Macron et Le Pen d’accord sur le retour au septennat : bonne ou mauvaise idée ?

Chirac

C’est une proposition qu’on n’attendait vraiment, mais alors vraiment pas, dans cette campagne : Le Pen et Macron sont tous les deux favorables au retour du septennat.

Cette surprise du chef a été cuisinée ce 12 avril, le même jour et en tandem, par les deux finalistes de l’élection présidentielle. La campagne était jusqu’ici passée à travers ce vieux serpent de mer. Le plus drôle, c’est que le président de la République et son opposante ne se sont apparemment pas concertés.

Marine Le Pen a émis son souhait de revenir au septennat lors d’une conférence de presse consacrée à nos institutions, à Vernon dans l’Eure. Emmanuel Macron s’est exprimé, lui, dans un entretien au magazine Le Point. Il y a quelque chose d’un peu surréaliste dans ce débat constitutionnel, a priori éloigné des préoccupations des Français qui se concentrent sur le pouvoir d’achat, la sécurité ou l’immigration, mais quand on y regarde de plus près, c’est assez logique.

Le septennat doit servir à faire passer des réformes lourdes et impopulaires mais nécessaires à la France. Pour Marine Le Pen, qui ferait adopter cette modification par référendum, c’est simple : il s’agit de rendre à la fonction présidentielle son prestige, de « revivifier la démocratie » en débarrassant le président de la République « d’une obligation de campagne électorale permanente ». Elle veut rendre au Président « sa capacité d’une action longue ».

Un discours et un thème très gaulliens.

Et sur ce point, Emmanuel Macron a donné raison à son adversaire : « Je pense que le quinquennat est sans doute trop court pour un temps présidentiel en France », dit-il. Les deux finalistes sont donc prêts à détricoter le quinquennat voté par référendum sous Jacques Chirac en 2000. Lequel a inspiré l’autre ? Le Pen avait déjà exprimé cette idée ; Macron la sort de son chapeau, la mesure ne figure pas dans son programme, il n’en avait jamais parlé. Un bon point politique au crédit de Marine Le Pen.

Il y a tout de même une différence de taille entre les septennats proposés par Macron et Le Pen, puisque celui de Marine Le Pen ne serait pas renouvelable. Macron ne voit aucun inconvénient à ce que le Président puisse rester quatorze ans au pouvoir alors que Marine Le Pen s’y oppose. On lit derrière le projet de la candidate RN l’influence du modèle américain. Aux États-Unis, le président est élu pour un mandat de quatre ans renouvelable une seule fois. On arrive donc à huit ans maximum après deux mandats à la Maison-Blanche, pas loin des sept ans proposés par Marine Le Pen.

Au passage, le septennat serait une forme de retour aux sources. Il date des années 1870, il avait été voulu par le Président monarchiste Mac Mahon pour stabiliser le pouvoir en France, et il allait comme une moufle, ce septennat, à un autre quasi-monarchiste, un certain Charles de Gaulle.

Chirac a longtemps critiqué le quinquennat. Il qualifie la démarche, lors du débat de deuxième tour contre Lionel Jospin en 1995, de « débat douteux et inutile ». Il réitère sa position en 1999. Mais en juin 2000, il a changé d'avis et annonce l'organisation d'un référendum. Il a changé d'avis sans beaucoup de raisons de fond, pour être moderne. Mais, une fois de plus, rien ne se démode aussi vite que la modernité. Le quinquennat n’aide pas à faire passer des réformes courageuses, impopulaires mais nécessaires. C’est la grande faiblesse de nos démocraties. Le septennat pourrait donner un peu plus de temps à un gouvernant courageux pour redresser la France. Encore faut-il que les Français soient prêts à voir loin et à oublier leurs intérêts particuliers pour se pencher sur l'avenir de leur pays. Car sept ans pour redresser la France, c’est bien court. Sept ans pour la dissoudre dans le néant du macronisme et d’une mondialisation destructrice, c’est très long.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

108 commentaires

  1. Spontanément, c’est une mauvaise idée mais si le POUVOIR est donné Peuple de le renverser en cours de mandat pour INCOMPETENCE notoire, pourquoi pas ? sinon, ça serait catastrophique pour le PAYS de devoir attendre le terme comme ça l’a été avec Macron. De toute façon, un bon Chef d’Etat est tout naturellement REELU afin qu’il puisse poursuivre et mener à bien toutes les bonnes actions entreprises durant son premier mandat..

  2. Le septennat présente des avantages mais… par les temps qui courent, avec cette tendance que nous avons d’élire des petits rigolos, il faut être prudent.
    Je me pose la question suivante : si, après referendum, le septennat était accepté, aurait-il un effet immédiat ou bien prendrait-il effet à la prochaine élection ?
    Si notre bateleur de foire était élu, se le cogner deux ans de plus, malgré sa bienveillance bien connue à notre égard, serait insupportable.

