe au charme ravageur de mes yeux bleus.
Difficile de gouverner une vie avec ça, alors un pays…
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