  3. Je répondrais à ces deux olibrius imbus de pouvoir beaucoup trop long, que la plus grande démocratie du monde utilise deux fois 4 ans maximum. Si l’on peut gérer correctement les USA avec des mandats de 4 ans, je ne vois pas très bien pourquoi il serait nécessaire de remettre deux fois 7 ans France et pourquoi pas deux fois 8 ou 9. En fait il faut plus de temps à ces gens du fait de leur incompétence et surtout de la désorganisation généralisée des structures administratives et électives.

  4. Si c’est pour avoir un septennat aussi catastrophique que ce quinquennat , non merci . Pour des bons à rien et prêts à tout , cinq ans c’est déjà de trop alors sept m’en parlez pas et si on revient à sept ans , il faut qu’il soit unique .

  5. 5 ans trop court ! alors qu’aux USA c’est 4 ans (maxi 2fois) ! si on doit prendre le wokisme et toute la décadence qui va avec, on peut aussi prendre les 4 ans Pour le Président.
    Si Macron pas élu en 2022, vous l’aurez 2 fois 7 ans (2027 à 2034). Réfléchissez bien. Il aura le temps de donner la Place de la France à l’O.N.U., que le nucléaire militaire fr devienne UE, comme pour Alstom, Versailles vendu, etc…et ce sera irréversible, à contrario des Lois de Mme Le Pen

  6. C’est François Mitterand qui a détruit l’esprit de la 5° République telle que l’avait pensé le Général de Gaulle. En effet, lorsque l’Assemblée est passée à l’opposition, le Président a été désavoué dans son programme et se devait de démissionner, mais les copains coquins ont préféré s’entendre. Le peuple en 1988 aurait du virer Mitterand et Chirac car ils avaient trahi.

  7. Je suis POUR à deux conditions…
    Législatives précédant la Présidentielle…
    Législatives à mi-mandat…
    Mais la Constitution… et l’éventuelle Dissolution au bout d’un an ?
    Il faudrait Tout revoir ! Piège à Kons !

  8. Et ça : « Ah ! Je la hais cette politique ! Je la hais pour le tapage vide dont elle nous assourdit, et pour les petits hommes qu’elle nous impose ! […] Quoi ? Est-ce possible, est-ce donc la France qui est là ? Non, la France est ailleurs, elle n’est pas avec la vermine qui la dévore, elle est avec ceux de ses enfants qui pensent et qui travaillent. »

  9. Sur un autre site égaré, au sujet des appels de Roussel, Hidalgo… j’ai trouvé ça : Selon Zola en 1873 : « Nous voici en pleine période électorale, et la grande comédie moderne recommence une fois encore. Molière, aujourd’hui, étudierait là les appétits et la sottise des hommes. C’est une rage universelle, c’est un étalage de toutes les médiocrités, c’est la bête humaine lâchée avec ses vanités et ses misères ».

  10. La réponse est dans la question: 2 ans de plus à s’infuser Macron ?

    Il pourrait faire ensuite comme Poutine et modifier la Constitution pour conserver un pouvoir jusqu’en « deux-mil-quarante-douze ».

    Là, la consultation nationale pour en décider, on se la mettra sous le bras.

    Le 24, il faut l’empêcher de nuire. N’oubliez pas que dans deux mois, c’est piquouse tous les 4 mois, masque et confinement, sinon.

    Un mien proche, de gauche, hésite à voter MLP pour le virer. Tout est dit.

  11. Bien sûr que c’est une bonne nouvelle, à condition que les législatives et sénatoriales restent à 5 ans

  12. Derrière une même idée, deux objectifs opposés ?
    Pour Marine Le Pen, plus d’authenticité démocratique avec sa proposition de RIC ?
    Pour Emmanuel Macron, ce serait plutôt ? pourquoi s’embarrasser d’élections, pourquoi rendre des comptes … une évolution en douceur vers une présidence à vie ???

  13. Le mandat non renouvelable est une hérésie démocratique pour partager le gâteau du pouvoir. Si, par miracle, on trouve un excellent président, faut-il avoir le masochisme de s’en priver? En démocratie fondamentale, c’est au peuple souverain d’en décider. Les lois doivent être faites pour les hommes et non l’inverse !

  14. Le septennat aurait aussi l’avantage de découpler la présidentielle et les législatives, le quinquennat réduisant ces dernières à n’être qu’une confirmation de la présidentielle et l’assemblée à n’être plus qu’une chambre d’enregistrement, conduisant à l’absence de contre pouvoir législatif, surtout en l’absence de scrutin proportionnel.

    • Un septennat, OUI! Mais non renouvelable pourquoi ?
      Si nous avons un bon président, gardons-le ! pourquoi le changer et tomber sur un branleur comme EM
      Ce n’est pas en mettant des lois en plus, que le problème sera résolu
      Faisons en sorte de pouvoir sanctionner celui qui est néfaste ou imposteur, avec les législatives , C’est tout simple,
      Par contre mettre une dose de RIC dans un mandat devrait être bénéfique pour permettre l’intervention du peuple, C’est quand même lui le souverain.

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